L'administration Obama a levé mardi le moratoire sur les forages pétroliers en eau profonde imposée après la marée noire dans le golfe du Mexique, une décision très controversée malgré les conditions plus strictes qui l'accompagnent.

«Nous avons décidé que le moment était venu de lever la suspension des forages en eau profonde pour les exploitants capables de se conformer aux exigences plus sévères que nous avons imposées» en termes de sécurité, a déclaré à la presse le secrétaire aux Affaires intérieures, Ken Salazar.

L'administration Obama avait imposé le 12 juillet un moratoire sur les forages en eau profonde jusqu'au 30 novembre, après qu'un premier gel des forages eut été annulé par la justice.

La Maison Blanche avait indiqué que cette levée interviendrait dès la mise au point d'un dispositif réglementaire pour s'assurer que les compagnies pétrolières sont en mesure de lutter contre des fuites catastrophiques comme celles provoquées par l'explosion de la plateforme de BP le 20 avril à 80 km des côtes.

Malgré la levée du moratoire, les forages en eau profonde --plus de 300 mètres-- ne devraient pas reprendre dans un proche avenir, selon Michael Bromwich, directeur du Bureau fédéral de gestion et de réglementation des ressources énergétiques des océans (BOEM).

Les compagnies pétrolières ont besoin de temps pour appliquer la nouvelle réglementation et soumettre des demandes de permis de forage, a-t-il dit.

La sénatrice démocrate de Louisiane (sud), Mary Landrieu, s'est félicitée de cette décision, tout en demandant à l'administration d'accélérer la reprise des activités pétrolières au large de son État très dépendant du pétrole.

«Cette décision est un pas dans la bonne direction qui doit s'accompagner d'un plan d'action permettant à l'industrie pétrolière de reprendre ses activités dans le golfe du Mexique», a-t-elle déclaré dans un communiqué.

En dépit de la marée noire qui a souillé leurs côtes, de nombreux élus de Louisiane et de la région avaient critiqué le moratoire qui selon eux a entraîné un important manque à gagner.

Selon une étude publiée en juillet par l'économiste Joseph Mason de l'Université d'État de Louisiane, le moratoire aurait coûté plus de 8.000 emplois et 2,1 milliards de dollars à la Floride, l'Alabama, le Mississippi, la Louisiane et le Texas.

La Chambre américaine de commerce, plus grand groupement patronal du pays, a jugé que la levée du moratoire était «insuffisante et arrivait trop tard pour empêcher d'importants préjudices économiques à la région du golfe du Mexique et à la sécurité énergétique des États-Unis».

La Chambre a affirmé que cinq des 33 plateformes en eau profonde du golfe du Mexique ont déjà quitté cette zone.

Quant aux groupes écologistes, ils accusent l'administration Obama d'agir pour des raisons purement électorales à moins de trois semaines des élections législatives de mi-mandat qui s'annoncent difficiles pour les majorités démocrates du Congrès.

«Cette décision est du pur cynisme politique, elle est entièrement motivée par la prochaine élection, pas par un souci de sécurité et de préoccupations environnementales», s'est insurgé Phil Radford, un responsable de Greenpeace.

Les forages en eau profonde sont passés de 4% de la production pétrolière américaine du golfe du Mexique en 1990 à 80% en 2009, selon Bob Graham, vice-président de la Commission créée par le président Obama pour faire la lumière sur les circonstances de la marée noire de BP.