Janvier 2009. Tout juste élu à la Maison-Blanche, le président Barack Obama prononce son discours d'inauguration, sans notes mais encadré par deux fines plaques de verre montées sur trépied et sur lesquelles défile son discours.

La légende du prompteur dit «présidentiel» est née. Et, avec elle, son succès commercial et son lot de railleries.

Sept ans plus tard, ce discret appareil quasiment invisible à l'oeil nu s'est taillé une place de choix dans la campagne présidentielle américaine, tout particulièrement auprès de la candidate démocrate Hillary Clinton, qui l'utilise régulièrement pour ses grands discours.

Son rival républicain Donald Trump s'y est converti bien plus récemment et un peu malgré lui. En août 2015, il estimait encore qu'il devrait être «illégal» pour un candidat à la Maison-Blanche de s'aider d'un prompteur.

«Vous vous rendez compte à quel point ce serait facile? (...) Pas d'erreurs, pas de problèmes», ironisait-il.

Le magnat vient toutefois d'y avoir recours pour ses allocutions les plus importantes, fin juillet pour son investiture et plus récemment pour exposer ses propositions économiques.

«J'aime en utiliser à l'occasion», dit-il à présent. Et lui aussi a été séduit par le modèle «présidentiel» prisé par Barack Obama.

Le principe est simple: un écran fixé parallèlement au sol se reflète sur un ou deux miroirs inclinés et ajustables. Le discours est alors seulement visible de l'orateur, qui peut s'adresser à la droite et à la gauche de son auditoire en donnant l'illusion d'une maîtrise parfaite de son texte. Le prix tourne, lui, autour de 1500 dollars.

«C'est bien plus captivant pour le public et ça permet à l'orateur d'être plus libre de ses mouvements et de faire tout ce dont il a besoin pour faire son discours de manière charismatique», explique à l'AFP James Baker, de Teleprompter Mirror, une des quelques entreprises qui se partagent le marché aux États-Unis.

Railleries

Ces prompteurs ne sont pas réellement nouveaux et existent depuis une trentaine d'années mais les précédents locataires de la Maison-Blanche n'en étaient pas de grands adeptes. George W. Bush lui préférait ainsi le prompteur placé discrètement à l'intérieur du pupitre ou de simples notes.

«La raison pour laquelle ça a tellement fait de bruit c'est qu'Obama ne s'en cache pas», indique à l'AFP Robin Brown, manager chez Vitec, la maison-mère d'Autocue qui fabrique notamment les prompteurs «présidentiels» américains.

Selon une source, le président Obama dispose au total de 36 paires de ces prompteurs à miroirs qui l'accompagnent dans ses nombreux déplacements aux États-Unis comme à l'étranger.

«Il faut qu'ils soient là où le président se déplace, c'est comme pour une immense tournée», indique M. Brown.

Le goût du président Obama pour les prompteurs lui a toutefois valu nombre de railleries des milieux conservateurs, prompts à moquer ses longues hésitations pendant des couacs techniques.

Un compte parodique baptisé Totus - pour Telepromptor of the United States, en allusion à l'abréviation Potus (president of the United States) -, a été ainsi ouvert sur Twitter en mars 2009 et continue de rassembler plus de 7000 abonnés.

«Aux États-Unis, ce n'est pas bien vu pour un politicien d'avoir un prompteur», analyse M. Brown.

Commercialement toutefois, cette exposition a plutôt été une aubaine et certaines sociétés comme Prompter People n'hésitent plus à publier une photo du président américain sur leur site pour vanter leurs produits.

«Il y a eu une petite hausse des ventes grâce à Obama», reconnaît-on chez Autocue.

D'autres chefs d'État, notamment au Moyen-Orient, et des chefs d'entreprise ont par ailleurs suivi la tendance qui commence également à faire des émules dans le monde politique français.

Soignant sa mise en scène de dirigeant moderne, le ministre de l'Économie Emmanuel Macron avait ainsi déambulé sur scène entouré de ces prompteurs «présidentiels» lors du rassemblement de son mouvement politique «En Marche» le 12 juillet à Paris.