Donald Trump pointe systématiquement du doigt les journalistes, qualifiés de «malhonnêtes» et «dégoûtants» lors de ses rassemblements. S'il était élu président, le candidat républicain a promis mardi qu'il ne changerait pas d'attitude contre les médias, sur lesquels il a pourtant construit son succès.

Le candidat à la Maison-Blanche a participé à une conférence de presse tendue mardi à la tour Trump de New York avec des journalistes, allant jusqu'à insulter en direct un reporter de télévision.

Le milliardaire avait convoqué la presse afin d'annoncer la liste des associations d'aide aux anciens combattants ayant reçu des fonds levés par ses soins. Fin janvier, il avait clamé avoir levé six millions de dollars pour de telles organisations caritatives, mais il s'était refusé jusqu'à présent à rendre publics les noms et les montants exacts, malgré les demandes répétées des médias américains pour qui le compte n'y était pas.

Donald Trump a spécifiquement pointé du doigt un reporter de la grande chaîne ABC, Tom Llamas. «Vous êtes un fumier car vous connaissez les faits», a lancé Donald Trump.

Le candidat reproche aux médias de l'avoir accusé de ne pas avoir levé tout l'argent promis. De fait, il a annoncé mardi avoir récolté 5,6 millions de dollars, moins que les six millions promis, mais il a ajouté que les sommes finales pourraient dépasser ce montant. Il a lu à haute voix les montants distribués à plusieurs associations, et annoncé qu'il avait personnellement donné un million de dollars à la Marine Corps Law Enforcement Foundation.

«L'argent a été dépensé. Je voulais que cela reste privé», a-t-il assuré. Il avait pourtant mis en scène l'annonce des dons, le 28 janvier dans l'Iowa, organisant un meeting en concurrence d'un débat télévisé, qu'il avait boycotté pour protester contre une journaliste de la chaîne organisatrice, Fox News.

«La presse devrait avoir honte», a-t-il dit. «Ils sont furieux que j'ai envoyé des chèques aux gens».

Lois sur la diffamation

Est-ce qu'un président Trump continuera à attaquer la presse depuis la Maison-Blanche, lui a demandé un journaliste.

«Vous pensez que je vais changer? Je ne changerai pas», a dit Donald Trump. «Ce sera comme ça», a-t-il dit, «si la presse écrit des articles faux».

«Je continuerai à attaquer la presse», a ajouté le candidat. «Je trouve que la presse politique est incroyablement malhonnête».

Il s'en est aussi pris au rédacteur en chef de la revue conservatrice Weekly Standard, Bill Kristol, le traitant de perdant. Le conservateur appartient fermement au camp anti-Trump et a évoqué sur Twitter la possibilité d'un candidat tiers à la présidentielle de novembre, ce qui pourrait cannibaliser les voix de Donald Trump face à Hillary Clinton.

Les journalistes qui couvrent Donald Trump ont l'habitude d'être maltraités verbalement par le candidat. Il a attaqué personnellement sur Twitter des reporters dont il estimait le travail biaisé, notamment au New York Times. Il a longtemps critiqué Megyn Kelly, journaliste vedette de Fox News, après qu'elle lui a posé des questions sur ses déclarations sexistes, avant de se réconcilier avec elle récemment.

Plus grave, du point de vue de la liberté de la presse, il a affirmé qu'en cas de victoire à la présidentielle, il «rouvrirait» les lois américaines sur la diffamation afin qu'il puisse poursuivre en justice les médias qui écriraient «des articles sciemment négatifs et horribles», comme il l'a expliqué en février.

Mais au jour le jour, le candidat est omniprésent à la télévision, notamment sur les chaînes d'information en continu comme Fox News et CNN. Il intervient très régulièrement sur les antennes, souvent par téléphone.

Et une estimation du New York Times a montré en mars que les médias l'avaient couvert beaucoup plus que tous les autres candidats, pour l'équivalent de deux milliards de dollars, soit plus de deux fois plus que la couverture de la démocrate Hillary Clinton.