Les États-Unis ont annoncé mardi la création d'un organe indépendant de surveillance du secteur pétrolier, à la suite de la marée noire dans le golfe du Mexique et d'accusations de collusion entre l'industrie et l'administration.

Le secrétaire à l'Intérieur, Ken Salazar, chargé de la gestion des ressources naturelles, a annoncé la scission du Service de gestion minière (MMS), un organe de son ministère actuellement chargé du secteur pétrolier.

Une partie du MMS sera chargé de la surveillance des installations pétrolières, notamment des plateformes en mer, comme celle qui a explosé le 20 avril au large de la Louisiane, provoquant une marée noire qui menace les côtes américaines.

Une autre partie sera responsable de l'attribution des contrats d'exploration aux compagnies pétrolières, qui génèrent chaque année 13 milliards de dollars de recettes récupérées par le MMS.

Ces deux rôles étaient jusqu'à présent assurés par le MMS, un service qui s'est par le passé attiré l'accusation de laxisme envers l'industrie pétrolière.

La réforme vise à faire en sorte qu'il n'y ait «pas de conflit, réel ou supposé, entre les deux fonctions», a expliqué M. Salazar lors d'une conférence de presse.

«La tâche visant à faire en sorte que les compagnies énergétiques respectent la loi et garantissent la sécurité de leurs employés et de l'environnement est importante et doit être faite indépendamment des autres missions de cet organisme», a ajouté le ministre.

Les Américains doivent savoir qu'ils disposent «d'un organisme puissant et indépendant qui oblige les entreprise énergétiques à respecter la loi», a-t-il déclaré.

En septembre 2008, des fonctionnaires du MMS s'étaient carrément vus reprocher une collusion avec le secteur qu'ils étaient censés surveiller.

Un rapport du département de l'Intérieur avait alors dénoncé «une culture du manquement éthique» au sein de cet organisme dont plusieurs fonctionnaires avaient reçu des cadeaux, de la drogue et des partenaires sexuels de la part de compagnies pétrolières avec lesquelles ils étaient en relations.

Comme on lui demandait si le MMS pouvait avoir une part de responsabilité dans la catastrophe de la plateforme exploitée par BP, M. Salazar a répondu qu'une vaste enquête était en cours. «Nous irons au fond des choses pour savoir ce qui s'est passé et personne ne sera à l'abri de cet examen des responsabilités», a-t-il dit.

M. Salazar a annoncé que l'administration Obama déposerait un projet de loi consécutif à la marée noire.

L'administration demandera au Congrès de prolonger d'un à trois mois le délai accordé actuellement au MMS pour examiner les projets d'exploration pétrolière ou gazière qui lui sont soumis.

Ce projet comprendra aussi une augmentation de 29 millions de dollars du budget destiné à surveiller l'exploitation du pétrole et du gaz. Le budget actuel du MMS à cet effet est de 23 millions.

L'objectif est de permettre aux inspecteurs fédéraux d'avoir «davantage d'outils, de moyens, d'indépendance et d'autorité pour faire appliquer les lois et les règlements», a expliqué le ministre.