Plus de 300 travailleurs affectés au confinement et au nettoyage de la fuite de pétrole dans le golfe du Mexique ont déjà eu des problèmes respiratoires liés au pétrole, selon une nouvelle étude publiée hier dans le prestigieux Journal of the American Medical Association. Ces problèmes pourraient bien perdurer, comme le montre l'analyse de deux marées noires antérieures, celles provoquées par l'Exxon Valdez, en 1989 en Alaska, et par le Prestige en Espagne, en 2002.

«Il est surprenant de voir combien on sait peu de choses sur les effets à long terme des marées noires sur la santé humaine», explique l'une des deux auteures de l'article, Gina Solomon, qui est épidémiologiste à l'Université de Californie à San Francisco et au groupe environnementaliste Natural Resources Defense Council, en entrevue téléphonique. «Il n'y a eu que des études limitées. Même chose pour les problèmes de santé chez les travailleurs des raffineries ou des terminaux pétroliers. On se trouve devant la plus grande marée noire jamais vue, qui affecte un nombre de personnes sans précédent, et pour laquelle une quantité incroyable d'agents dispersants ont été répandus dans la mer, et on ne sait presque rien sur les conséquences sur la santé.»

Pour le moment, selon la Dre Solomon, les symptômes se limitent à des problèmes respiratoires difficiles à distinguer de la normale. «Mais on se demande s'il y aura des problèmes neurologiques, comme l'avait noté une étude espagnole après (la marée noire provoquée par) le Prestige. Il y a aussi le problème des bébés et des femmes enceintes, qui sont probablement plus sensibles, ainsi que les petites communautés autochtones et vietnamiennes qui vivent de la pêche de subsistance en Louisiane et ne mangent pratiquement que du poisson.

Les instituts nationaux de la santé des États-Unis ont lancé une étude qui suivra pendant plusieurs années 20 000 pêcheurs et travailleurs des régions touchées. «On aura enfin l'heure juste», estime la Dre Solomon.

L'épidémiologiste californienne a eu l'idée de mener cette étude en joignant les personnes qu'elle avait rencontrées dans le cadre d'une étude sur les problèmes de santé dus à l'ouragan Katrina, en 2005.