Une tentative pour contenir intégralement les millions de litres de pétrole qui se répandent chaque jour dans le golfe du Mexique pourrait être couronnée de succès dès lundi, mettant fin à plus de 80 jours de cauchemar pour les habitants de la région.

Profitant d'une fenêtre météorologique favorable, les équipes en charge de trouver une réponse à la fuite de brut se préparaient à déployer un nouvel entonnoir et des bateaux supplémentaires qui devraient permettre de récupérer tout le pétrole qui se déverse dans le Golfe.

Si cette opération, qui consiste à remplacer un entonnoir par un autre et va prendre plusieurs jours de préparation, réussit, elle devrait permettre au groupe britannique BP de récupérer 80 000 barils (près de 13 millions de litres) de pétrole par jour, soit bien plus que le pétrole qui fuit actuellement dans l'océan.

De quoi redonner de l'espoir aux habitants des cinq États (d'est en ouest: Floride, Alabama, Mississippi, Louisiane, Texas) du golfe du Mexique dont les côtes ont été souillées par le pétrole, mettant en péril l'écosystème de la région et ses perspectives économiques.

Sur le plan politique, un succès permettrait de soulager en partie le président américain Barack Obama d'une crise qui pourrait jouer sur le résultat des élections législatives de mi-mandat prévues en novembre.

L'opération pourrait commencer samedi, a indiqué vendredi l'amiral Thad Allen, qui supervise les opérations de lutte contre la marée noire pour le compte de l'administration américaine.

«L'opération complète, du moment où on commence à déboulonner (l'ancien entonnoir) jusqu'au moment où on sera en mesure de poser le nouvel entonnoir, va prendre à peu près entre trois et quatre jours», a déclaré Thad Allen au 81e jour de la catastrophe.

Mais la procédure n'est pas sans risque: pendant les quelques jours qu'il faudra pour changer d'entonnoir, le flux de pétrole qui se déverse dans la mer pourrait augmenter de 15 000 barils par jour.

Actuellement, quelque 25 000 barils par jour sont récupérés en moyenne sur les 35 000 à 60 000 barils de brut qui sortent du puits endommagé de l'ancienne plateforme Deepwater Horizon dont le naufrage le 22 avril est à l'origine de la pire catastrophe écologique qu'aient connu les États-Unis.

La mise en place de ce «super-entonnoir» a été poussée par la Maison-Blanche qui souhaitait une solution rapide, efficace et capable de résister à de mauvaises conditions météorologiques alors que la saison cyclonique promet de battre des records.

L'administration américaine veut à tout prix éviter une réédition du passage de l'ouragan Alex, le premier de la saison dans l'Atlantique, qui avait fortement perturbé fin juin les opérations de lutte contre la marée noire.

Le nouveau dispositif permettra en effet aux navires qui pompent le pétrole de se déconnecter rapidement de la fuite pour évacuer la zone en cas de gros temps, a expliqué l'amiral Allen.

Cette solution permettra de contenir intégralement la fuite, mais pas de l'arrêter: BP a indiqué jeudi que les puits de dérivation qu'il est en train de forer pour stopper définitivement la fuite pourraient porter leurs fruits à partir du 27 juillet, même si la date la plus probable reste mi-août.

Autre intérêt du nouvel entonnoir: pouvoir mesurer précisément la fuite de pétrole. «Une fois que ce couvercle sera en place (...) nous disposerons de données sur la pression interne qui nous diront pour la première fois comment est le flux (de pétrole)», a observé l'amiral Allen.