Au coude-à-coude dans les sondages, Donald Trump et Hillary Clinton ont participé hier soir à un premier débat très attendu qui a donné lieu à de vifs échanges sur l'économie, la criminalité, la question raciale et la sécurité nationale, sans toutefois permettre à l'un des candidats présidentiels de mettre son adversaire K.-O.

À son premier face-à-face de sa courte carrière politique, le magnat de l'immobilier a dominé le premier tiers du débat, mettant l'ancienne secrétaire d'État sur la défensive, l'accusant notamment d'avoir appuyé des accords de libre-échange qui ont coûté des millions d'emplois aux Américains. Il était à l'évidence mieux préparé que la rumeur ne l'avait laissé croire.

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« Pourquoi pensez-vous seulement à ces solutions maintenant ? », a demandé Trump à sa rivale qui venait d'ébaucher son plan économique. « Vous faites [de la politique] depuis 30 ans, et maintenant vous pensez à des solutions ? »

« Je pense que mon mari a fait un bon travail dans les années 90 », a répliqué Clinton en accusant le coup.

Mais Trump a perdu plusieurs points pendant le reste du débat, notamment en tentant de défendre sa décision de ne pas rendre publiques ses déclarations de revenus et sur sa participation au mouvement des birthers, ces théoriciens du complot qui ont mis en doute la légitimité du président Barack Obama.

En énumérant les raisons pour lesquelles Trump refuse selon elle de rendre publiques ses déclarations de revenus, Clinton lui a fait admettre qu'il n'avait pas payé d'impôt fédéral pendant un certain nombre d'années.

« Peut-être ne veut-il pas que le peuple américain [...] sache qu'il ne paye aucun impôt fédéral », a-t-elle déclaré.

« Cela prouve que je suis intelligent », a répliqué Trump.

« Il a donc payé zéro impôt pour les troupes, zéro pour les anciens combattants, zéro pour les écoles ou zéro pour la santé », a poursuivi Clinton, ajoutant que Trump avait « quelque chose de très important, même de terrible » à cacher.

LE MOUVEMENT DES BIRTHERS

Le débat avait lieu sur le campus de l'Université Hofstra, à Long Island. Il était animé par le chef d'antenne de NBC News, Lester Holt, qui a lui-même soulevé la question du rôle de Trump dans le mouvement des birthers. Le candidat républicain y a répondu en accusant sa rivale d'avoir contribué à lancer ce mouvement en 2008. Et il s'est félicité d'y avoir mis fin en forçant le président Obama à rendre public son extrait de naissance, en 2011.

« Je pense que j'ai fait du bon travail », a-t-il déclaré, refusant l'invitation du modérateur de s'excuser d'avoir mis toutes ces années avant de reconnaître que le président Obama était né aux États-Unis.

Clinton n'a pas hésité à critiquer ce refus.

Trump a trébuché sur une autre question, celle de la guerre en Irak, tentant vainement de prouver qu'il n'avait jamais appuyé l'intervention militaire américaine.

TRUMP PLUS AGRESSIF

Tout au long du débat, Clinton a adopté une attitude plus réservée que Trump, interrompant rarement son adversaire et esquissant un sourire pendant certaines attaques dont elle était la cible. Plus agressif, le candidat républicain a coupé la parole à sa rivale à plusieurs reprises, élevant notamment le ton pour défendre son « tempérament ». Souffrant peut-être d'un rhume, il a reniflé à plusieurs reprises.

La qualité du débat a baissé d'un cran dans la dernière partie, même si des sujets importants ont été abordés, dont la question du nucléaire et la lutte contre le groupe État islamique. Le modérateur a contribué à cette situation en demandant à Trump pourquoi il avait dit que Clinton n'avait pas « le look » et « l'énergie » pour devenir présidente.

« J'ai dit qu'elle n'avait pas l'énergie, et je ne pense pas qu'elle ait l'énergie, a répondu Trump. Pour être président de ce pays, il faut avoir une énergie formidable. »

Après avoir rappelé qu'elle avait voyagé dans 112 pays pendant son séjour à la tête du département d'État et négocié un accord de paix et un cessez-le-feu, entre autres, Clinton a ajouté : « Il a tenté de changer de sujet, passant du look à l'énergie, mais c'est un homme qui a traité des femmes de truies, de salopes et de chiennes. »

« Personne ne la prend en pitié », a rétorqué Trump en faisant allusion à la comédienne Rosie O'Donnell, cible d'une de ses insultes.