«Le sort est entre vos mains», a lancé Barack Obama aux Américains à quelques jours de la la présidentielle, se joignant au tir de barrage du camp démocrate contre Donald Trump, qui sera à nouveau jeudi dans l'État très disputé de Floride.

Les derniers jours de la campagne pour la Maison-Blanche s'achèvent dans un festival d'invectives et d'accusations personnelles rarement vu dans l'histoire récente et qui insupporte de plus en plus les Américains.

Les Bourses asiatiques et européennes évoluaient de manière indécise ou à la baisse jeudi matin, dans le sillage du repli de Wall Street la veille en raison de la grande incertitude sur l'issue du scrutin du 8 novembre.

Si les Américains élisaient la première femme présidente, des États-Unis, la démocrate Hillary Clinton, cette étape historique serait assombrie par un constat: la première puissance mondiale est plus que jamais déchirée, sourde aux appels à l'unité de Barack Obama et des deux candidats qui se disputent sa succession.

«Et quand j'ai dit que le sort de la république était entre vos mains, je ne plaisantais pas», a dit le président Obama à Chapel Hill, ville étudiante de Caroline du Nord, l'un des États qui peuvent faire basculer l'élection.

Vous avez l'occasion d'écrire l'Histoire», a lancé le président sortant. «Rejetez la peur ! Choisissez l'espoir ! Votez !», a lancé Barack Obama, qui donne de plus en plus de sa personne pour soutenir Mme Clinton.

Face au resserrement des écarts entre les deux candidats dans les sondages, et dans la frénésie de la dernière ligne droite, les deux camps ont abandonné tout sens de la nuance.

Le candidat républicain a affirmé mercredi en Floride que l'élection de sa rivale risquerait de provoquer une «crise constitutionnelle sans précédent» et même une «Troisième Guerre mondiale».

Longtemps à la peine dans les sondages, le milliardaire a retrouvé un second souffle depuis la relance vendredi de l'enquête du FBI sur les courriels non sécurisés de Mme Clinton.

«Nous allons gagner la Maison-Blanche, on s'y croit déjà», a-t-il lancé, lors d'une réunion à Pensacola, toujours en Floride. Puis, se parlant à lui-même à haute voix: «Doucement Donald, restons concentrés».

Jeudi, il devait tenir une autre réunion floridienne à Jacksonville, quelques heures avant la venue du président Obama dans la même ville. Mercredi soir, Air Force One et l'avion de Donald Trump étaient tous deux sur le tarmac de l'aéroport de Miami, la Floride étant un État-clé pour la présidentielle.

«Pas une élection normale»

Attaquée sur sa probité depuis des mois, Hillary Clinton a, elle aussi, lâché ses coups face à un rival qui a «passé sa vie à dénigrer, dégrader, insulter et agresser les femmes».

Pour frapper l'esprit des Américains, elle leur a demandé d'imaginer Donald Trump dans le Bureau ovale, responsable des codes nucléaires.

«Imaginez Donald Trump, le 20 janvier 2017, prêtant serment devant le Capitole», a-t-elle dit à Las Vegas, dans l'Ouest, après avoir rendu visite à des employés de casinos.

La candidate n'évoque plus qu'en passant son programme. Ses réunions sont devenues des récitations des pires propos de Donald Trump sur les femmes, les immigrés, les musulmans...

«Si vous n'appartenez pas à une catégorie très étroite de gens auxquels il se sent lié, vous n'avez pas de place dans l'Amérique de Trump», a plaidé Mme Clinton, sévère et solennelle.

Elle a conclu par un euphémisme : «Mes amis, ce n'est pas une élection normale».

Environ 15 000 personnes lui ont ensuite fait brièvement retrouver le sourire à Tempe, sur un campus de l'Arizona -- la deuxième plus grande affluence de sa campagne.

Donald Trump «ne considère pas les Latinos comme de vrais Américains», a-t-elle insisté dans cet État qui compte une forte minorité hispanique, perdu par Barack Obama mais que les démocrates estiment pouvoir récupérer.

Sondages serrés

Les modèles du New York Times et du site FiveThirtyEight prédisent toujours une victoire de la démocrate avec respectivement 87% et 67,7% de probabilité.

Mais la moyenne des sondages montre un écart réduit à moins de deux points, certains plaçant les deux candidats à égalité.

Les états-majors préfèrent disséquer les études plus pertinentes, mais parfois contradictoires, réalisées dans la douzaine d'États-clés qui peuvent basculer d'un côté ou de l'autre.

Hillary Clinton reste en tête en Pennsylvanie, en Virginie, dans le Wisconsin, le New Hampshire et dans une moindre mesure en Caroline du Nord, selon un sondage Quinnipiac, ainsi que de peu en Floride, selon une nouvelle étude CNN/ORC.

Donald Trump la devance dans l'Iowa, l'Ohio et dans le Nevada, trois Etats qui ne suffiraient pas au républicain pour entrer à la Maison-Blanche, mais le rapprocheraient de son seuil.