La Maison Blanche a indiqué mardi qu'elle allait prendre de nouvelles mesures pour suspendre les forages en eaux profondes après l'annulation dans la journée par un juge du moratoire décidé par le président Barack Obama en réponse à la marée noire dans le golfe du Mexique.

«Nous observons tous les jours la nécessité de marquer une pause dans les forages en eaux profondes, alors que le pétrole continue de fuire du puits de BP», a indiqué le secrétaire aux Affaires intérieures Ken Salazar dans un communiqué.

Un juge de Louisiane a annulé mardi le moratoire sur les forages en eaux profondes décrété par Barack Obama, privant le président américain d'une initiative symbolique adoptée pour contrer les conséquences de la marée noire.

Le juge Martin Feldman, siégeant à La Nouvelle-Orléans, a donné raison mardi à 32 sociétés pétrolières qui avaient déposé un recours contre le moratoire de six mois.

La Maison Blanche a aussitôt riposté en annonçant sa décision de faire appel.

«Le tribunal a conclu que les plaignants réussiraient sans doute à démontrer que la décision (gouvernementale) était arbitraire et sans fondement», avait affirmé le magistrat.

«Le président (Obama) est foncièrement persuadé (...) que continuer de forer à ces profondeurs sans savoir ce qui s'est passé (lors de l'explosion de la plateforme DeepWater Horizon il y a deux mois) n'a aucun sens», avait affirmé le porte-parole de la Maison Blanche, Robert Gibbs, avant l'annonce de M. Salazar.

Le moratoire avait été annoncé fin mai par M. Obama et traduisait la volonté de l'administration américaine de venir à bout de la catastrophe et d'en prévenir de nouvelles.

Provoqué par le naufrage le 22 avril d'une plateforme du groupe britannique BP, la marée noire, la pire de l'histoire des Etats-Unis, déverse entre 35.000 et 60.000 barils par jour (jusqu'à 9,5 millions de litres), dont BP récupère 25.000.

En décidant le moratoire, M. Obama avait fait en partie machine arrière par rapport au projet controversé de son gouvernement annoncé fin mars, qui prévoyait de multiplier les forages en mer.

Mais la mesure avait également provoqué la colère des dirigeants et employés du secteur pétrolier des Etats du sud craignant de perdre leur gagne-pain en dépit de la marée noire qui frappe leur côtes.

Au Congrès, l'annulation du moratoire avait été accueillie froidement par des élus chargés des questions d'énergie.

«C'est encore une mauvaise décision au milieu d'un désastre marqué par de mauvaises décisions de la part de l'industrie du pétrole», avait regretté le représentant Ed Markey.

La sénatrice de Louisiane Mary Landrieu, dont l'Etat dépend fortement du pétrole, avait pour sa part salué l'annulation.

Mardi, avant même l'annonce de la décision du juge Feldman, un responsable de BP, Steve Westwell, avait plaidé pour la poursuite des projets pétroliers en eau profonde, malgré la marée noire.

«Ce serait une grave erreur de créer un environnement qui rendrait impossibles les investissements en eau profonde», a-t-il affirmé, au nom du directeur général de BP, Tony Hayward, lors d'un congrès mondial des compagnies pétrolières à Londres.

BP avait annoncé lundi que M. Hayward ne participerait pas à la réunion pour se consacrer à la marée noire. Le patron du géant pétrolier s'est attiré une volée de bois vert pour avoir participé samedi à une régate près de l'île de Wight (Angleterre).

La conférence a été marquée par l'expulsion d'une militante de Greenpeace en colère, qui a appelé à «mettre un terme à l'ère du pétrole».