La candidate démocrate à la présidentielle américaine Hillary Clinton a essuyé un coup dur dans le scandale politique de ses courriels qui l'empoisonne depuis 18 mois, un audit gouvernemental fustigeant l'usage d'une messagerie privée lorsqu'elle pilotait la diplomatie américaine.

> Consultez le rapport de l'inspecteur général (en anglais seulement)

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Une nouvelle gifle dans ce feuilleton sans fin pour l'ancienne secrétaire d'État qui espère succéder au président Barack Obama à la Maison Blanche, mais qui reste aux prises avec son concurrent démocrate Bernie Sanders, tout en se préparant à un duel le 8 novembre avec son rival républicain Donald Trump.

C'est dans ce contexte d'une campagne acharnée que l'inspecteur général du département d'État, un organe administratif indépendant, a rendu public un rapport d'enquête au vitriol sur les pratiques des chefs de la diplomatie américaine depuis le début des années 2000 - de Colin Powell à John Kerry - en matière de communications par courriels. 

«Failles systématiques»

L'audit dénonce «des failles de longue date et systématiques liées aux communications et enregistrements électroniques», du temps où Mme Clinton était à la tête du ministère des Affaires étrangères (2009-2013).

Dans un document très détaillé, l'inspecteur général souligne que les «directives» du département d'État étaient devenues «beaucoup plus précises et sophistiquées» sous le mandat de Hillary Clinton.

Lorsqu'elle était ministre, elle «utilisait des appareils mobiles pour des activités officielles et a largement eu recours à un compte courriel personnel sur son serveur privé», critique l'organe administratif américain.

Or «le bureau de l'inspecteur général n'a trouvé aucune preuve que la secrétaire d'État avait demandé ou obtenu des directives ou l'approbation pour mener ses activités officielles via un compte courriel personnel sur son serveur privé», fustige le rapport.

Lorsque l'affaire avait éclaté fin 2014, Hillary Clinton avait remis 55 000 pages papier d'courriels, soit 30 000 courriels, à son ancien ministère. Sous injonction de la justice, le département d'État les a épluchés et publiés au fur et à mesure jusqu'en mars dernier, à l'exception de courriels dont le contenu a été jugé trop sensible et qui ont été requalifiés a posteriori.

Environ 2000 messages ont été ainsi classifiés comme «confidentiels» a posteriori, 65 autres l'ont été à l'échelon supérieur «secret» et ont été en partie expurgés et 22 courriels ont été jugés «top secrets» et n'ont pas été publiés.

La favorite du camp démocrate à la présidentielle maintient qu'aucun de ces courriels n'était classifié lorsqu'elle les avait envoyés depuis sa messagerie et son serveur privés entre janvier 2009 et février 2013.

Certes, a concédé son porte-parole, «nous reconnaissons que des mesures auraient dû être prises pour garantir que le gouvernement puisse mieux conserver des données officielles». Mais, a-t-il fait valoir concernant la sécurité des communications gouvernementales, «rien ne prouve que le serveur de la secrétaire d'État ait été violé».

De son côté, le département d'État, aujourd'hui dirigé par John Kerry, n'a pas pu certifier mercredi que le compte de Mme Clinton n'avait pas été piraté à l'époque.

«Hillary la malhonnête» 

Celle qui aspire à diriger la première puissance mondiale reste embourbée depuis un an et demi dans une controverse, au départ administrative et technique, qui s'est très vite transformée en une énorme polémique politique.

L'utilisation d'un compte privé à des fins professionnelles, bannie par les règles de l'administration américaine, vaut à Mme Clinton d'être la cible des républicains qui lui reprochent d'avoir mis en péril la sécurité nationale en n'utilisant pas les serveurs officiels sécurisés. Ils l'accusent aussi d'avoir voulu cacher des échanges et des dossiers diplomatiques sensibles.

Le milliardaire Donald Trump, lors d'un rassemblement mercredi en Californie, l'a une nouvelle fois appelée «Hillary la malhonnête» (crooked Hillary).

Le parti républicain a aussi moqué le «dernier chapitre de cette longue saga», accusant même l'ancienne Première dame de «ne pas avoir dit la vérité depuis le premier jour».

«Les enjeux de cette élection sont trop élevés pour confier la Maison Blanche à quelqu'un qui manque de jugement et qui méprise la loi comme Hillary Clinton», a attaqué le président du parti, Reince Priebus.

Cette affaire des courriels a conduit il y a plusieurs mois le FBI à enquêter et à interroger le plus proche entourage de Mme Clinton. Elle-même devrait l'être prochainement, avait affirmé il y a quelques semaines le Washington Post.