«Macondo 252 est condamné»: après cinq mois de lutte par grand fond, le puits responsable de la pire marée noire de l'histoire des États-Unis a été définitivement scellé, mais le fragile écosystème du golfe du Mexique pourrait mettre longtemps à s'en remettre.

«Nous pouvons finalement annoncer que le puits Macondo 252 est bel et bien condamné», a annoncé dimanche l'amiral des garde-côtes à la retraite Thad Allen, qui supervise la lutte contre la marée noire pour le compte de l'administration Obama.

«Après des mois d'opérations (...), BP a réussi à cimenter le puits», a-t-il ajouté dans un communiqué au ton sobre.

Si l'écoulement de brut avait cessé le 15 juillet grâce à la pose d'un couvercle sur le puits endommagé, le colmatage réussi par le groupe britannique doit permettre de le neutraliser pour de bon et d'empêcher une nouvelle fuite.

Ce succès a une forte portée symbolique cinq mois après le début de la pire catastrophe écologique de l'histoire des États-Unis, qui a empoisonné la vie de milliers d'Américains, pêcheurs et commerçants en tête, mis en péril l'écosystème du Golfe, bouleversé l'agenda du président Barack Obama et coûté la tête du patron de BP, Tony Hayward.

Au total, quelque 4,9 millions de barils de pétrole, soit 780 millions de litres, se sont répandus dans les eaux du golfe du Mexique.

«Nous avons franchi aujourd'hui une étape importante dans notre réponse contre la marée noire de BP», s'est réjoui le président Obama.

«Toutefois, a-t-il ajouté, nous restons engagés à faire tout ce qui est possible pour que les côtes du Golfe se remettent complètement de la catastrophe».

«C'est un chemin difficile qui nous attend, mais nous continuerons à travailler étroitement avec les habitants du Golfe», a assuré le président américain.

Le colmatage du «Macondo 252» a pu être réalisé grâce à l'injection dans le puits d'un mélange de matériaux et de ciment, via un puits de secours.

À la différence des opérations précédentes effectuées au niveau du sol sous-marin, à 1.500 mètres de profondeur, la cimentation a lieu au niveau du gisement, à 4.000 mètres sous le fond de la mer.

Cette vaste et délicate opération, baptisée «Bottom kill» (neutralisation par le fond), avait été lancée presque immédiatement après l'explosion de la plate-forme Deepwater Horizon, suivie de son naufrage le 22 avril, BP tentant en parallèle par tous les moyens de stopper la fuite.

La condamnation du puits va certes clore un chapitre de la marée noire mais la flore et la faune subiront les effets de la pollution pendant des années, voire des décennies, selon les autorités américaines.

«Nous avons toujours près de mille kilomètres de côtes entre la Floride et la Louisiane qui sont touchées et aujourd'hui encore il y a quasiment 25 000 personnes, là dehors, qui travaillent (au nettoyage)», a souligné le contre-amiral des garde-côtes Paul Zukunft.

Le volet judiciaire et financier de l'affaire s'annonce en outre comme un feuilleton à rebondissements.

Alors que les investigations se poursuivent pour tirer les causes de l'accident au clair, BP a montré qu'il comptait se défendre bec et ongles, clamant à l'issue d'une enquête interne que les torts étaient partagés et pointant du doigt les autres compagnies travaillant sur la plate-forme, comme Transocean ou Halliburton.

Le géant britannique a déjà lâché quelque 8 milliards de dollars depuis le début de la catastrophe. Il a également accepté de créer un fonds de 20 milliards de dollars consacré à l'indemnisation des victimes.

L'affaire a aussi des conséquences pour l'ensemble du secteur, le golfe du Mexique étant le pilier de l'extraction pétrolière américaine.

L'administration Obama a dévoilé une nouvelle réglementation forçant les compagnies pétrolières à boucher les puits inactifs de manière définitive et à démonter les plate-formes à l'abandon.

Il pourrait y avoir urgence: quelque 3 500 puits inactifs sont actuellement uniquement obturés par des valves de sécurité bien moins fiables que des couvercles définitifs.