Après avoir établi un parallèle entre la marée noire du golfe du Mexique et les attentats du 11 septembre 2001, Barack Obama se mettra en scène ce soir dans un décor réservé aux crises graves : il s'adressera à la nation américaine du bureau Ovale à l'occasion d'un discours solennel consacré à la catastrophe.

L'allocution du 44e président, sa première du genre, interviendra à l'issue de sa quatrième visite dans la région du golfe depuis le début de la marée noire, et à la veille de sa rencontre avec le président de BP, Carl-Henric Svanberg, et le directeur général du groupe, Tony Hayward. Elle s'inscrit dans une série d'actions destinées à effacer l'impression - juste ou pas - que le chef de la Maison-Blanche est dépassé par les événements.

Dans son discours, le président Obama doit notamment presser les dirigeants de BP de créer un fonds destiné à régler les indemnisations des personnes et des entreprises touchées par la marée noire, la plus importante de l'histoire des États-Unis. Il a laissé entendre hier qu'un accord avec le groupe pétrolier à ce sujet pourrait être conclu demain.

Comme le 11 septembre

«J'espère que, d'ici à ma rencontre avec le président (Svanberg) mercredi, nous aurons fait assez de progrès pour mettre un dispositif en place», a-t-il déclaré à des journalistes lors d'un passage à Theodore, en Alabama.

Le président Obama doit également profiter de son discours pour relancer son offensive en faveur des énergies renouvelables. Osera-t-il, comme certains le lui suggèrent, exhorter ses compatriotes à appuyer une politique énergétique aussi audacieuse que la promesse de John Kennedy d'envoyer un Américain sur la Lune ?

Il a semblé vouloir aller au-delà des conséquences immédiates de la marée noire en comparant cette catastrophe au 11 septembre, dans une entrevue publiée dimanche dans le journal Politico.

«De la même façon que le 11 septembre 2001 a durablement modelé la manière dont nous percevons nos faiblesses et notre politique étrangère, la marée noire va nous pousser à repenser notre politique environnementale et énergétique pour les années à venir», a-t-il déclaré.

«Il est temps de faire la transition» d'une économie reposant sur le pétrole vers de nouvelles sources d'énergie, a-t-il ajouté.

Visite des États touchés

La quatrième visite de Barack Obama dans la région du golfe du Mexique devait durer deux jours. Hier, le président est passé par le Mississippi et l'Alabama, encourageant au passage les Américains à soutenir les habitants de la région par l'entremise du tourisme.

«Il y a beaucoup de plages qui n'ont pas été touchées et ne seront pas touchées» par la marée noire, a-t-il déclaré.

Aujourd'hui, le président doit s'arrêter à Pensecola, haut lieu de villégiature en Floride, avant de rentrer à Washington.

En réponse à une demande de l'administration Obama, BP a annoncé hier son intention de faire passer de 15 000 à 50 000 le nombre de barils de pétrole par jour que son entonnoir lui permet de pomper d'ici à la fin juin.

Selon les dernières estimations du gouvernement américain, le puits que l'explosion de la plateforme Deepwater Horizon a endommagé laisse s'échapper de 20 000 à 40 000 barils par jour.

Les dirigeants de BP et des quatre autres grands groupes pétroliers - ConocoPhillips, ExxonMobil, Shell et Chevron - seront sur la sellette aujourd'hui à Washington à l'occasion d'une audition devant une commission de la Chambre des représentants. Deux jours plus tard, Tony Hayward, PDG de BP, devra comparaître devant une autre commission du Congrès pour défendre les méthodes de son groupe.