Stopper la fuite avec un bouchon, geler le pétrole pour le récupérer sous forme de glaçons, protéger les côtes avec des oreillers... Les Américains n'hésitent pas à faire part de leurs idées aux autorités pour lutter contre la marée noire dans le Golfe du Mexique. Certaines propositions semblent réalistes, d'autres tout simplement loufoques.

Les autorités, qui permettent aux Américains de soumettre leurs suggestions grâce à un numéro de téléphone spécial, sont submergées par les contributions. Un correspondant a ainsi évoqué le recours à un bouchon pour fermer le puits de la plate-forme DeepWater Horizon, qui a explosé le 20 avril dernier, raconte le lieutenant James McKnight, porte-parole des garde-côtes à Mobile, en Alabama. Il va sans dire que ce devrait être un très gros bouchon.

Un autre appel a suggéré d'édifier sur les plages des «remparts» constitués d'oreillers cousus ensemble pour absorber le pétrole à son arrivée sur le rivage. Dans la même veine, des dizaines de salons de coiffure d'Alabama et de Floride projettent de créer des barrages absorbants à l'aide de vieux bas remplis de cheveux coupés.

Sur Facebook, un groupe sur la marée noire propose d'utiliser des explosifs pour arrêter la fuite, située à 1 500 mètres de profondeur. D'autres estiment que la seule solution est de prier...

Plus terre-à-terre, un groupe d'hommes d'affaires commercialisant un produit baptisé Clean Kool suggère d'utiliser une solution à base de dioxyde de carbone pour geler une partie de la nappe de pétrole, qui pourrait ensuite être récupérée sous forme de glaçons. «Nous préparons une démonstration de notre produit pour quelques maires sur la plage», précise Terry Hester, un représentant de Clean Kool. «Nous savons que notre produit marche», assure-t-il.

Des représentants de Clean Kool et d'autres entreprises se sont rendus au centre de commandement ouvert à Mobile par British Petroleum, en charge des opérations de nettoyage, et les garde-côtes, pour vanter les mérites de leurs produits.

En Floride, Ken Davis, qui propose de la tourbe pour absorber le pétrole, tente pour l'instant sans succès de joindre les responsables des opérations de dépollution. Par le passé, il a déjà été recruté par le ministère américain de l'Agriculture pour nettoyer des sites pollués par les hydrocarbures à l'aide de cette substance. «Les résultats de la tourbe sont incroyables» dit-il. ôôCela améliore grandement le nettoyage.»

Certaines idées innovantes sont déjà mises en oeuvre. Dans le nord-ouest de la Floride, le comté de Walton a placé des bottes de foin sur 42 kilomètres de rivage, et compte lutter contre l'arrivée éventuelle de la nappe en jetant du foin dans la mer. Les responsables locaux espèrent que le pétrole collera aux brins et sera ainsi plus facile à ramasser. Toutefois, le comté met également en place des barrières de rétention pour capturer le pétrole au cas où la technique du foin serait inefficace.

La société HESCO Bastion, basée en Louisiane, construit des structures en métal équipées de sacs. Une fois assemblées en forme de murs et remplies de sable, elles peuvent constituer des barrières. Ces structures ont déjà été utilisées pour protéger des bases de l'armée américaine en Afghanistan et en Irak, et renforcer des digues, notamment à La Nouvelle-Orléans.

Sur la côte, des «barrières HESCO» forment un mur de protection de 5 kilomètres de long dans des eaux peu profondes de l'île Dauphin (Alabama). Le but est d'empêcher le pétrole de souiller un habitat prisé des oiseaux. «Nous n'avions jamais pensé que ces structures seraient utilisées de cette manière, mais nous espérons que ce sera utile», déclare Dennis Barkemeyer, un représentant d'HESCO Bastion.