Les secours engagés dans la lutte contre la marée noire ont convoqué jeudi le président de BP pour rencontrer Barack Obama, alors que les autorités annonçaient que le volume de pétrole qui s'écoule chaque jour est deux fois plus important que ce qu'elles craignaient.

Dans une lettre, le commandant des garde-côtés américains, l'amiral Thad Allen, sollicite le patron du groupe pétrolier britannique, le Suédois Carl-Henric Svanberg, «et tout responsable idoine de BP» afin qu'ils rencontrent «de hauts responsables de l'administration le mercredi 16 juin 2010 pour discuter des questions» liées à la marée noire qui souille le golfe du Mexique depuis l'explosion de la plateforme Deepwater Horizon le 20 avril.

Jusqu'à maintenant, les autorités américaines estimaient que le brut qui s'écoule dans la mer chaque jour représentait entre 12 000 à 19 000 barils de brut par jour. Or jeudi, elles ont avancé le chiffre de 40 000 barils, soit environ 6,4 millions de litres.

«L'estimation basse des scientifiques (...) tourne autour de 20 000 barils, tandis que la haute est un peu supérieure à 40 000», a indiqué Marcia NcNutt, directrice de l'Institut de géophysique américain (USGS) et présidente du groupe d'experts mandatés par l'administration américaine pour évaluer l'écoulement de pétrole.

Cette mesure a été faite avant la pose le 3 juin d'un entonnoir destiné à contenir la fuite du puits à l'origine de la marée noire.

Les autorités espèrent récupérer sous peu jusqu'à 28 000 barils de pétrole par jour, soit 4,45 millions de litres, contre 15 000 barils actuellement.

Les déboires de BP continuaient de déteindre sur la valeur de son titre en Bourse.

A Londres jeudi, l'action a cédé 6,65% sur la journée. A Wall Street en revanche, ce même titre a fini la séance en hausse de 12,26% à 32,78 dollars, après avoir dévissé de près de 16% la veille.

Les investisseurs craignent de plus en plus que le géant pétrolier ne soit contraint de suspendre le paiement de dividendes à ses actionnaires, pour apaiser l'opinion publique américaine.

Et jeudi, Nancy Pelosi, la présidente de la Chambre des représentants, a sommé BP de «payer en priorité les petites entreprises» affectées par la catastrophe et non ses actionnaires.

Les sommes en jeu sont colossales: BP verse chaque année plus de 10 milliards de dollars aux porteurs de ses actions, qui comprennent de nombreux petits épargnants et autres retraités britanniques.

Rhétorique anti-britannique?

En réponse aux assauts anti-BP, certains élus britanniques ont déploré jeudi la montée d'une «rhétorique anti-britannique» aux Etats-Unis, et le Premier ministre David Cameron est lui-même monté au créneau, indiquant qu'il évoquerait la marée noire lors de son prochain coup de téléphone à Barack Obama, prévu ce week-end.

Le département d'Etat a assuré jeudi que la marée noire ne constituait pas un «sujet de tension» entre Londres et Washington.

«Il s'agit de l'impact d'une tragédie (environnementale), pas des relations entre les Etats-Unis et leur plus proche allié», a déclaré Philip Crowley, le porte-parole de la diplomatie américaine.

De son côté, M. Obama a reçu jeudi les familles des 11 victimes de l'explosion de la plateforme. Selon un communiqué de la Maison Blanche, le président leur «a présenté ses condoléances».

M. Obama retournera dans la région pour la quatrième fois la semaine prochaine.