Qui est responsable de mener les sondages à la sortie des urnes ?

Qui est responsable de mener les sondages à la sortie des urnes ?

La firme Edison Media Research est mandatée par un groupe de six médias américains (Fox, CNN, ABC, CBS, NBC et l'Associated Press) pour mener les sondages à chaud à la sortie des urnes. C'est un comité formé par ces médias qui décide quels États et quelles courses feront l'objet d'un sondage, et qui choisit les questions à poser. L'entreprise sera présente à 1000 des 110 000 points de vote aux États-Unis, et les États clés, comme la Floride ou l'Ohio, seront davantage sondés que les États où la course n'est pas serrée. Sur place, quelque 3000 employés demanderont aux électeurs qui ont déjà voté de remplir un sondage, qui est un formulaire en papier. Anonymes, les formulaires comprennent entre 15 et 20 questions portant sur la démographie, l'éducation, le candidat que l'électeur a appuyé, etc.

Est-ce que les électeurs acceptent généralement de participer ?

Le vice-président d'Edison Media Research, Joe Lenski, a dit à l'organisation Pew Research « qu'environ 45 % des électeurs » des points de vote sondés acceptent de répondre au questionnaire - ce qui est considéré comme excellent par les sondeurs : dans un sondage téléphonique, par exemple, moins de 10 % des gens contactés acceptent de répondre aux questions. M. Lenski et son équipe mettent des mois à préparer l'opération. « Le jour du vote, ma journée de travail commence un peu avant 6 h du matin et je reste debout 36 heures d'affilée. Avec un peu de chance, je vais avoir du temps mercredi pour m'effondrer et rattraper mon déficit de sommeil. » Au total, 85 000 électeurs seront sondés en personne par Edison Media Research et 16 000 électeurs ayant voté par anticipation seront sondés au téléphone.

Les sondages à la sortie des urnes sont-ils fiables ?

Il faut faire la distinction entre les résultats préliminaires, communiqués aux médias durant la journée du vote, et les résultats définitifs des sondages, connus dans la soirée et dans les jours qui suivent, explique Rafael Jacob, chercheur associé à l'Observatoire sur les États-Unis de la Chaire Raoul-Dandurand de l'UQAM. « En 2004, par exemple, des sondages préliminaires suggéraient très fortement que John Kerry allait gagner, ce qui ne s'est pas produit. Donc, mon conseil, c'est de prendre les premières données communiquées par les médias avec un très gros grain de sel. »

Donc, finalement, ces sondages ne valent pas grand-chose ?

Au contraire, ils sont très fiables... quand ils ont été complétés et pondérés. « Les échantillons des sondages à la sortie des urnes atteignent des milliers de personnes à la grandeur des États-Unis, ce qui est beaucoup mieux que les sondages téléphoniques, qui rejoignent 200, 400 ou 800 répondants. Aussi, ils sont une mine d'informations historiques. On peut ainsi connaître des choses comme le pourcentage d'Afro-Américains qui ont voté, pour qui ils ont voté, etc. On sait que 93 % des républicains ont voté pour Mitt Romney en 2012. C'est un chiffre universellement utilisé, et il nous vient des sondages à la sortie des urnes. »

L'ANNÉE VOTECASTR ? 

Cette année, un nouveau venu tentera de prédire le résultat du vote : VoteCastr. La jeune entreprise récoltera de l'information sur le déroulement du vote dans sept États clés, l'analysera et fera des projections renouvelées tout au long de la journée sur le résultat définitif des courses à la Maison-Blanche et au Sénat. C'est la première élection couverte par VoteCastr, donc on ignore si les informations qu'elle diffusera seront fiables. À suivre.