Le groupe britannique BP a pris des risques inconsidérés lors du forage du puits qui a provoqué la marée noire la plus grave de l'histoire des États-Unis dans le golfe du Mexique mais jamais par cupidité, a affirmé lundi une commission indépendante.

«En aucune circonstance nous n'avons vu un être humain prendre consciemment  une décision motivée par l'argent plutôt que par la sécurité», a affirmé Fred Bartlit, chef des enquêteurs de la commission nationale chargée de déterminer les causes de la catastrophe qui a présenté ses travaux lors d'une audience qui doit se poursuivre jusqu'à mardi.

«On a beaucoup parlé de cela et c'est une des questions les plus importantes mais nous n'avons pas décelé de situation où un individu a pris la décision de privilégier l'argent», a insisté M. Bartlit.

La commission, formée de sept enquêteurs, a été mise en place par le président Barack Obama quelques semaines après l'explosion de la plateforme Deepwater Horizon de BP qui avait causé la mort de 11 personnes. Son rapport définitif est attendu le 11 janvier.

Le mois dernier, elle a indiqué que BP et la compagnie de services pétroliers Halliburton savaient, avant même l'explosion, que le mélange de ciment introduit dans le puits pour prévenir les fuites d'hydrocarbures était défectueux.

Selon la commission, qui y voit une des causes de l'accident du 20 avril, Halliburton a pourtant continué à déverser du ciment pour consolider le puits.

Une douzaine de sociétés, dont les plus importantes sont BP, Halliburton et Transocean, étaient impliquées dans la conception de la plateforme et du puits creusé à 1,6 km de profondeur sous la mer.

Le groupe britannique BP louait la plateforme Deepwater Horizon et se chargeait de l'exploitation du puits dit «Macondo». Le groupe de services pétrolier Halliburton était chargé de réaliser le coffrage en ciment du puits tandis que le groupe suisse Transocean était propriétaire de la plateforme.

La commission a estimé que BP avait continuellement changé de stratégie pour terminer le forage du puits, introduisant un bouchon de ciment à plus de 1500 mètres de fond alors qu'à l'ordinaire la procédure se fait à une profondeur bien moindre. De l'eau de mer au lieu d'une boue épaisse a été également utilisée pour boucher l'espace au-dessus de la chappe de béton.

«S'il y a un début de fuite d'hydrocarbures, ils arrêtent cela grâce au bouchon de béton. Nous pensons que BP a introduit un certain nombre de risques qui n'étaient pas nécessaires», a affirmé M. Bartlit.

Un des facteurs-clé du désastre a été la nature de ce ciment. Des tests menés avant qu'il ne soit introduit dans le puits aux fins d'isolation ont montré qu'il était défectueux, selon la commission.

Pourtant, le personnel de BP et de Transocean sur la plateforme n'ont pas détecté les défauts de ce ciment dont les signes de dysfonctionnement étaient visibles sur des écrans d'ordinateurs sur le site mais aussi à terre, montrant une accumulation anormale d'hydrocarbures dans le conduit du puits.

Les techniciens de la plateforme ont en outre mal interprété un autre test de pression, le lisant comme une réussite, a affirmé, un des membres de la commission Sean Grimsley.

«Pourquoi en sont-ils venus à cette conclusion?», s'est-il demandé. «Aucun de ces hommes ne veut mourir, ne veut mettre sa sécurité en danger».

«Peut-être ne saura-t-on jamais la réponse à cette question», parce que nombre d'entre eux sont morts ou refusent de témoigner devant la commission, qui est sans pouvoir pour exiger des preuves dans son enquête, a-t-il conclu.