Quarante-huit heures: c'est le laps de temps que s'est donné hier BP pour déterminer la réussite ou non de son opération pour colmater la fuite de pétrole dans le golfe du Mexique, sur les côtes duquel Barack Obama a fait une deuxième visite depuis le début de la marée noire, une catastrophe qui mine sa présidence.

Au troisième jour de la procédure baptisée Top Kill, le groupe pétrolier et les garde-côtes américains ont annoncé que le pétrole avait cessé de s'écouler dans la mer. Il était cependant trop tôt pour savoir si les boues chimiques, fluides épais et déchets solides allaient continuer de contrer le flux de brut et permettre aux techniciens de passer à l'étape finale de l'opération, à savoir l'injection de ciment dans le puits.

 

Les déchets solides qui ont été pompés dans le puits de jeudi après-midi aux petites heures du matin hier comprennent des balles de golf et des pneus déchiquetés, un mélange appelé junk shot par les techniciens de BP.

«Manifestement, lorsque nous injectons de la boue, il n'y a pas de pétrole ni de gaz qui se déverse dans la mer», a déclaré Tony Hayward, directeur général de BP, lors d'une entrevue à CNN.

«Nous sommes vraiment rassurés par le fait qu'ils (BP) sont capables de faire descendre la boue», a déclaré de son côté le commandant des garde-côtes, l'amiral Thad Allen. «La vraie question est maintenant de savoir si on peut maintenir (la boue) en bas. C'est l'enjeu des 12 à 18 prochaines heures.»

Un technicien anonyme de BP, cité dans un article publié hier sur le site internet du New York Times, s'est montré beaucoup moins optimiste que le commandant des garde-côtes et le patron de BP. Selon lui, seulement 10% des fluides pompés dans le puits accidenté y restent, 90% s'échappant dans la mer. Le même technicien a affirmé que l'opération Top Kill avait été interrompue pour la deuxième fois vers 2h30 du matin hier.

«Je ne dirai pas que les progrès sont nuls, mais je ne sais pas si nous pouvons recueillir assez de boue pour que ça marche, a-t-il confié au Times. Tout le monde est déçu en ce moment.»

L'opération a néanmoins repris en après-midi hier après que les techniciens de BP eurent refait le plein de boue.

Au lendemain d'une conférence de presse au cours de laquelle il est apparu sur la défensive, Barack Obama s'est rendu en Louisiane pour la deuxième fois depuis le 1er mai. Sur une plage de Grand Isle, il a constaté les dégâts de la marée noire, rencontré les élus locaux et les responsables de l'opération de nettoyage et tenté de rassurer les habitants des régions touchées.

«Je suis ici pour vous dire que vous n'êtes pas seuls», a déclaré le président américain après avoir annoncé que les effectifs seront triplés «là où le pétrole a touché les côtes». «On ne vous abandonnera pas, on ne vous laissera pas tomber. À un moment, les caméras vont partir. Les médias se lasseront peut-être du sujet. Mais pas nous. Nous sommes à vos côtés, et nous en verrons le bout. Nous resterons chaque jour, jusqu'à ce que la fuite soit stoppée, jusqu'à ce que la côte soit nettoyée, et jusqu'à ce que vos communautés soient remises sur pied.

«C'est la promesse que je vous fais, c'est une promesse au nom du pays que nous allons tenir.»

Pour la deuxième fois en autant de jours, le président a endossé «la responsabilité finale de trouver une solution à cette crise». «Je suis le président et je suis responsable en dernier ressort», a-t-il dit.

 

La facture avoisine le milliard

La marée noire provoquée par l'explosion de la plateforme Deepwater Horizon a coûté 930 millions de dollars à BP, a annoncé hier le groupe pétrolier dans un communiqué. La facture inclut les frais de confinement et de nettoyage de la nappe de pétrole, les sommes versées aux États côtiers, les dommages déjà remboursés et les opérations pour tenter de colmater la fuite de pétrole. Le 10 mai dernier, BP évaluait à 350 millions de dollars l'ensemble des dépenses qu'il devrait engager en lien avec la marée noire, qui est désormais la pire de l'histoire des États-Unis. Selon le communiqué du groupe pétrolier, «il est trop tôt pour quantifier les autres coûts potentiels et les responsabilités associés à l'incident».