Les équipes de nettoyage qui s'affairent à contrôler la marée noire dans le golfe du Mexique pourraient bientôt bénéficier d'un appui de taille, à condition que les tests menés samedi et dimanche sur l'écrémeuse géante A Whale soient concluants.

Déjà, samedi, le gigantesque navire taïwanais a fait étalage de l'étendue de ses capacités au nord du site de l'explosion de la plateforme Deepwater Horizon. A Whale devrait se rendre à un autre site d'expérimentation dimanche.

Haut de 10 étages et long de 400 mètres, le bâtiment naval aurait la capacité de traiter près de 80 millions de litres quotidiennement, selon l'entreprise qui a mis au monde ce mastodonte, TMT Shipping.

Le navire fonctionne un peu comme une baleine, explique Bob Grantham, le porte-parole de TMT Shipping. D'abord, ses 12 évents laissent entrer l'eau souillée. Celle-ci subit ensuite un écrémage, lors duquel l'huile est séparée de l'eau, qui est finalement rejetée dans le golfe.

Le navire, un ancien pétrolier réhabilité, est arrivé dans le golfe du Mexique mercredi, mais les officiels ont préféré tester son efficacité avant de l'utiliser. L'agence de protection de l'environnement américaine devait également vérifier si l'eau envoyée dans le golfe était bel et bien exempte d'hydrocarbures. Pour l'heure, ce n'est pas tout à fait le cas, puisque des traces de pétrole brut résistent au processus d'écrémage.

La lenteur du processus a eu raison de la patience de certains officiels de la région, qui sont impatients de voir A Whale à l'oeuvre.

Le gouverneur de la Louisiane, Bobby Jindal, s'est même dit exaspéré de voir le navire ancré en mer, jeudi.

BP et la garde côtière «utilisent une rhétorique guerrière» depuis le début de cette catastrophe, a dit M. Jindal. «S'il s'agit vraiment d'une guerre, il faut utiliser toutes les ressources qui sont disponibles et efficaces pour contrôler la nappe avant qu'elle n'atteigne nos côtes», a-t-il expliqué alors qu'il voguait sur une eau imbibée de pétrole près de Grande Île, au sud de la Louisiane.

Pendant ce temps, une petite flotille d'écrémeuses de pétrole avait repris le travail samedi, après avoir été contraintes à rentrer au port à cause de l'ouragan Alex un peu plus tôt cette semaine.

Le mauvais temps avait également retardé l'arrimage du navire Helix Producer, qui devait se fixer à la tête du puits principal afin de collecter quelque 25 000 barils de pétrole par jour, soit le double de la quantité brûlée ou capturée actuellement sur le site par deux navires.

Selon Thad Allen, l'amiral à la retraite de la garde côtière, le Helix Producer sera en place en fin de semaine et opérationnel dès le 7 juillet.

Au nord-ouest de la Floride, à Pensacola Beach, Lisa Jackson, administratrice de l'agence de la protection environnementale, observait les travailleurs qui s'affairaient à nettoyer la plage. La tâche est délicate, puisque des étages de pétrole sont pris en sandwich entre des étages de sable à cause des vagues successives qui ont déferlé sur la plage.

Dans le comté d'Escambia, où se trouve Pensacola Beach, les autorités ont affiché des avis de contamination sans pour autant décréter une fermeture des plages.

Mme Jackson estime que les autorités locales sont les mieux placées pour décider si les plages doivent être fermées ou non et ce, malgré le niveau évident de contamination de certaines d'entre elles.

«C'est le bon sens qui devrait primer, a dit Mme Jackson. Je n'ai pas besoin d'une confirmation scientifique pour en savoir plus sur l'état de l'eau: il n'y a qu'à l'observer et qu'à la sentir.»

«Je n'irais pas me baigner aujourd'hui», conclut-elle.