Le candidat républicain à la Maison-Blanche Donald Trump a mis fin au suspense en confirmant vendredi avoir choisi comme colistier le conservateur Mike Pence, gouverneur de l'Indiana, pour l'élection présidentielle de novembre.

Après une journée de flottement et l'annulation d'une conférence de presse vendredi matin, l'homme d'affaires a finalement décidé d'en faire l'annonce sur son média préféré : Twitter.

«Je suis heureux d'annoncer que j'ai choisi le gouverneur Mike Pence comme colistier pour la vice-présidence», a écrit Donald Trump, en convoquant une conférence de presse samedi à 11 h.

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Mike Pence dame ainsi le pion à deux hommes aux personnalités plus proches de celle de Donald Trump, le gouverneur du New Jersey Chris Christie, au franc-parler légendaire, et l'ancien président de la Chambre des représentants Newt Gingrich, au passé tumultueux.Ce choix devrait rassurer l'aile conservatrice du Parti républicain, inquiète depuis le début concernant l'ancrage idéologique de Donald Trump, qui flirta dans le passé avec la gauche américaine. Mike Pence est fermement opposé à l'avortement et au mariage gai.

Les deux hommes s'attèleront maintenant à mettre le parti en ordre de marche pour la présidentielle lors de la convention d'investiture qui se tient à partir de lundi à Cleveland, dans l'Ohio.

L'équipe de la démocrate Hillary Clinton, qui n'a pas encore annoncé son colistier, a dénoncé le « choix le plus extrême jamais vu depuis une génération ».

« Il fut l'un des premiers défenseurs du Tea Party », a déclaré le président de l'équipe de campagne de l'ancienne secrétaire d'État, John Podesta.

Donald Trump avait alimenté le feuilleton vice-présidentiel toute la semaine, monopolisant de facto les médias. Après avoir annulé l'annonce de vendredi en raison de l'attentat de Nice qui a fait au moins 84 morts, il s'était défendu d'avoir eu un doute de dernière minute sur l'heureux élu.

« Non, absolument pas », s'était-il défendu jeudi soir sur Fox News. « Il serait complètement déplacé de faire une conférence de presse sur le candidat à la vice-présidence demain, alors qu'il y a tant de gens morts ».

Cette indécision avait apparemment irrité Chris Christie. Selon NBC, les deux hommes auraient eu une conversation « tendue » jeudi après-midi.

Mike Pence en quelques phrases

Mike Pence, colistier de Donald Trump pour l'élection présidentielle de novembre, est un héraut de la droite conservatrice américaine, notamment sur les questions de société. Mais il n'a pas toujours été d'accord avec son nouveau chef.

Voici quelques-unes des positions de cet homme de 57 ans, qui est gouverneur de l'État de l'Indiana depuis 2013.

Avortement

« En promulguant cette loi, nous faisons un pas important pour protéger ceux qui ne sont pas nés, tout en ajoutant une exception en cas de danger pour la vie de la mère. Je promulgue cette loi en priant pour que Dieu continue à bénir ces précieux enfants, mères et familles ».

Fer de lance du combat contre l'avortement depuis ses années d'élu parlementaire, Mike Pence a mis en place en mars dernier dans son État une loi très restrictive contre l'avortement, notamment dans le cas où un foetus serait potentiellement porteur de trisomie. Le texte a été bloqué par la justice fédérale.

Droits des gais et lesbiennes

« J'estime que le mariage est une union entre un homme et une femme, et je suis déçu que la Cour suprême ait refusé de reconnaître le rôle traditionnel des États dans la définition de l'institution du mariage dans ce pays. Notre administration continuera toutefois à respecter l'État de droit et appliquera l'arrêt de la Cour ».

Fervent opposant au mariage homosexuel, Mike Pence a dû s'incliner après la légalisation nationale décidée par la Cour suprême en juin 2015.

Il s'était auparavant, en mars 2015, attiré les foudres des défenseurs des droits des gais et lesbiennes en signant une loi dite de liberté religieuse, qui aurait selon eux permis à des commerces de refuser des clients homosexuels. « La liberté de religion est la première des libertés », avait-il alors fait valoir, rejetant toute volonté de discrimination.

Libre-échange

« Le commerce crée des emplois, mais le commerce améliore aussi la sécurité. Il est temps que nous appelions à l'adoption rapide du partenariat transpacifique ».

Ce tweet, en septembre 2014, illustre l'un des désaccords de fond entre Mike Pence et Donald Trump. Le candidat républicain à la Maison-Blanche, au discours protectionniste, a en effet dénoncé l'accord de libre-échange signé par Barack Obama avec onze pays de la région Asie-Pacifique afin de protéger les emplois américains. Mais Mike Pence appartient à l'aile plus libérale du Parti républicain.

Musulmans 

« Proposer d'interdire aux musulmans d'entrer aux États-Unis est insultant et anticonstitutionnel ».

Mike Pence avait vivement dénoncé, dans un autre tweet, la proposition de Donald Trump en décembre dernier de fermer les frontières aux musulmans.

Un désaccord qu'il minimisait mardi, interrogé par des journalistes.

Mais en tant que gouverneur, il avait annoncé en novembre qu'il suspendait, à l'instar d'une vingtaine d'autres États américains, l'accueil de Syriens dans son État de l'Indiana, par crainte qu'un jdihadiste ne se cache parmi eux.

« Civilisation occidentale en guerre »

Le troisième prétendant au poste était Newt Gingrich, 73 ans. Il ne cachait pas qu'il souhaitait ardemment être nommé.

Quelques heures après l'attentat dans le sud-est de la France, il était à nouveau à la télévision, reprenant à son compte la proposition anti-musulmans de Donald Trump qui a fait couler beaucoup d'encre.

« La civilisation occidentale est en guerre », a dit M. Gingrich sur Fox News, véritable carrefour médiatique des conservateurs. « Nous devrions soumettre à un examen toute personne qui se trouve ici et a des origines musulmanes, et s'ils croient à la charia, il faut qu'on les expulse. C'est incompatible avec la civilisation occidentale ».

Comme après les attaques de Paris, San Bernardino, Bruxelles et Orlando, Donald Trump s'est présenté comme un homme à poigne, dénonçant le laxisme ou l'incompétence supposée du président Barack Obama face à la menace djihadiste.

Depuis plusieurs jours, il reprend le thème de la loi et de l'ordre public qui avait fait le succès de Richard Nixon à la présidentielle de 1968.

« Je suis celui qui croit en l'ordre public », a redit M. Trump. « Ça commence avec les frontières. Nous devons empêcher les gens de rentrer dans ce pays quand on ne sait pas qui ils ne sont ni d'où ils viennent ».

Donald Trump avait par ailleurs engrangé une victoire politique notable à Cleveland jeudi. Un groupe de délégués opposés à son investiture a perdu une bataille de procédure lors de travaux d'un comité préparatoire.

Ils voulaient forcer un vote de l'ensemble des 2472 délégués pendant la convention pour autoriser un vote de conscience pour la désignation du candidat, ce qui aurait pu permettre d'affranchir les délégués des résultats des primaires.

Mais cette proposition a été tuée dans l'oeuf. « Ils ont été écrasés hier soir à Cleveland », s'est félicité M. Trump vendredi matin sur Twitter.