La dispersion de la marée noire en centaines de milliers de nappes qui se répandent dans plusieurs directions compliquera les opérations de nettoyage du golfe du Mexique, dont l'écosystème pourrait mettre des années à se remettre de la catastrophe.

L'amiral Thad Allen, chef des garde-côtes américains, a brossé hier matin ce tableau plutôt sombre de la situation dans le Golfe, où près de 200 km de côtes ont été touchés par la marée noire, de la Louisiane à la Floride en passant par le Mississippi et l'Alabama.

«S'occuper du pétrole en surface prendra quelques mois. Après cela, ce sera réglé. Restaurer l'écosystème, les habitats fauniques prendra des années», a déclaré l'amiral Allen lors d'un point de presse à la Maison-Blanche.

«C'est une longue campagne et nous allons devoir continuer à nous occuper de ce pétrole dans un avenir prévisible», a-t-il ajouté. Il a précisé que le nettoyage des marais souillés par la marée noire sera la tâche la plus longue et la plus difficile.

Bonnes nouvelles

Mais le commandant des garde-côtes n'avait pas que de mauvaises nouvelles à annoncer en ce 47e jour de la marée noire provoquée par l'explosion de la plateforme Deepwater Horizon. Il a annoncé que le groupe BP entendait pomper deux fois plus de pétrole du puits accidenté - jusqu'à 20 000 barils par jour.

Selon les estimations du gouvernement, le puits libère entre 12 000 et 19 000 barils de pétrole par jour. Un deuxième navire-citerne permettra à BP de récupérer une plus grande quantité de brut.

Quelque 1 500 bateaux, dont la plupart seront équipés d'écrémeurs d'hydrocarbures, participeront à la récupération du pétrole en surface dans les prochaines semaines, selon l'amiral Allen. D'autres bâtiments seront employés à l'installation de barrages flottants.

C'est l'utilisation de produits chimiques dispersants qui a contribué à la dispersion de la marée noire en centaines de milliers de nappes de pétrole, a précisé le chef des garde-côtes.

«Nous ne devons plus lutter contre de grandes nappes uniformes. Il y a des traces qui vont dans de nombreuses directions», a-t-il dit.

L'amiral Allen a parlé aux journalistes avant une rencontre avec Barack Obama à la Maison-Blanche. Au début de cette réunion, le président américain a rappelé que les progrès réalisés par BP au cours des derniers jours pour contenir la fuite de pétrole ne représentaient pas une solution à long terme.

«Même si nous parvenons à récupérer un peu ou la majeure partie du pétrole, nous n'allons pas résoudre totalement ce problème tant que les puits de dérivation ne seront pas terminés», a-t-il dit.

Un impact économique «substantiel et durable»

«L'impact économique de ce désastre va être substantiel et durable», a prédit Barack Obama hier, tout en se disant persuadé que les habitants de la région du golfe du Mexique sauront surmonter les difficultés engendrées par la marée noire.

«Cela va prendre du temps, va requérir énormément d'efforts, mais je suis absolument certain que nous allons sortir de cette crise comme nous avons triomphé d'autres, a ajouté le président. Les gens du Golfe sont des durs à cuire, ils ont traversé énormément de choses depuis 50 ou 100 ans, ils remonteront la pente.»

Les industries du tourisme, de la pêche, du pétrole et du transport maritime devraient toutes être touchées de façon significative par la marée noire. L'Institut de recherche Harte pour les études sur le golfe du Mexique a estimé le mois dernier à 1,8 milliard de dollars l'impact économique de la catastrophe écologique sur une année.

«Cette somme n'est que la pointe de l'iceberg», a déclaré David Yoskowitz, chercheur de l'Institut, qui prépare une nouvelle évaluation du coût de la marée noire sur les industries de la région.