Donald Trump a ciblé l'épouse du président américain vendredi, répliquant pour la première fois à l'une des alliées les plus populaires d'Hillary Clinton, jusqu'ici épargnée par le candidat républicain.

Après s'en être pris au président Barack Obama, Donald Trump en est venu lors d'un rassemblement à Fletcher, en Caroline du Nord, à «sa femme», disant: «tout ce qu'elle veut c'est faire campagne».

«Je vois qu'elle aime beaucoup Hillary. Mais n'a-t-elle pas elle-même dit à l'origine que si vous n'êtes pas capable de prendre soin de votre foyer... alors vous ne pouvez pas vous occuper de la Maison-Blanche ou du pays?», a poursuivi Donald Trump, faisant allusion aux frasques de Bill Clinton avant et pendant sa présidence. «Personne n'en parle».

De fait, Michelle Obama, en campagne pour son mari aux primaires démocrates avant l'élection présidentielle de 2008, avait déclaré à Chicago: «l'un des aspects importants de cette élection est de trouver un exemple pour la famille. Et je pense que si on n'est pas capable de gérer sa propre maison, on ne peut absolument pas gérer la Maison-Blanche».

L'actuelle Première dame des États-Unis a prononcé un discours retentissant le 13 octobre, dans lequel elle éreintait la personnalité et le comportement de Donald Trump, notamment en raison de ses propos et gestes supposés sur des femmes.

La Maison-Blanche avait averti ensuite Donald Trump. «Je ne peux pas imaginer de manière plus audacieuse pour Donald Trump de perdre encore plus de stature que de s'attaquer à la Première dame des États-Unis», avait déclaré Eric Schultz, un porte-parole de l'exécutif américain.

Clinton dénonce la «menace» Trump

Hillary Clinton a accusé vendredi Donald Trump d'être une «menace» pour la démocratie et s'est posée, sondages flatteurs à l'appui, en rassembleuse optimiste à 18 jours de l'élection présidentielle américaine.

Le candidat républicain à la Maison-Blanche «a refusé de dire qu'il respecterait le résultat de cette élection», a rappelé l'ancienne secrétaire d'État lors d'un rassemblement politique à Cleveland, dans l'Ohio, l'un des États-clés du scrutin du 8 novembre.

«En faisant cela, il menace notre démocratie», a-t-elle lancé.

Mme Clinton est désormais au coude à coude avec Donald Trump dans les derniers sondages dans cet État industriel toujours très disputé. Aucun républicain n'a gagné la Maison-Blanche sans l'Ohio, dans l'histoire récente.

«Ensemble nous devons soutenir la démocratie américaine», a insisté la candidate à la succession de Barack Obama. «Il se passe quelque chose de vraiment fantastique en ce moment; les gens se rassemblent (...) pour rejeter la haine et les divisions», a-t-elle poursuivi, en affichant sa volonté d'être la présidente de «tous les Américains».

Lors d'un rassemblement à Fletcher en Caroline du Nord, Donald Trump avait quelques heures plus tôt décrit une Amérique en déclin, ajoutant qu'il travaillait «de plus en plus dur» pour l'emporter. Il avait aussi attaqué la première dame Michelle Obama, très critique à son encontre.

La solitude de Trump

À deux semaines et demie de l'élection, tous les indicateurs semblent au vert pour Mme Clinton.

La moyenne des derniers sondages au niveau national donne à la démocrate une avance de 6 points (45,2% contre 39,2%). Et elle est en tête dans 10 des 13 États-clés du scrutin, notamment en Floride, Pennsylvanie, Michigan et Caroline du Nord.

Donald Trump a choqué même son propre camp en refusant de s'engager à reconnaître le résultat de l'élection présidentielle lors du débat mercredi: un fait sans précédent dans les annales politiques américaines, qui lui avait déjà valu jeudi d'être accusé par le président Barack Obama de «saper notre démocratie».

Le camp Clinton espère désormais une victoire massive le 8 novembre, caressant aussi l'espoir de reprendre le Sénat actuellement aux mains des républicains.

Tous les poids lourds démocrates sont mobilisés sur le terrain pour cette dernière ligne droite.

Vendredi, l'ancien président Bill Clinton a entamé un voyage en bus de deux jours en Floride.

Barack Obama s'était déjà rendu jeudi dans cet État-clé du sud-est, et sera dimanche dans le Nevada.

La Maison-Blanche a indiqué qu'il entendait multiplier les interventions dans la dernière ligne droite pour prévenir tout risque d'apathie dans son camp.

«Nombre d'éléments montrent que la plupart des Américains soutiennent les idées du camp démocrate. Le défi aujourd'hui est de s'assurer que ces électeurs s'expriment bien dans les urnes», a souligné son porte-parole Josh Earnest.

Depuis plusieurs jours, Donald Trump dénonce une élection qui sera selon lui «truquée» - d'où son refus de s'engager à en reconnaître le résultat sauf s'il gagne.

Il apparaît de plus en plus seul. En public, il ne peut plus guère compter que sur le soutien de son équipe resserrée, de sa famille et de l'ancien maire de New York Rudy Giuliani.

Même le gouverneur du New Jersey Chris Christie, pourtant chargé d'organiser sa transition si Donald Trump l'emporte, a semblé prendre ses distances ces derniers jours, refusant de répondre à une journaliste lui demandant s'il était fier de la campagne Trump.