Le captage du pétrole dans le golfe du Mexique a repris samedi après une interruption partielle d'une dizaine d'heures due à un problème technique, alors que la présence du patron de BP à une régate sur l'Ile de Wight accentue les critiques à son endroit.

Le pompage a repris samedi matin à 06H30 (11H30 GMT), a précisé BP.

Le problème technique - un blocage au niveau d'un conduit d'aération anti-feu - était survenu sur le Discoverer Enterprise, un énorme navire qui opère dans la zone de la fuite de pétrole à quelque 80 km des côtes américaines, selon un porte-parole du groupe britannique, Robert Wine.

Capable de siphonner entre 15 000 et 18 000 barils de brut par jour, le navire avait été contraint de stopper toute activité vendredi à 20H23 (01H23 GMT samedi).

Le «conduit d'aération était partiellement obstrué. Cela bloquait la quantité de pétrole que nous pouvions mettre dans les cuves de stockage», a expliqué M. Wine.

La reprise des opérations avaient ensuite été retardée en raison d'une météo capricieuse: «Plutôt que de le redémarrer sous l'orage, ils ont décidé d'attendre», a dit ce porte-parole.

Mardi, un incendie provoqué par la foudre sur ce même bateau avait déjà entraîné une interruption des opérations.

Outre le Discoverer Enterprise, une plateforme flottante, appelée Q4000, participe également à la récupération du pétrole et en brûle environ 10 000 barils par jour.

BP récupère au total en moyenne 25 000 barils de brut par jour, selon les garde-côtes américains, alors que le puits situé à 1500 m de profondeur crache chaque jour entre 35 000 et 60 000 barils (jusqu'à 9,5 millions de litres).

Tony Hayward critiqué pour avoir assisté à une course de yacht

Pendant ce temps-là, le directeur général de BP Tony Hayward s'est accordé un peu de temps libre samedi pour assister sur l'Ile de Wight (Royaume-Uni), en compagnie de sa famille, à une prestigieuse course de yachts de luxe.

Le yacht «Bob», d'une valeur de 300 000 euros, dont M. Hayward partage la propriété avec deux autres personnes, a participé à la course JP Morgan Asset Management Round The Island.

Ce déplacement en pleine catastrophe écologique pourrait constituer un nouvel impair de la part de M. Hayward, personnage central et controversé de la crise, auteur de plusieurs déclarations malencontreuses qui lui ont valu des remarques assassines d'élus américains au Congrès cette semaine.

«Peu importe où il est, il est toujours en contact avec ce qui se passe» concernant la marée noire, a objecté un porte-parole du groupe, John Curry.

Il s'agirait d'ailleurs de son «premier jour chômé» depuis le début de la catastrophe, causée par une explosion sur la plateforme Deepwater Horizon exploitée par BP le 20 avril, a ajouté un autre porte-parole.

Mais les organisations écologiques n'ont pas tardé à réagir: pour Greenpeace, l'attitude de M. Hayward «met du sel dans les blessures» des victimes de la marée noire. Pour les Amis de la Terre, l'affaire de la régate sera «perçue comme une nouvelle catastrophe en termes de relations publiques».

Tony Hayward va de toute manière abandonner la gestion quotidienne de la crise: le président de BP Carl-Henric Svanberg a déclaré qu'il allait passer le relais à un autre responsable du groupe, Robert Dudley, un Américain.

Sur le front des opérations de nettoyage, le directeur d'exploitation de BP Doug Suttles a annoncé l'achat de 32 centrifugeuses à la société de l'acteur américain Kevin Costner.

«C'est une technologie solide appuyée par de vrais concepts scientifiques», a-t-il dit vendredi.

Ces machines devrait aider BP à traiter jusqu'à 128 000 barils par jour d'eau mélangée à du pétrole, a précisé M. Suttles.