Le président Barack Obama a obtenu mercredi que les dirigeants de BP, convoqués à la Maison-Blanche, acceptent de mettre 20 milliards de dollars de côté pour indemniser les victimes de la marée noire qui ne cesse de s'étendre au large des côtes américaines.

«Je suis heureux d'annoncer que BP est d'accord pour mettre 20 milliards de dollars de côté afin de satisfaire les demandes de dédommagements à la suite de cette pollution», a déclaré M. Obama à l'issue d'une visite de plus de quatre heures des responsables de la société pétrolière britannique au siège de la présidence.

«Ces 20 milliards de dollars vont assurer que les demandes d'indemnisations des habitants et des entreprises seront honorées. Et ce n'est pas un plafond. Les gens du golfe (du Mexique) ont ma parole, BP répondra à ses obligations à leur égard», a affirmé le président, qualifiant la réunion de «constructive».

BP a en outre accepté de mettre en place un fonds de 100 millions de dollars en faveur des ouvriers du secteur du pétrole licenciés à la suite de la marée noire, a indiqué le président.

Selon son porte-parole Robert Gibbs, M. Obama a passé 20 minutes avec les responsables de BP au début de la réunion, à laquelle participaient plusieurs de ses proches collaborateurs, et encore 25 minutes à l'issue de celle-ci avec le président de la société, Carl-Henric Svanberg, dans le prestigieux Bureau ovale.

Juste après les déclarations de M. Obama, M. Svanberg a confirmé face aux journalistes à l'extérieur de la Maison-Blanche que son groupe avait accepté le principe de ces 20 milliards de dollars. Il a révélé que BP ne paierait pas davantage de dividendes à ses actionnaires cette année, et a présenté ses excuses aux Américains pour la marée noire.

Les 20 milliards seront supervisés par l'avocat Kenneth Feinberg, qui avait été chargé des indemnisations des victimes du 11-Septembre. Le compte sera géré de manière indépendante sur plusieurs années afin de répondre aux demandes d'indemnisations d'individus et d'entreprises touchés par la catastrophe.

«C'est une super nouvelle», a réagi auprès de l'AFP un pêcheur de Venice, en Louisiane (sud), dont l'entreprise est fermé depuis un mois à cause de la fuite. «C'est sans doute la meilleure nouvelle depuis que tout ça a commencé. Ca nous donne une certaine sécurité pour l'avenir», a-t-il poursuivi.

BP a indiqué lundi avoir déjà dépensé 1,6 milliard de dollars pour répondre à la catastrophe, mais des experts estiment qu'elle pourrait au final lui coûter entre 30 et 100 milliards.

A Londres, le Premier ministre David Cameron a tiré la sonnette d'alarme à propos des risques financiers pesant sur le groupe, estimant que BP avait «besoin de certitudes» sur ce qu'on attend de lui aux Etats-Unis.

Mardi, les autorités ont une nouvelle fois révisé à la hausse l'étendue de la pollution, estimant que jusqu'à 60 000 barils de brut se déversaient quotidiennement dans l'océan, soit 50% de plus que la précédente estimation «haute». BP espère pouvoir en pomper bientôt 90% à la source.

Mais entre 300 et 500 millions de litres d'hydrocarbures auraient déjà fui du puits situé par plus de 1 500 mètres de fond.

Voulant dépasser au plan politique une crise qui pèse sur sa présidence, M. Obama en a appelé mardi à l'esprit d'innovation des Américains pour faire basculer le pays dans les énergies «propres».

Il a en outre invité des sénateurs démocrates et républicains à venir s'entretenir avec lui mercredi prochain d'un projet de loi sur l'énergie et le climat, actuellement bloqué à la chambre haute du Congrès.

Mais les républicains ne semblent pas décidés à faire des concessions à leur adversaire à cinq mois d'élections législatives cruciales.

Leur numéro deux à la Chambre des représentants, Eric Cantor, a ainsi salué l'annonce concernant le fonds pour l'indemnisation des victimes, tout en soulignant que M. Obama «n'a toujours pas présenté de solution au problème».