La plateforme de forage, travaillant sur un puits de secours censé permettre de stopper définitivement la fuite de brut dans le golfe du Mexique, est retournée samedi sur la zone après avoir été évacuée en raison des craintes liées à la dépression tropicale Bonnie.

Cette dépression a faibli samedi à mesure qu'elle avançait dans le golfe du Mexique, offrant à BP l'espoir de lancer d'ici cinq jours une tentative pour obturer définitivement le puits.

Cette manoeuvre, sur laquelle planchent depuis plusieurs jours les ingénieurs du groupe britannique, consisterait à injecter un mélange d'eau et de matières solides par la tête du puits avant de le sceller avec du ciment.

Baptisée «Static kill», l'opération que BP pourrait lancer ressemble fort à celle tentée, sans succès, fin mai.

Elle pourrait commencer dans «trois à cinq jours», a indiqué samedi l'amiral Thad Allen, qui supervise la lutte contre la marée noire pour l'administration américaine.

Le puits de pétrole, qui déversait quotidiennement depuis fin avril des millions de litres de brut dans l'océan, est actuellement fermé depuis plus d'une semaine, de manière provisoire, grâce à la pose d'un entonnoir.

Outre le «Static kill», BP dispose d'une autre solution pour boucher définitivement le puits responsable de la pire marée noire de l'histoire des Etats-Unis: le forage de deux puits de dérivation.

Le Development Driller 3, une plateforme de forage travaillant à cette tâche, avait du être évacuée en raison des craintes liées à la dépression Bonnie. Elle «est sur le chemin du retour», la tempête ayant baissé en intensité, avait annoncé samedi un porte-parole de BP, Bryan Ferguson.

La menace de Bonnie avait forcé le géant pétrolier à suspendre ses opérations autour du puits à l'origine de la marée noire, tandis que le gros des équipes luttant contre la pollution avait quitté vendredi la zone située à quelque 80 km au large des côtes de Louisiane.

Mais Bonnie, qui était alors une tempête tropicale, n'a cessé de faiblir pour se transformer en dépression et les dernières prévisions météorologiques sont de bonne augure et donnent aux équipes de BP la chance de revenir sur place et de se remettre au travail au plus vite.

«Un renforcement est devenu moins probable» et «Bonnie pourrait se dissiper», a indiqué le Centre national des ouragans (NHC) américain, dans un point sur la situation, samedi matin.

Les opérations de lutte contre la marée noire avaient déjà été perturbées fin juin par Alex, le premier ouragan de la saison dans l'Atlantique.

L'entonnoir récemment installé par BP est conçu pour résister à de telles conditions climatiques, alors que la saison cyclonique dans l'Atlantique promet de battre des records.

Si Bonnie avait un temps fait craindre le pire, la dépression pourrait finalement avoir un impact positif en repoussant certaines nappes de brut loin des côtes et des plages, a estimé Peter Ortner, directeur de l'Institut coopératif pour les études marines de l'université de Miami.

«Nous nous attendons (également) à ce que Bonnie aide à dissoudre le pétrole à la surface, à réduire la taille des billes de goudron, ce qui permet une dégradation plus rapide», a souligné Jane Lubchenco, sous-secrétaire au Commerce chargée de l'Agence américaine océanique et atmosphérique (NOAA).