Loin de provoquer l'union nationale, l'attentat d'Orlando de ce week-end a creusé le fossé entre le républicain Donald Trump et la démocrate Hillary Clinton dans la campagne présidentielle, les deux candidats s'attaquant tant sur les leçons que les propositions.

Dès la première phrase de son discours lundi à Manchester, Donald Trump a attaqué le président Barack Obama et Hillary Clinton. Il a mis les attentats d'Orlando et San Bernardino en décembre sur le compte du laxisme des autorités et de l'ouverture des frontières au nom de ce qu'il appelle le «politiquement correct».

À l'inverse, Hillary Clinton en a appelé à «l'esprit du 12 septembre», ce sentiment d'unité nationale ayant suivi les attentats de 2001. Elle n'a pas cité Donald Trump et affirmé en exergue: «la politique n'a pas sa place aujourd'hui».

Mais tout en déroulant son plan de lutte contre la menace djihadiste, la candidate a taclé son adversaire en critiquant, sans le nommer, sa proposition de fermer les frontières aux musulmans ou de surveiller la communauté musulmane. Elle s'est même permise de souligner que les États-Unis étaient le «pays du «nous», pas du «moi»», une allusion évidente au milliardaire new-yorkais.

Et, véritable casus belli pour les républicains, Hillary Clinton a rouvert la boîte de Pandore du débat sur les armes à feu, appelant à l'interdiction des armes semi-automatiques.

Trump et l'immigration

Pour Donald Trump, la menace terroriste est directement liée à l'immigration.

«Quand je serai élu, je suspendrai l'immigration en provenance de régions du monde ayant un passé avéré de terrorisme contre les États-Unis, l'Europe ou nos alliés, jusqu'à ce que l'on comprenne pleinement comment mettre fin à ces menaces», a-t-il déclaré, sans préciser le périmètre d'une telle mesure.

«Nous sommes dirigés par un homme qui n'est pas assez dur, ou pas assez intelligent, ou alors il a autre chose en tête», avait-il dit sur Fox News plus tôt, insinuant que Barack Obama avait d'éventuelles sympathies pour l'idéologie islamiste. La Maison-Blanche a estimé que la phrase ne méritait pas de réponse.

En décembre dernier, après les attentats de Paris et de San Bernardino, Donald Trump avait proposé de fermer temporairement les frontières aux musulmans, là encore selon des critères flous (comment vérifier la religion d'une personne?)

«Nous ne pouvons pas continuer à laisser entrer des milliers et des milliers de personnes dans notre pays, dont beaucoup pensent de la même façon que ce tueur sauvage», a-t-il dit lundi en évoquant le tueur d'Orlando, Omar Mateen, né aux États-Unis de parents afghans.

«La seule raison pour laquelle ce tueur se trouvait en Amérique est que nous avons autorisé sa famille à venir ici», a-t-il déclaré.

«L'islam radical est anti femmes, anti gai et anti Américains», a-t-il dit.

Au passage, le républicain a rendu hommage à la communauté gaie et lesbienne. «C'est une attaque contre la volonté des gens de vivre leurs vies, aimer qui ils le souhaitent et exprimer leur identité», a-t-il dit. «Hillary Clinton ne pourra jamais revendiquer d'être l'amie de la communauté gaie tant qu'elle continuera à soutenir une politique migratoire qui laisse entrer des extrémistes islamiques dans le pays». 

Clinton et les armes

Hillary Clinton, dans un rassemblement à Cleveland transformé en discours solennel, sans musique et sur un décor de drapeaux américains, a déclaré que l'identification de loups solitaires serait une priorité de son administration, promettant des moyens supplémentaire pour le renseignement et les forces de l'ordre.

Mais politiquement, elle a mis l'accent sur le dossier hyper partisan des armes à feu. Comme en décembre dernier, Hillary Clinton s'est dite favorable à l'interdiction des armes d'assaut, ces pistolets ou fusils semi-automatiques utilisés par les auteurs de fusillades.

«Les armes de guerre n'ont pas leur place dans nos rues», a-t-elle déclaré, une phrase qu'on devrait entendre tout au long des prochains mois.

La probabilité que le Congrès, à majorité républicaine, adopte une telle interdiction est quasi-nulle. Mais l'objectif des démocrates est d'en faire une question centrale des élections de novembre.