Le candidat à la Maison-Blanche Donald Trump a à nouveau accusé un juge de partialité à son égard dans la plainte pour fraude qui vise son ex-«université», parce qu'il est d'origine mexicaine, déclaration condamnée par les démocrates et un haut allié républicain.

La remise en cause de l'indépendance d'un juge en raison de son origine s'ajoute aux attaques contre les médias lancées par Donald Trump, qui a déclaré vouloir modifier les lois sur la liberté de la presse afin de faciliter les poursuites judiciaires contre les journalistes.

Donald Trump a déclaré dans une interview au Wall Street Journal jeudi que le juge fédéral Gonzalo Curiel, à San Diego, avait « un conflit (d'intérêts) absolu » dans les poursuites sur la défunte « université » Trump, parce qu'il était « d'origine mexicaine » et membre d'une association de juristes latinos. Le juge est Américain, né dans l'Indiana de parents mexicains immigrés.

Selon Donald Trump, le juge lui est défavorable en raison de sa proposition de construire un mur à la frontière avec le Mexique dans le but de stopper l'immigration clandestine. « Je construis un mur. C'est un conflit d'intérêts inhérent », a dit Donald Trump au journal.

Il a aussi souligné que le juge Curiel avait autrefois travaillé avec l'un des avocats des plaignants comme procureurs.

Ce n'est pas la première fois que l'homme d'affaires s'en prend à ce juge, dans une procédure qui devrait le conduire devant les tribunaux. En février, il avait déjà insinué que le juge Curiel lui en voulait personnellement parce qu'il était « hispanique » ou « espagnol ». Lors d'une réunion politique à San Diego vendredi dernier, il avait consacré plusieurs minutes à dénoncer le juge « hostile », en rappelant qu'il était « mexicain ».

Sa nouvelle charge suit la publication cette semaine par la justice de nouveaux documents embarrassants sur l'institut de formation fondé par Donald Trump en 2004.

Des ex-employés de la structure, fermée en 2010, y décrivent des pratiques trompeuses voire frauduleuses, faisant écho aux plaintes collectives déposées par d'anciens « étudiants » qui assurent avoir été floués.

Inapte à présider un pays d'immigrés

« Je trouve ça horrible. Je trouve ça scandaleux », a réagi Hillary Clinton après un rassemblement politique en Californie, sur la chaîne MSNBC.

« Le juge Curiel et sa famille incarnent parfaitement le rêve américain », a aussi réagi Lorella Praeli, de son équipe de campagne. « Le fait que Donald Trump ne considère par le juge Curiel et sa famille comme des Américains le rend inapte à présider ce grand pays, un pays d'immigrés. Dans l'Amérique selon Trump, la famille latino n'est pas vraiment américaine ».

Illustrant le malaise au sein du camp républicain, le président de la Chambre des représentants, Paul Ryan, a également condamné la sortie, même s'il s'était rallié la veille au milliardaire, avec beaucoup de réticence.

Trump dénonce les manifestants

Par ailleurs, Donald Trump, a dénoncé vendredi les manifestants qui ont provoqué des violences aux abords d'un de ses rassemblements politiques californiens la veille.

« Le rassemblement de San Jose hier soir était super », a écrit le candidat sur Twitter. « Forte affluence. Dehors, un petit groupe de voyous a brûlé le drapeau américain ! »

« Mes partisans seraient bien plus durs s'ils le voulaient, mais heureusement, ils ne sont pas hostiles », a-t-il aussi écrit.

Des bagarres ont éclaté entre pro et anti-Trump à l'extérieur de sa réunion publique de San Jose, des incidents devenus récurrents.