Au lendemain d'un discours à la nation qu'a froidement reçu la presse américaine, Barack Obama a pu revendiquer une rare victoire dans sa «bataille» contre la marée noire du golfe du Mexique en annonçant un accord par lequel BP placera 20 milliards de dollars dans un compte bloqué pour dédommager les victimes de la catastrophe écologique.

Le président a confirmé cette entente après avoir rencontré pour la première fois depuis le début de la crise les dirigeants du groupe pétrolier, dont son président Carl-Henric Svanberg et son directeur général Tony Hayward.

 

«Ces 20 milliards de dollars vont assurer que les demandes d'indemnisation des habitants et des entreprises seront honorées, a déclaré le chef de la Maison-Blanche aux journalistes. Il est important de souligner que ce n'est pas un plafond. Les gens du Golfe ont ma parole, BP répondra à ses obligations à leur égard.»

L'entente n'empêchera pas les particuliers ou les entreprises touchés par la marée noire de recourir aux tribunaux pour obtenir des dédommagements.

Peu après la brève intervention de Barack Obama devant les journalistes, le président de BP a annoncé la décision de son groupe de suspendre le versement de son dividende pour le reste de 2010, une autre demande de la Maison-Blanche. Il a également présenté ses excuses «au peuple américain» pour la catastrophe provoquée par l'explosion de la plateforme Deepwater Horizon il y aura bientôt deux mois.

«Cet accident tragique n'aurait jamais dû se produire», a déclaré Carl-Henric Svanberg.

Le fonds d'indemnisation sera géré de façon indépendante par Kenneth Feinberg, ancien responsable du ministère de la Justice, qui a déjà été chargé par le président de superviser les salaires et primes des dirigeants d'entreprises ayant reçu une aide gouvernementale à la suite de la crise financière de 2008. Ce juriste a également dirigé le fonds d'indemnisation des victimes des attentats du 11 septembre 2001.

Outre les 20 milliards de dollars que mettra de côté BP pour les victimes de la marée noire (à raison de 5 milliards par année au cours des 4 prochaines années), le groupe pétrolier s'est également engagé à verser 100 millions de dollars pour indemniser les travailleurs de l'industrie pétrolière qui chôment depuis l'annonce du moratoire sur les forages en mer.

Dans son discours de mardi soir, le président Obama a déclaré que le fonds d'indemnisation allait servir à dédommager «les ouvriers et les entrepreneurs qui ont eu à souffrir de l'imprudence» de BP. Il a également appelé les Américains à rompre avec leur dépendance au pétrole et à se lancer dans une «mission nationale» pour assurer à leur pays un «avenir énergétique propre».

La plupart des critiques du discours présidentiel ont déploré son manque de détails sur la façon de procéder à la transition vers des sources d'énergie plus propres. Plusieurs des alliés du président lui ont reproché de n'avoir pas prononcé les mots «changements climatiques» ou exposé les contours précis de la loi sur l'énergie et le climat qu'il voudrait voir le Sénat adopter.

«Le président Barack Obama a déclaré la guerre à la marée noire qui se répand dans le golfe du Mexique mardi. Dommage que ses troupes attendent encore un plan de bataille clair», a écrit le site internet Politico.

À l'opposé, les républicains ont accusé le président d'exploiter la catastrophe pour faire avancer son programme.

 

 

La marée noire en chiffres 

> Quantité de pétrole qui s'écoule du puits endommagé: de 35 000 à 60 000 barils par jour, selon les nouvelles estimations que le gouvernement américain a rendues publiques mardi.

> Quantité de pétrole capté par l'entonnoir installé au-dessus du puits: 15 000 barils par jour, un nombre qui devrait passer à 50 000 barils par jour d'ici à la fin du mois de juin.

> Nombre de kilomètres de côtes souillées: 190

> Coût du nettoyage et des indemnisations: 1,6 milliard de dollars en date du 14 juin.