Hillary Clinton et Donald Trump ont mis un point final tôt mardi à la campagne présidentielle, offrant deux visions opposées de l'avenir à une Amérique meurtrie et divisée par 18 mois de joutes électorales d'une violence sans précédent.

Les deux candidats ont enchaîné les réunions publiques jusqu'à quelques heures de l'ouverture des bureaux de vote qui aura lieu à 6h00 sur la côte est des États-Unis. Ils ont tenu à eux deux neuf réunions dans la dernière journée de campagne.

Les sondages sont serrés avant la grande journée électorale de mardi, même s'ils donnent l'avantage à la candidate démocrate qui espère devenir la première femme présidente des États-Unis. Une victoire du républicain populiste ne peut pas complètement être exclue. Mais la carte électorale est nettement plus favorable aux démocrates.

Mme Clinton, 69 ans, a conclu sa dernière réunion en appelant à voter mardi pour une Amérique «généreuse».

Donald Trump a lui promis qu'il ferait de l'Amérique sa «priorité».

Mme Clinton a fini en musique avec Bruce Springsteen en soirée, puis Lady Gaga dans une ultime réunion peu après 1h00 du matin à Raleigh en Caroline du Nord.

Le concert en plein air de Bruce Springsteen a réuni quelque 40 000 personnes à Philadelphie, la ville de la déclaration d'indépendance. Barack Obama était là, avec sa femme Michelle, l'ancien président Bill Clinton et sa fille Chelsea.

«Vous avez une personne exceptionnelle pour qui voter, en la personne d'Hillary Clinton», a déclaré le président américain. «Je parie que vous allez rejeter la peur et choisir l'espoir», a-t-il ajouté.

Donald Trump a lui fini seul sur scène, également un peu après 1h00, à Grand Rapids dans le Michigan, avec son colistier Mike Pence. Ted Nugent, une vieille gloire du hard rock et défenseur des armes, avait chauffé la salle.

«Nous n'avons pas besoin de Jay Z ou Beyoncé, nous n'avons pas besoin (...) de Lady Gaga», a déclaré Trump, 70 ans. Nous avons seulement besoin de grandes idées», a-t-il ajouté.

Rassembler

Il a une fois encore promis de faire revenir les emplois aux États-Unis, et repris ses thèmes habituels sur la construction d'un mur à la frontière avec le Mexique, et la fin du programme en faveur des réfugiés syriens. «Nous avons assez de problèmes», a-t-il dit.

«Nous allons finalement fermer le livre d'histoire sur les Clinton et leurs mensonges, machinations et corruption», a-t-il ajouté.

Mme Clinton a pour sa part insisté à Philadelphie et Raleigh sur la nécessité de rassembler. «Nous devons combler les divisions», a-t-elle déclaré. «Je regrette profondément le ton violent qu'a pris la campagne».

Volontairement optimiste, elle s'est dite persuadée que le meilleur restait à venir pour les États-Unis, «si nous choisissons une Amérique généreuse qui inclut tout le monde».

«Je veux être la présidente de tous les Américains, démocrates, républicains, indépendants», avait-elle insisté plus tôt dans une réunion sur un campus du Michigan.

Choix clair

«Le choix ne pourrait pas être plus clair», a insisté Mme Clinton qui a traité son adversaire de «danger public». «C'est le choix entre la division et l'unité de notre pays».

Donald Trump a tenu cinq réunions en Foride, Caroline du Nord, Pennsylvanie, New Hampshire et Michigan. Mme Clinton en a tenu quatre, en Pennsylvanie (2), Michigan, et Caroline du Nord.

«Mon contrat avec l'électeur américain commence par un plan pour mettre fin à la corruption du gouvernement et reprendre notre pays aux groupes de pression», a déclaré Trump en Caroline du Nord. «Je ne suis pas un politicien, je peux le dire fièrement», a ajouté le milliardaire, ancien animateur vedette de l'émission de télé-réalité à succès «The Apprentice». «Mon seul groupe de pression, c'est vous».

«Brexit puissance trois»

«Il a dénoncé «l'élite politique qui a saigné à blanc notre pays (...) Les années de trahison vont se terminer», a-t-il promis, anticipant mardi une journée «historique. Ce sera un Brexit puissance trois».

«Hillary Clinton est la personne la plus corrompue à avoir jamais cherché à être élue président des États-Unis», a aussi répété Trump toute la journée.

Pour sa réunion dans le New Hampshire, il était entouré de ses quatre enfants adultes et de leurs trois conjoints, et de Mike Pence.

Après des semaines d'attaques féroces des deux côtés, les deux candidats ont multiplié les appels à aller voter, soucieux d'arracher la moindre voix.

Ils sont au coude à coude dans plusieurs États-clés où se jouera l'élection, dont la Caroline du Nord et la Floride. La Floride peut à elle seule décider de la présidentielle si Donald Trump la perd.

Au niveau national, Mme Clinton a 3,2 points d'avance, à 45,4% contre 42,2%, selon la moyenne des derniers sondages établie par RealClearPolitics.

La bataille a été plus difficile que prévu pour l'ancienne secrétaire d'État, ancienne sénatrice de New York et ancienne Première dame, face à Donald Trump.

Le magnat de l'immobilier populiste, sans expérience politique, grand pourfendeur de l'establishment et d'un système selon lui truqué, a su capitaliser sur le malaise d'une partie de l'électorat blanc, inquiet des changements de la mondialisation.

M. Trump, que personne n'avait au départ pris au sérieux, a vogué de crise en crise mais s'en est toujours sorti. Il a fait voler en éclats toute décence politique. Il a menti, insulté les femmes, les Mexicains, les Noirs, les musulmans, et attaqué son adversaire sans relâche.

Avant l'ouverture des bureaux de vote mardi, quelque 42 millions d'Américains avaient déjà voté grâce au vote anticipé.