Fuites embarrassantes de WikiLeaks. Démission de la présidente du parti. Attaques acharnées de Donald Trump. Sondages non concluants. La convention qui s'ouvre aujourd'hui à Philadelphie et qui officialisera la candidature d'Hillary Clinton à la présidence des États-Unis sera plus mouvementée que prévu.

Il y a une semaine, Debbie Wasserman Schultz, présidente du Comité national du Parti démocrate, a envoyé ce message moqueur sur Twitter à Reince Priebus, son homologue républicain : « Je suis à Cleveland si vous avez besoin d'un autre président pour maintenir l'ordre à votre convention. »

Mme Wasserman Schultz ne riait plus, hier, à la veille de la convention démocrate de Philadelphie qui doit sacrer Hillary Clinton candidate à la présidence des États-Unis. Elle a annoncé qu'elle démissionnerait de son poste à la fin d'une convention qui devait contraster avec le chaos et l'improvisation de celle du Parti républicain à Cleveland. Il s'agissait de la retombée la plus directe, et spectaculaire, de la publication vendredi, par WikiLeaks, de quelque 20 000 courriels internes révélant le parti pris des responsables du Parti démocrate en faveur d'Hillary Clinton durant la course à l'investiture démocrate.

« Je sais que l'élection d'Hillary Clinton [...] est cruciale pour l'avenir de l'Amérique », a indiqué Mme Wasserman Schultz dans un communiqué, tout en promettant de continuer à faire campagne pour la candidate démocrate en Floride, où elle est représentante, et dans le reste du pays.

PHOTO SCOTT AUDETTE, REUTERS

La présidente du Comité national du Parti démocrate, Debbie Wasserman Schultz, a annoncé qu’elle démissionnerait de son poste à la fin de la convention de la formation, qui débute aujourd’hui. La représentante de la Floride quitte ses fonctions dans la foulée de la publication, vendredi, par WikiLeaks, de quelque 20 000 courriels internes révélant le parti pris des responsables du Parti démocrate en faveur d’Hillary Clinton durant la course à l’investiture.

Dans une déclaration écrite, Hillary Clinton s'est dite « reconnaissante » du travail accompli par Debbie Wasserman Schultz et confiante du « succès » de la convention démocrate.

La démission de Mme Wasserman Schultz risque cependant de ne pas suffire pour dissiper les divisions qui couvaient chez les démocrates et qui ont refait surface. Des partisans de Bernie Sanders n'ont pas digéré le contenu de certains des courriels piratés, qui confirment leur méfiance vis-à-vis de l'establishment démocrate. Et plusieurs d'entre eux sont déçus du choix du sénateur de la Virginie Tim Kaine comme colistier de Clinton, se méfiant notamment de son appui aux accords de libre-échange.

Mme Wasserman Schultz pourrait en outre recevoir au Wells Fargo Center, site de la convention démocrate, un traitement semblable à celui que les républicains ont réservé à Ted Cruz mercredi soir dernier à Cleveland. Elle insiste notamment pour prononcer un discours à la tribune de la convention, ce qui devrait lui valoir d'être copieusement huée par les partisans de Bernie Sanders.

LA FOI DE BERNIE SANDERS

L'annonce de la démission de la présidente du Comité national démocrate est intervenue au cours d'une journée fertile en rebondissements. Hier matin, à CNN, le directeur de campagne d'Hillary Clinton, Robby Mook, a accusé la Russie d'être responsable du piratage du système informatique du Comité national démocrate (voir autre texte). Peu après, à ABC, Bernie Sanders a réclamé la démission de Mme Wasserman Schultz.

Dans l'un des courriels publiés par WikiLeaks, un responsable démocrate suggère au directeur des communications du Comité national démocrate de faire en sorte que des journalistes soulèvent la question de la foi de M. Sanders. « J'ai lu qu'il était athée », écrit ce responsable en notant que la publication d'une telle information pourrait coûter des votes au sénateur dans le Kentucky et la Virginie-Occidentale. L'idée ne semble pas avoir eu de suites, mais elle illustre un parti pris dont Sanders et ses partisans se sont plaints tout au long de la course à l'investiture démocrate.

Comme certains de ses partisans, Sanders a également émis des réserves concernant le choix de M. Kaine comme colistier de Hillary Clinton.

« Il est plus conservateur que je ne le suis, a-t-il dit à NBC. Est-ce que j'aurais préféré que la secrétaire Clinton choisisse quelqu'un comme [la sénatrice du Massachusetts] Elizabeth Warren ? Oui, j'aurais préféré. »

Cela dit, M. Sanders a ajouté à CNN que son collègue de la Virginie était « 100 fois mieux que Trump, même dans ses pires jours ».

Les organisateurs de la convention démocrate ont dû être surpris d'apprendre que Debbie Wasserman-Schultz insiste pour prendre la parole au Wells Fargo Center. Avant l'annonce de sa démission, ils lui avaient retiré tout rôle public pendant la convention.