Le candidat républicain à la Maison-Blanche, Donald Trump, aborde dimanche en très mauvaise posture un débat télévisé pourtant crucial contre sa rivale démocrate Hillary Clinton, au terme d'un week-end catastrophique pour lui.

À 21 h à l'université Washington de St. Louis, dans le Missouri, le milliardaire et l'ancienne secrétaire d'État se retrouveront face à deux modérateurs et un panel d'électeurs indécis, en direct sur les grandes chaînes des États-Unis.

Mais là où Mme Clinton tentera de convaincre davantage de sa stature présidentielle, M. Trump pourrait en être réduit à faire de la gestion de crise.

La faute à la révélation vendredi de propos que le magnat de l'immobilier a tenus en 2005, tellement machistes et vulgaires qu'ils ont déclenché une tempête.

Résultat, le candidat a vu fondre ses soutiens ces dernières 48 heures, y compris parmi les ténors républicains.

«Tu peux tout faire»

Dans cette vidéo filmée par NBC il y a 11 ans, Donald Trump se vante de sa façon de conquérir les femmes qui l'attirent, avec des techniques relevant du harcèlement sexuel.

«Quand t'es une star, elles te laissent faire. Tu peux tout faire», affirme-t-il, en utilisant un mot très cru pour le sexe féminin.

Ceci, au moment même où le trublion républicain, familier des outrances, a un besoin criant de rallier une partie de l'électorat féminin et modéré.

Il risque désormais au contraire de s'aliéner ces voix cruciales, à moins d'un mois du scrutin du 8 novembre.

Le débat s'annonce donc houleux, d'autant que le milliardaire avait été donné perdant après sa première confrontation avec la candidate démocrate.

Cibler Bill Clinton

Quelle stratégie adoptera donc le magnat républicain sur la défensive, pour remonter une pente d'autant plus raide qu'il se retrouve isolé et critiqué jusque dans son cercle rapproché?

Ses déclarations vendredi soir et samedi permettent d'avoir une idée sur la question: Donald Trump devrait doser humilité - en répétant ses excuses et affirmant avoir changé - et attaques contre Hillary Clinton, en ciblant son mari Bill, coupable d'aventures extraconjugales passées.

Samedi, M. Trump a retweeté un message d'une femme qui avait soutenu en 1999 avoir été violée en 1978 par le président Clinton.

Il devrait également répéter sa volonté inflexible de mener sa campagne jusqu'au bout, au nom de la fidélité à ses partisans et en dépit des appels d'élus républicains qui lui demandent de jeter l'éponge.

Les élus quittent le navire Trump

Donald Trump devra expliquer aussi comment il entend rassembler largement les Américains, alors que jusque dans son propre parti des grands noms ont annoncé samedi qu'ils ne voteraient plus pour lui.

Parmi eux figurent John McCain et Mitt Romney, deux anciens candidats à la Maison-Blanche, Arnold Schwarzenegger, ancien acteur et ex-gouverneur de Californie, ou encore l'ancienne secrétaire d'État Condoleezza Rice.

Le président républicain de la Chambre des représentants Paul Ryan s'est, lui, dit «écoeuré» par les propos de M. Trump.

Même son colistier, Mike Pence, a pris ses distances.

«Je ne peux pas défendre» les déclarations du candidat investi par le parti, a affirmé M. Pence, en saluant toutefois le fait que M. Trump ait présenté des excuses.

Melania Trump, l'épouse du milliardaire, a demandé aux Américains d'excuser son mari pour ses propos qui, selon elle, ne représentent pas qui est réellement Donald Trump.

La vidéo de 2005 «est un couteau planté dans le coeur de Trump, au débat il est certain qu'on va lui poser la question», prédit Larry Sabato, politologue de l'Université de Virginie.

«Trump ne perdra aucune voix au sein de sa base électorale, ils s'en fichent», dit cet expert. «Mais Trump ne parviendra pas à élargir sa base de soutien».