Hillary Clinton a estimé mercredi que son rival républicain Donald Trump était allé trop loin en suggérant, selon elle, une résistance des détenteurs d'armes en cas d'élection de la démocrate à la Maison-Blanche en novembre.

«Hier, nous avons été les témoins de nouveaux propos qui ont dépassé les bornes, dans une longue lignée de déclarations à l'emporte-pièce», a déclaré Hillary Clinton à Des Moines (Iowa).

La démocrate a énuméré la «cruauté» de son adversaire envers les parents d'un militaire américain musulman tué en Irak en 2004, son ouverture à ce que d'autres pays acquièrent l'arme nucléaire, puis le fait qu'il a, selon elle, «incité à la violence» mardi lors d'un rassemblement.

«Chacun de ces incidents démontre que Donald Trump n'a pas le caractère requis pour devenir président et commandant en chef des États-Unis», a déclaré Hillary Clinton.

Donald Trump a prévenu mardi ses partisans lors d'une réunion publique à Wilmington (Caroline du Nord) que si Hillary Clinton était élue présidente en novembre, elle pourrait nommer les prochains juges à la Cour suprême dans le but, selon lui, d'abolir le deuxième amendement de la Constitution, qui concerne le droit de posséder des armes.

Puis dans une phrase ambigüe et incomplète, il a déclaré: «Si elle a la possibilité de choisir ses juges, il n'y a rien que vous puissiez faire, les amis. Quoique les gens (qui soutiennent le) deuxième amendement... peut-être que si, je ne sais pas».

Cette formulation a été interprétée à gauche et par des éditorialistes comme un appel à peine voilé à une résistance armée. Mais Donald Trump a affirmé qu'il voulait simplement dire que les détenteurs d'armes devaient se faire entendre en allant voter en novembre lors du scrutin présidentiel.

Le camp démocrate d'Hillary Clinton cherchait mercredi à capitaliser sur ce dernier dérapage de Donald Trump en tendant la main aux Américains républicains et centristes qui seraient écoeurés par le comportement du candidat à la Maison-Blanche.

Une nouvelle moisson de défections républicaines a été annoncé mercredi par l'équipe de la candidate, qui a aussi lancé une initiative baptisée «Ensemble pour l'Amérique» pour convaincre les électeurs de changer de camp. Un moment opportun, alors qu'elle a pris une forte avance dans les sondages, avec 48% des intentions de vote contre environ 40% pour Donald Trump en moyenne.

La dernière polémique initiée par le milliardaire new-yorkais soulève une nouvelle fois la question de l'insubmersibilité du candidat, qui a survécu à des dizaines de controverses.

Mardi, il a prévenu ses partisans que si Hillary Clinton était élue présidente en novembre, elle pourrait nommer les prochains juges à la Cour suprême dans le but, selon lui, d'abolir le deuxième amendement de la Constitution, qui concerne le droit de posséder des armes. Puis dans une phrase ambigüe et incomplète, il a déclaré: «si elle a la possibilité de choisir ses juges, il n'y a rien que vous puissiez faire, les amis. Quoique les gens (qui soutiennent le) deuxième amendement --peut-être que si, je ne sais pas».

Une incitation à la violence, selon de nombreux éditorialistes et le camp Clinton, qui a immédiatement envoyé un appel aux dons général à ses sympathisants en soulignant ces propos.

Donald Trump a dénoncé cette interprétation et le rôle des médias dans l'affaire. Selon lui, il ne faisait qu'allusion au poids politique des détenteurs d'armes à feu.

Ses alliés l'ont défendu, tout en reconnaissant une formulation malheureuse.

«Quand M. Trump parle, ce n'est jamais aussi habile que ce que les gens imaginent», a dit mercredi Sam Clovis, membre de son équipe de campagne, sur CNN. Il a admis que son candidat avait des problèmes de discipline, mais estimé que l'heure n'était pas encore critique: «il reste encore beaucoup de temps cet été, la rentrée est encore loin, le premier débat est encore loin».

«Vous croyez vraiment qu'il appelait les gens à tuer Hillary Clinton ? Vous croyez vraiment ça ? Non, je pense qu'il a dit quelque chose d'idiot, c'est tout», a dit l'élu républicain du Congrès Peter King sur MSNBC.

Dan Rather

Mais de droite à gauche, les condamnations pleuvaient, maintenant Donald Trump sur la défensive, alors qu'il avait tâché de reprendre l'initiative lundi avec un discours économique.

Les républicains regrettaient aussi que l'affaire fasse de l'ombre à la publication de nouveaux messages internes montrant les liens entre le département d'État et la fondation Clinton, lors des années où Hillary Clinton dirigeait la diplomatie américaine.

La sénatrice républicaine Susan Collins, l'une des élues à avoir annoncé qu'elle ne voterait pas pour Donald Trump, a expliqué ne pas croire qu'il avait appelé au meurtre. Mais, a-t-elle dit, «Donald Trump a tenu tellement de propos désobligeants et dangereux qu'il n'est pas surprenant que ceux-ci aient été mal interprétés».

La liste des républicains s'étant désolidarisés de leur porte-flambeau officiel s'allonge chaque jour. La plupart ne disent pas pour qui ils voteront; certains ont choisi Gary Johnson, le candidat libertarien; et plusieurs ont franchi le pas et rejoint le camp Clinton.

Mercredi, l'équipe de la démocrate a triomphalement annoncé le ralliement de quelques anciens membres du cabinet du président républicain George W. Bush, ainsi que d'anciens élus du Congrès.

La candidate de 68 ans «a le caractère stable et l'expérience» nécessaires, a déclaré Carlos Gutierrez, ancien secrétaire au Commerce.

Le grand journal populaire New York Daily News, qui avait précédemment appelé à voter pour Hillary Clinton, a appelé au retrait pur et simple de Donald Trump de la course.

Mais la condamnation la plus cinglante est venue du journaliste Dan Rather, qui a présenté pendant près d'un quart de siècle le journal du soir de la chaîne CBS, avant d'être évincé en raison d'un reportage erroné.

«A tous ceux qui continuent de prétendre qu'il s'agit d'une élection normale entre républicains et démocrates, je voudrais dire que l'histoire nous regarde», a-t-il écrit sur Facebook. «Cela ne peut pas être traité comme n'importe quel scandale de campagne».