« Je ne pense pas que ce soit une coïncidence que ces courriels aient été publiés à la veille de notre convention et je pense que c'est troublant. »

L'homme qui s'est exprimé ainsi hier lors d'une entrevue à CNN s'appelle Robby Mook et occupe le poste de directeur de campagne d'Hillary Clinton. Il faisait référence à la publication par WikiLeaks de quelque 20 000 courriels piratés du Comité national démocrate (DNC).

« Ce qui nous trouble, c'est que des experts nous disent que des agents russes ont pénétré par effraction dans le système informatique du DNC, volé ces courriels et les ont disséminés par le biais de ces sites internet », a déclaré M. Mook. 

« Ce qui nous trouble, c'est que certains experts, et d'autres experts, nous disent que cela a été fait par les Russes pour aider Donald Trump. »

L'accusation extraordinaire de Robby Mook a été qualifiée d'« écran de fumée classique » par le directeur de campagne de Donald Trump, Paul Manafort.

Mais Robby Mook n'est pas le seul à évoquer ces jours-ci la relation étroite entre Trump et la Russie. À la mi-juin, le Comité national démocrate a révélé que ses courriels avaient été piratés par deux groupes liés aux services de renseignement de la Russie. En publiant vendredi les courriels du DNC, WikiLeaks n'a pas divulgué l'identité de ses sources. Mais ses révélations à la veille de la convention démocrate font le jeu de Trump en ravivant les divisions démocrates.

La Russie aide-t-elle Trump ? Poutine et ses médias ne cachent certainement pas leur préférence pour le promoteur immobilier. Et non sans raison. Le président russe a notamment dû se délecter la semaine dernière lorsque le candidat républicain a remis en question l'engagement systématique des États-Unis dans la défense des membres de l'OTAN.

Poutine a également dû se réjouir en prenant connaissance de l'unique changement exigé par le camp Trump à la plateforme du Parti républicain. À la suite de ce changement, les républicains ne promettent plus d'aider l'Ukraine à recevoir des armes létales dans sa lutte pour défendre sa souveraineté face à la Russie.

Entourage du candidat républicain

Il faut sans doute voir dans cette modification l'influence de deux des plus importants conseillers de Trump, Paul Manafort et Carter Page.

Manafort, directeur de la campagne du candidat républicain, a conseillé pendant plusieurs années l'ancien premier ministre puis président prorusse de l'Ukraine Viktor Ianoukovitch, évincé du pouvoir en 2014.

Quant à Page, conseiller de Trump pour la Russie et l'Europe, il doit la plus grande partie de sa fortune à des investissements dans des sociétés russes, dont Gazprom, devenue sous Poutine une arme majeure au service des intérêts géostratégiques de la Russie.

Donald Trump a lui-même des liens avec des entreprises et des investisseurs russes. Mais ces liens demeurent obscurs en raison du refus du candidat républicain de publier ses déclarations d'impôt sur le revenu.