Le patron de BP, Tony Hayward, a subi jeudi les foudres des élus américains ulcérés par les errements de son groupe face à la marée noire, leur répondant qu'il était «personnellement anéanti» et que le pétrolier «ne connaîtrait pas de repos» avant d'avoir nettoyé les dégâts.

M. Hayward, qui s'est illustré par une série de propos maladroits depuis le début de la catastrophe il y a près de deux mois, était arrivé au Congrès, l'air serein, vers 10H00, entouré de conseillers et escorté par des policiers.

Devant la commission de la Chambre des représentants qui enquête sur la catastrophe écologique, M. Hayward s'est dit «personnellement anéanti», jugeant que «l'explosion et l'incendie à bord de la plateforme (...) et la marée noire qui a suivi dans le golfe du Mexique n'auraient jamais dû arriver».

«En tant que dirigeant de BP, je fais le serment que nous ne connaîtrons pas de repos tant que nous n'aurons pas résolu le problème», a-t-il ajouté.

En réponse aux déclarations de parlementaires qui ont accusé BP d'avoir négligé la sécurité sur sa plateforme qui a explosé le 20 avril à 80 km des côtes américaines, M. Hayward a promis qu'il prendrait des mesures contre ses employés, s'il s'avère qu'ils ont privilégié les profits au détriment de la sécurité, tout en disant ne pas avoir d'éléments en ce sens.

Ces déclarations n'ont pas semblé apaiser les élus, certains agitant des images d'oiseaux mazoutés lors de cette audition très médiatisée.

M. Hayward a été tancé par le démocrate Bart Stupak, qui lui a rappelé qu'il avait dit espérer lui aussi la fin de la crise «pour retrouver sa vie d'avant».

«Je suis sûr que vous retrouverez votre vie d'avant, que vous rentrerez en Angleterre avec un parachute doré. Mais nous aux Etats-Unis, nous restons avec les conséquences dramatiques du mépris de BP pour la sécurité», a lancé l'élu.

A l'heure actuelle, la fuite déverse entre 35 000 et 60 000 barils (jusqu'à 9,5 millions de litres) de pétrole chaque jour. Sur ce total, BP en récupère 15 000 par jour et espère porter ce chiffre à 28 000 en début de semaine prochaine, a indiqué le commandant des garde-côtes, Thad Allen.

L'amiral Allen a donné un autre motif d'espoir: le forage des puits de dérivation censés stopper définitivement la fuite avance plus vite que prévu et pourrait être terminé avant mi-août, date initialement fixée.

Devant les élus, Tony Hayward a aussi rappelé que BP répondrait aux «conséquences économiques» de la marée noire. La veille, le groupe a accepté de mettre 20 milliards de dollars de côté sur un compte bloqué pour les indemnisations, après une rencontre avec le président Barack Obama.

Ce sujet est revenu lors de l'audition de M. Hayward, avec une intervention remarquée du républicain Joe Barton, estimant que la Maison Blanche s'était rendue coupable d'«extorsion de fonds».

«J'ai honte de ce qui s'est passé à la Maison Blanche hier (...) Je présente mes excuses», a-t-il dit.

Le porte-parole de M. Obama, Robert Gibbs, a aussitôt réagi en soulignant que Joe Barton semblait plus enclin à défendre les «grandes entreprises qui ont provoqué la catastrophe» que ses victimes, tandis que le vice-président Joe Biden a dénoncé des propos «scandaleux» et «incroyablement déconnectés de la réalité».

L'allocution du patron de BP a été brièvement interrompue par une militante aux mains maculées de noir. «Vous devez être inculpé de crime, Tony», a-t-elle lancé. «Vous devez aller en prison!».