C'est le temps de trouver un colistier! C'est ce qu'a dit Donald Trump aux médias américains au lendemain de sa victoire lors des primaires de l'Indiana, victoire qui a entraîné coup sur coup les retraits de Ted Cruz et de John Kasich, ses deux derniers rivaux dans la course à l'investiture républicaine. Vers qui le regard du multimilliardaire excentrique se tournera-t-il? Voici quelques républicains pressentis.

John Kasich

« Je voudrais quelqu'un qui a vraiment du talent pour interagir avec le Sénat, pour interagir avec le Congrès, qui puisse faire voter des lois. » Voilà comment Donald Trump a décrit son acolyte de rêve à la chaîne NBC. Et le gouverneur de l'Ohio, John Kasich, qui vient tout juste de mettre fin à sa campagne, doit figurer en haut de la liste, selon John Parisella, fellow du Centre d'études et de recherches internationales de l'Université de Montréal (CERIUM) et ancien délégué du Québec à New York. « C'est un gouverneur populaire qui a aussi siégé à la Chambre des représentants. Il a réussi à remporter son État, un État pivot, pendant les primaires. C'est le choix idéal », estime M. Parisella. Selon les plus récents sondages, le gouverneur modéré est le seul politicien républicain qui pourrait battre Hillary Clinton lors des élections de novembre. M. Parisella note aussi que Donald Trump a peu attaqué John Kasich pendant sa campagne. « Il aura cependant à mener une opération de charme s'il veut que John Kasich accepte d'être son colistier », croit-il.

PHOTO YURI GRIPAS, AGENCE FRANCE-PRESSE

Selon les plus récents sondages, John Kasich est le seul politicien républicain qui pourrait battre Hillary Clinton lors des élections de novembre.

Susana Martinez

La gouverneure du Nouveau-Mexique, un autre État pivot, apparaît aussi sur plusieurs listes de colistiers potentiels. « Le choix du colistier va dépendre du message que veut envoyer Donald Trump. S'il veut quelqu'un qui le complète, notamment auprès de l'électorat féminin, son choix pourrait se porter sur Susana Martinez. Cette dernière est aussi latina », note Louis Collerette, chercheur et coordonnateur de l'Observatoire sur les États-Unis de la chaire Raoul-Dandurand de l'UQAM. Ombre au tableau : Mme Martinez a qualifié d'« horribles » les commentaires de Donald Trump sur les Mexicains en début de campagne. Ce dernier avait dit que le Mexique envoyait ses pires éléments - « les criminels », « les violeurs » - aux États-Unis.

PHOTO RUSSELL CONTRERAS, ASSOCIATED PRESS

La gouverneure du Nouveau-Mexique, Susana Martinez, apparaît sur plusieurs listes de colistiers potentiels.

Joni Ernst

Élue en 2014, cette sénatrice de l'Iowa est aussi parmi les candidates pressenties. Avant de lancer sa carrière politique en 2011, Mme Ernst a occupé divers postes dans l'armée pendant 23 ans. Quand elle a pris sa retraite des forces armées américaines, elle était lieutenante-colonelle dans la Garde nationale. « C'est une étoile montante du Parti républicain. Comme Trump, elle a été portée au pouvoir par une vague de frustration envers l'élite républicaine », note Louis Collerette. Depuis le début de sa campagne, la vedette de téléréalité courtise les vétérans et promet d'améliorer leur sort. Cependant, le mois passé, Mme Ernst a critiqué ouvertement Donald Trump par rapport à ses positions sur les femmes. « J'encourage les femmes à dire : "Vous savez quoi, je suis peut-être d'accord avec [Trump] sur telle ou telle politique, mais je ne vais pas tolérer ses idioties [sur les femmes]", a-t-elle dit à la chaîne NBC.

PHOTO CHARLIE NEIBERGALL, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Avant de lancer sa carrière politique en 2011, Joni Ernst a occupé divers postes dans l’armée pendant 23 ans.

Marco Rubio

Les couteaux ont volé bas entre Marco Rubio, le sénateur de Floride, et Donald Trump pendant les primaires. Donald Trump s'est maintes fois moqué du « petit Marco » et de ses « grandes oreilles ». Marco Rubio a pour sa part fait les manchettes en commentant la petite taille des mains de Donald Trump (et en laissant entendre que son organe masculin était tout aussi minuscule). Néanmoins, le fait que Marco Rubio est jeune, qu'il est issu de l'importante minorité hispanique, qu'il a une certaine expérience politique et qu'il est originaire de l'État-clé de Floride pourrait faire de lui un colistier potentiel, croit John Parisella. « Puisqu'il n'aura plus de poste au Sénat, ayant décidé de tout miser sur la course à l'investiture, Rubio pourrait peut-être être convaincu », croit pour sa part Louis Collerette.

PHOTO PAUL SANCYA, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Le fait que Marco Rubio est jeune, qu’il est issu de l’importante minorité hispanique, qu’il a une certaine expérience politique et qu’il est originaire de l’État-clé de Floride pourrait faire de lui un colistier de choix, croit l’analyste John Parisella. 

Chris Christie

Le gouverneur du New Jersey, Chris Christie, a été l'un des premiers candidats à l'investiture républicaine à donner son soutien à Donald Trump lorsqu'il a décidé de se retirer de la course, en février. « Il a pris un risque en appuyant Donald Trump très tôt dans la campagne, alors que ce n'était pas un choix populaire », dit Louis Collerette. Selon lui, connu pour son caractère batailleur, Chris Christie, s'il était colistier, pourrait être l'attaquant en chef contre Hillary Clinton, laissant Donald Trump conserver une image « plus présidentielle ». John Parisella, pour sa part, ne croit pas que Christie soit sur la liste des favoris. « Le New Jersey n'est pas un État payant pour les républicains. Et Christie a eu l'air d'un opportuniste en sautant sur Trump au moment de quitter la course », dit le mordu de politique américaine.

PHOTO MEL EVANS, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Le gouverneur du New Jersey, Chris Christie, a été l’un des premiers candidats à l’investiture républicaine à donner son soutien à Donald Trump lorsqu’il a décidé de se retirer de la course, en février.

Rand Paul

Autre candidat déchu de la course à l'investiture républicaine, Rand Paul, sénateur du Kentucky issu de l'aile libertarienne du Grand Old Party, a maintes fois remis en doute la capacité de Donald Trump à gouverner et à être responsable de l'arsenal nucléaire du pays. En janvier, cependant, il a assuré qu'il soutiendrait Trump s'il remportait l'investiture républicaine. « Le colistier de Donald Trump pourrait être quelqu'un comme Rand Paul. Il a été un bouledogue au Congrès. Mais ça va dépendre de l'image que Donald Trump va vouloir envoyer », croit Guy Lachapelle, professeur de science politique à l'Université Concordia.

PHOTO BRIAN C. FRANK, ARCHIVES REUTERS

Rand Paul, sénateur du Kentucky, a maintes fois remis en doute la capacité de Donald Trump à gouverner et à être responsable de l’arsenal nucléaire du pays.