Le président américain Barack Obama fait tout son possible pour ne pas se retrouver piégé politiquement par la marée noire du golfe du Mexique, gardant en mémoire l'effet dévastateur de l'ouragan Katrina pour la présidence de son prédécesseur George W. Bush.

La Maison-Blanche s'efforce de rejeter toute analogie entre l'effroyable ouragan qui avait dévasté la Nouvelle-Orléans (Louisiane, sud) en 2005 et la gigantesque nappe de pétrole qui progresse aujourd'hui vers les côtes de la même région.

Mais la réponse totalement inadaptée du président Bush face à Katrina à l'époque fournit un point de comparaison irrésistible pour les médias américains, et les autorités du pays ont clairement tiré les leçons de ce véritable fiasco en termes de communication.

Politiquement, M. Obama doit absolument montrer que son équipe maîtrise la situation et agit avec fermeté pour limiter les dégâts.

En premier lieu, il incombe à son administration de superviser les opérations pour récupérer le pétrole qui s'échappe du puits au fond de la mer afin d'atténuer ce que le président a présenté comme une tragédie environnementale «potentiellement sans précédent».

Le président a répété à l'envi que le groupe pétrolier britannique BP qui exploitait la plateforme était responsable de la catastrophe et devrait en payer les conséquences.

Mais ce coupable bien identifié, montré du doigt avec une légère touche de chauvinisme, permet aussi de focaliser l'attention du public ailleurs que sur son administration.

La visite du président sur place dimanche semblait aussi destinée à montrer une réponse unifiée de l'administration avec une collaboration sans heurts entre BP, les autorités locales, l'armée et les garde-côtes. M. Obama a même été vu donnant l'accolade au gouverneur républicain de Louisiane Bobby Jindal.

Après le passage de Katrina, qui avait fait près de 1.500 morts, la débâcle avait été amplifiée par un manque évident de communication entre Washington et les autorités locales.

M. Obama a lui-même un jour qualifié l'attitude de l'administration Bush à l'époque comme le signe d'une «incompétence exorbitante», des propos qui seront désormais examinés à l'aune de sa propre gestion de la marée noire.

 Sa visite sur place était aussi cruciale symboliquement. Il aurait tout aussi bien pu être informé de la situation depuis Washington, mais a choisi de faire poser son avion à La Nouvelle-Orléans.

À l'époque de Katrina, le président Bush avait décidé de survoler la Louisiane sans se poser. Une photo le montrant en train de contempler la zone dévastée à travers le hublot d'Air Force One était devenue le symbole d'une administration déconnectée de la réalité.

Malgré les efforts de l'administration Obama pour se démarquer de Katrina, certaines voix se sont déjà faites entendre pour dénoncer la lenteur de la réaction de la Maison-Blanche après l'explosion de la plateforme le 20 avril.

«Le président a demandé dès le début à ses équipes de faire tout ce qui est humainement possible avec autant d'énergie que possible pour faire face à cette situation d'urgence», s'est défendu dimanche le porte-parole de la Maison-Blanche Robert Gibbs.

La Maison-Blanche s'attèle aussi à éviter que le récit de la marée noire ne suive sa propre course dans la presse, l'administration inondant quotidiennement les journalistes avec des mises à jour sur l'état des opérations.

Jusqu'ici, l'administration semble avoir réussi à ne pas se faire éclabousser par la marée noire. Mais si les efforts mis en oeuvre pour stopper la fuite devaient échouer, le risque politique augmenterait avec chaque goutte de pétrole supplémentaire.