Le département d'État américain a nié lundi tout échange de bons procédés avec la police fédérale (FBI) en 2015 pour rabaisser la classification d'un courriel confidentiel de Hillary Clinton, une affaire qui empoisonne la campagne présidentielle de la démocrate.

« L'allégation d'un quelconque quid pro quo [échange de bons procédés ou donnant-donnant, NDLR] est inexacte et ne correspond pas aux faits », a démenti le porte-parole de la diplomatie américaine Mark Toner, contestant ainsi des déclarations d'un responsable du FBI dans des documents publiés par la police fédérale lundi et évoquant ce possible échange de bons procédés.

En 2015, le département d'État passait en revue des dizaines de milliers de courriels issus de la messagerie privée de Mme Clinton, lorsqu'elle était secrétaire d'État (2009-2013) dans le but de les publier sur un site gouvernemental. Lors de ce processus, des messages ont été classés confidentiels ou secrets et donc expurgés, une classification gênante car Hillary Clinton n'était pas censée échanger des informations confidentielles sur un réseau non gouvernemental.

Le FBI a enquêté et conclu en juillet dernier que des poursuites pénales n'étaient pas justifiées, bien que le directeur James Comey ait épinglé l'ancienne chef de la diplomatie américaine pour « négligence extrême ».

Dans des notes résumant ces investigations et publiées lundi par le FBI, il est fait état de pressions de Patrick Kennedy, l'un des sous-secrétaires d'État, concernant un courriel sensible, relatif à des activités du FBI, et classé « secret ».

M. Kennedy a demandé que ce message soit déclassifié ou reclassifié dans une catégorie moins sensible. Un agent du FBI a rapporté une proposition d'échange de bons procédés, ayant réclamé à M. Kennedy que le département d'État accepte la demande du FBI de déploiement d'agents supplémentaires dans des postes diplomatiques à l'étranger.

In fine, le message en question n'a pas été déclassifié.

Le FBI, dans un communiqué lundi, a déclaré que la demande de postes n'était pas liée aux discussions sur la classification du message.

« Bien qu'il n'y ait jamais eu de contrepartie, ces allégations ont été rapportées aux responsables appropriés pour être passées en revue », indique la police fédérale.

« Il n'y a pas eu de quid pro quo », a insisté M. Toner, tout en reconnaissant que M. Kennedy et des responsables du FBI avaient bien discuté à l'époque de la classification des courriels.

Le rival républicain de Mme Clinton pour la présidentielle du 8 novembre, Donald Trump, a saisi la publication de ces notes pour dénoncer une collusion entre l'administration et la candidate démocrate.

« Ces documents du FBI sont la preuve indéniable que Hillary Clinton a fait collusion avec le FBI, le ministère de la Justice et le département d'État pour dissimuler des activités criminelles au plus haut niveau », a déclaré le général à la retraite et proche conseiller Michael Flynn.

Deux présidents de commissions parlementaires, Jason Chaffetz et Devin Nunes, ont réclamé lundi le départ de Patrick Kennedy.

Le directeur de campagne de Hillary Clinton, Robby Mook, a quant à lui relevé que les négociations internes à l'administration sur le niveau de classification de messages avant leur publication étaient banales.