Le groupe pétrolier britannique BP a achevé la cimentation du puits de pétrole à l'origine de la marée noire et devait se concentrer dès vendredi sur l'installation de puits de dérivation, ultime étape pour s'assurer que le puits sera totalement condamné.

Dans les régions côtières du golfe du Mexique, l'inquiétude persistait cependant sur les conséquences écologiques de la catastrophe qui, selon les autorités américaines, pourraient se faire sentir pendant des années, voire des décennies.

L'injection de ciment, deuxième phase de la procédure baptisée «static kill», s'est déroulée jeudi pendant cinq heures. Le ciment injecté doit servir de bouchon permanent sur la fuite de pétrole qui a provoqué la plus gigantesque marée noire de l'histoire des États-Unis.

«Ce n'est pas la fin, mais cela nous permet d'être quasiment sûrs qu'il n'y aura pas de risque d'écoulement de pétrole dans l'environnement», a déclaré jeudi l'amiral Thad Allen, chargé de la lutte contre la catastrophe pour le gouvernement américain, à l'issue des opérations de cimentation. «Je pense que nous pouvons tous respirer un peu mieux».

«Une surveillance a été mise en place pour vérifier l'efficacité de la procédure», a annoncé BP.

L'opération est intervenue plus de cent jours après l'explosion et le naufrage de la plateforme Deepwater Horizon fin avril, ayant provoqué la mort de 11 employés et fait s'écouler en mer quelque 780 millions de litres de brut - l'équivalent de 311 piscines olympiques - jusqu'à la mi-juillet.

L'administration américaine avait donné son feu vert à la cimentation dès mercredi soir, après la réussite de la première phase de rebouchage grâce à l'injection de boue de forage destinée à repousser le pétrole au fond du puits.

Ce succès ne signe pas pour autant la fin des opérations de colmatage pour BP: pressé par les autorités américaines, le groupe britannique doit encore procéder à la mise en place de deux puits de dérivation dans le cadre de l'opération «bottom kill» prévue mi-août.

Ces puits de secours permettront de vérifier le succès de la cimentation, voire de cimenter le puits par en-dessous pour le condamner de manière définitive.

Cette dernière opération devrait permettre de clore pour de bon le chapitre technique de la catastrophe qui a affecté les cinq États américains du golfe du Mexique, mettant en péril le riche écosystème de la zone et l'économie locale de la pêche et du tourisme.

Mais le succès du colmatage n'a pas totalement dissipé les inquiétudes des habitants des régions côtières, les pêcheurs s'interrogeant toujours sur ce qu'ils trouveront en mer une fois les zones de pêche totalement rouvertes.

«Il est impossible de savoir comment tout cela va finalement se terminer», a déclaré Matt O'Brian, qui travaille dans le secteur de la pêche à la crevette, à Venice, en Louisiane.

S'il se réjouit du succès de la cimentation, il s'inquiète de l'avenir du marché des fruits de mer en provenance de Louisiane. «Cela ne peut pas vaincre l'atmosphère d'incertitude qui subsiste en mer», a-t-il affirmé.

«Il y a une énorme pression sur BP pour qu'il dise que tout va bien à présent. Mais ce qui nous fait peur, à moi et à nombre de personnes ici c'est l'impression que tout le monde - BP, les gardes-côtes, les autorités, les équipes de nettoyage - vont tout d'un coup faire leurs valises et partir», renchérit Todd Goodman, fonctionnaire local qui s'occupe aussi d'un parc de caravanes.

«Et alors, deux mois après - boom ! - encore plus de pétrole qui nous tombe dessus».