Stephen Harper qualifie «d'horrible» la catastrophe environnementale causée par l'explosion de la plateforme de forage de British Petroleum dans le golfe du Mexique et il promet de maintenir des normes d'exploitation sévères pour éviter qu'un tel désastre ne se produise en eaux canadiennes.

Commentant pour la première fois cette catastrophe, le premier ministre a affirmé hier à la Chambre des communes que l'Office national de l'énergie du Canada (ONEC) veillera à ce que les pétrolières prennent les mesures nécessaires pour protéger à la fois l'environnement et la sécurité des travailleurs. 

M. Harper a d'ailleurs eu des mots très durs à l'endroit de British Petroleum et de Transocean, qui lorgnent un projet de forage dans les eaux de la mer de Beaufort, dans le Grand Nord canadien.

«Inacceptable»

«Le comportement de ces entreprises dans cette affaire a été tout à fait inacceptable et il serait complètement inacceptable dans notre pays», a affirmé M. Harper en réponse à une question du chef du NPD, Jack Layton.

«C'est une catastrophe environnementale comme nous n'en avons pas vu depuis longtemps. (...) Il y a des règles sévères au Canada. (...) Nous n'avons guère l'intention d'affaiblir les normes environnementales au pays. L'Office national de l'énergie du Canada est catégorique. Il n'y a pas d'activités de forage sans que l'on ait l'assurance que l'environnement sera protégé et que la sécurité des travailleurs sera assurée. Le gouvernement ne va pas tolérer le genre de situation que nous voyons dans le golfe du Mexique», a-t-il ajouté.

La plateforme qui a explosé dans le golfe du Mexique est exploitée par BP, mais elle appartient à la société Transocean.

Puits de secours obligatoire

British Petroleum détient un permis de prospection dans la mer de Beaufort et souhaite utiliser la même méthode de forage que celle qu'elle a déployée dans le golfe du Mexique. Cette méthode consiste à forer un seul puits, alors qu'il est recommandé de forer également un puits de secours au cas où une fuite de pétrole surviendrait.

Depuis quelques mois, British Petroleum et d'autres sociétés pétrolières intéressées aux gisements que contiendrait la mer de Beaufort font pression sur l'Office national de l'énergie du Canada (ONEC) pour se soustraire à cette obligation de forer un puits de secours dans le Nord canadien.

L'ONEC doit rendre une décision à ce sujet au cours des prochaines semaines. Le chef du NPD, Jack Layton, a soutenu que le premier ministre ne doit pas hésiter à infirmer une décision de l'ONEC s'il accepte la demande de pétrolières.

Le Règlement sur le forage et la production de pétrole et de gaz, que les pétrolières veulent modifier, est entré en vigueur le 31 décembre dernier. «Les règlements sont maintenant plus clairs, indique Bharat Dixit, chef de la conservation des ressources à l'ONEC. Auparavant, l'approche était normative (prescriptive), un peu comme aux États-Unis. La loi anticipait différentes situations particulières (de forage), en fonction desquelles les règlements étaient élaborés.»

M. Dixit explique que la nouvelle loi utilise des termes plus généraux, pour s'assurer que les normes de prévention et de réponse aux problèmes ne varient pas selon des conditions particulières d'exploitation.

Il est énoncé que «l'exploitant doit prendre toutes les mesures voulues pour assurer la sécurité et la protection de l'environnement».

«Je pense qu'on a maintenant une des législations les plus robustes au monde», soutient M. Dixit.

- Avec la collaboration de Paul Journet