Washington a confirmé mardi l'ouverture d'une enquête judiciaire au civil et au criminel pour faire la lumière sur l'explosion de la plateforme pétrolière Deepwater Horizon, à l'origine de la marée noire qui s'étend dans le golfe du Mexique depuis près de six semaines.

«C'est notre devoir en vertu de la loi», a déclaré le procureur général des États-Unis, Eric Holder, en visite à La Nouvelle-Orléans. «Nous ne nous arrêterons pas avant que justice soit faite», a-t-il ajouté.

Le ministre a assuré que l'enquête pénale avait commencé «il y a quelques semaines», mais a refusé d'en dire plus sur le type d'accusation qui sera privilégié et si on avait déjà désigné des responsables.

«Si nos lois ont été violées (...), je promets solennellement de faire comparaître les responsables devant la justice, au nom des victimes de cette catastrophe et des habitants de la région», a ajouté le président Barack Obama.

Ce dernier a chargé le sénateur de la Floride, Bob Graham, et un ancien dirigeant de l'Agence américaine de protection de l'environnement, William K. Reilly, d'enquêter sur ce qu'il qualifie de «pire catastrophe environnementale de histoire (des États-Unis)».

De son côté, BP - qui exploitait la plateforme Deepwater Horizon - s'est dite peu inquiète d'éventuelles poursuites. Le directeur de l'exploitation de BP, Doug Suttles, a même affirmé que les relations entre le géant pétrolier et le gouvernement américain n'étaient «pas du tout tendues».

Washington se distancie de BP

Pourtant, Washington a annoncé que ses points de presse sur la marée noire seraient dorénavant menés sans la présence de dirigeants de BP. Une décision que plusieurs médias américains ont interprétée comme étant le reflet de l'exaspération de l'administration Obama à l'égard de BP.

Après l'échec de la dernière opération pour colmater la fuite - l'opération top kill -, M. Suttles a dit espérer que la fuite de pétrole puisse être contenue «dans les 24 prochaines heures» grâce à la pose d'un «entonnoir» sur le gisement. Le dispositif est censé récupérer le brut qui s'écoule à 1500 mètres de profondeur pour le stocker sur un bateau en surface.

Selon Carol Browner, conseillère d'Obama pour les questions d'énergie et de changement climatique, si la nouvelle opération échoue, elle pourrait accroître temporairement de 20 % le déversement de pétrole dans la mer.

Mme Browner craint par ailleurs que la saison des ouragans, qui a commencé mardi, vienne compliquer la manoeuvre. «Si les ouragans atteignent le golfe du Mexique, le navire (qui recueille le brut) ne pourra pas rester (en mer), ce qui veut dire que le flux ne sera pas atténué», a-t-elle déploré.

Selon Émilien Pelletier, de la Chaire de recherche du Canada en écotoxicologie marine, cette éventualité serait tragique pour la faune et la flore des marais des côtes de La Nouvelle-Orléans.

«Les zones marécageuses sont presque inaccessibles pour faire des opérations de nettoyage parce qu'on peut difficilement y avoir accès par la terre. L'eau n'y est pas très profonde, donc de gros bateaux (en mesure de) recueillir le pétrole ne pourraient pas si rendre non plus», a affirmé à La Presse le professeur en océanographie chimique de l'Université du Québec à Rimouski. «Les petits mammifères, les tortues et les oiseaux risquent de subir un dur coup.»

Appel à l'aide

Lors de son point de presse quotidien, le commandant des garde-côtes, l'amiral Thad Allen, a déclaré que les États-Unis manquaient d'équipements spéciaux pour récupérer le pétrole à la surface de l'eau dans le golfe du Mexique.

«Certains équipements dont nous avons le plus besoin en ce moment sont ceux qui servent à pomper le pétrole», a-t-il dit. Des demandes d'aide ont avaient été adressées aux Pays-Bas, au Canada et au Mexique.

«Nous sommes en train d'étudier les propositions étrangères d'assistance», a ajouté l'amiral Allen.

Au moment de mettre sous presse, le bureau du premier ministre, le ministère des Ressources naturelles du Canada et Environnent Canada étaient incapables de confirmer qu'une demande formelle avait été faite.

- Avec l'AFP et AP