Le dôme de contention déposé sur la fuite de pétrole au fond du golfe du Mexique n'a pas fonctionné comme prévu. Prochaine étape: le lancement de débris.

Après le dôme, place aux balles de golf.

La société BP envisage désormais de projeter des débris pour colmater la fuite de pétrole, au lendemain d'un revers survenu avec le dôme de contention, dont l'ouverture est bloquée par des cristaux de glace.

 

Hier, les autorités ont dit qu'une nouvelle méthode pouvait être employée: propulser des morceaux de pneus déchiquetés et des balles de golf pour bloquer la valve sous-marine.

«La prochaine tactique est ce qu'ils appellent le junk shot (lancement de débris), a dit Thad Allen, commandant de la Garde côtière à l'émission Face the Nation.

«Ils vont prendre un tas de débris, des pneus déchiquetés, des balles de golf, ce genre de choses, et les envoyer avec une très forte pression dans la valve pour la boucher et stopper la fuite.»

Les ingénieurs songent aussi à la possibilité de couler de la boue et du ciment dans la valve antidéversements. Des bateaux munis de tuyaux spéciaux longs de plus de 1,5 km seraient utilisés dans cette éventualité. Couler du béton est un procédé long et ardu, qui pourrait prendre de deux à trois semaines à réaliser.

Aucune décision n'a encore été prise quant à la façon de procéder. BP se donne jusqu'à ce soir pour adopter un plan d'action.

Une chose est certaine: colmater la fuite de pétrole au fond du golfe du Mexique s'avère plus difficile que prévu.

Samedi, BP a dû retirer le dôme de contention placé pour recueillir et canaliser le pétrole. L'entonnoir inversé situé au sommet du dôme était obstrué par des cristaux de boue glacée. Les ingénieurs avaient anticipé la formation de glace, mais ils prévoyaient que le processus s'échelonnerait sur une plus longue période.

Pour le moment, le dôme a été déplacé à 200 m du lieu du déversement et repose au fond de l'océan en attendant qu'une décision soit prise.

BP n'écarte pas la possibilité de propulser de l'eau chaude ou un autre hydrocarbure pour dégager le passage obstrué. «Je ne dirais pas que l'opération a été un échec, a signalé Doug Suttles, haut dirigeant de BP. Ce que nous avons essayé samedi soir... n'a pas fonctionné comme prévu.»

La construction du dôme de contention de près de 100 tonnes a duré deux semaines. Le dôme devait canaliser le pétrole à la surface, où des bateaux l'auraient récolté. Le puits, qui projette 800 000 litres de pétrole quotidiennement, est situé à 80 km des côtes de la Louisiane.

Boulettes de pétrole

Au cours de la fin de semaine, des boulettes de pétrole ont été trouvées sur les côtes de l'Alabama, à 160 km du lieu du déversement. Ces boulettes seront analysées pour voir si elles proviennent du déversement.

Les efforts pour contenir et combattre la marée noire se sont également poursuivis ce week-end. Près de 8 millions de litres d'un mélange constitué de 10% de pétrole et le reste d'eau ont été pompés, et 1 million de litres de produits chimiques dispersants ont été largués sur les nappes de pétrole, à la surface du golfe du Mexique, a calculé l'Associated Press. Environ 190 bateaux et plus de 4500 personnes participent aux efforts de nettoyage, auxquels prennent également part 2500 bénévoles.

La marée noire est due à l'explosion, le 20 avril, de la plateforme pétrolière Deepwater Horizon, exploitée par BP, qui a fait 11 morts.