Cinq États votent mardi pour les primaires présidentielles américaines où Hillary Clinton espère définitivement prendre le large chez les démocrates et Donald Trump endiguer la contre-offensive de ses poursuivants républicains.

Des millions d'Américains du Delaware, Maryland, Rhode Island, Pennsylvanie et Connecticut sont appelés à voter dans les écoles, gymnases et autres lieux réquisitionnés pour ce nouveau «super mardi», à un mois et demi de la fin des primaires.

À la fermeture des bureaux de vote à 20h00, aucun des deux favoris ne pourra toutefois mathématiquement atteindre la majorité requise de délégués pour l'investiture de leur parti.

Le grand nombre de délégués en jeu devrait toutefois les rapprocher de leur but, surtout Hillary Clinton qui a déjà une avance quasi-insurmontable sur son rival, le sénateur Bernie Sanders. Selon les derniers sondages, elle est très bien placée dans les deux plus grands États, la Pennsylvanie et le Maryland.

Chez les républicains, Donald Trump devrait s'imposer dans les cinq États. Mais pour lui l'important n'est pas seulement de gagner les primaires restantes: il lui faut s'imposer avec un très fort pourcentage. Il a besoin de rafler 58% des délégués encore en jeu pour ravir l'investiture de façon incontestable (il a aujourd'hui 846 délégués et doit atteindre la majorité absolue de 1237).

Toute la stratégie des deux autres candidats est de l'arrêter avant cette barre fatidique, afin de provoquer un événement jamais vu depuis 40 ans: une convention d'investiture «ouverte» ou «disputée», lors de laquelle les délégués devront voter, autant de fois que nécessaire, afin de dégager une majorité absolue. La convention républicaine aura lieu à Cleveland en juillet.

Désireux de ne plus diviser les voix des républicains opposés à Donald Trump, Ted Cruz et John Kasich ont révélé dimanche un pacte de non agression dans trois États qui voteront plus tard, dont l'Indiana (3 mai) où John Kasich ne fera pas campagne afin de doper les chances de Ted Cruz.

L'annonce de cette alliance a fait rugir le camp Trump, qui dénonce une collusion.

«En affaires ou en bourse, si vous êtes pris pour des faits de collusion, vous finissez en prison, mais pas en politique, parce que le système est truqué», a lancé Donald Trump lors d'un rassemblement à Warwick, dans le Rhode Island. «Ça nous montre qu'ils sont faibles et pathétiques».

Hillary Clinton proche du but

Mais les républicains justifient leur partenariat en disant aux conservateurs qu'une investiture de Donald Trump garantirait l'élection en novembre de Hillary Clinton à la présidence, l'investiture démocrate de celle-ci ne faisant à leurs yeux aucun doute.

Bernie Sanders, après une extraordinaire campagne qu'il avait commencée avec une notoriété quasi-nulle, a engrangé une série de victoires en mars et avril, mobilisant des centaines de milliers de personnes dans d'immenses rassemblements.

Son message anti-système, anti-Wall Street et très à gauche a soumis Hillary Clinton à un examen plus rigoureux qu'elle ne l'imaginait en lançant sa candidature.

«J'aime son message, son courage», a expliqué à l'AFP Lucy Freeman, 79 ans, qui s'apprêtait à voter dans une école primaire de Chevy Chase, dans le Maryland.

Dans la commune voisine de Bethesda, Warren Margolis, venu voter avec son bébé de quelques mois dans les bras, prenait lui la défense d'Hillary Clinton: «Elle est la candidate qui comprend le mieux l'agenda politique et sera la plus efficace si elle devient» présidente.

Mme Clinton a 1452 délégués (contre 1199 à M. Sanders), sans compter environ 500 «super délégués» (élus et responsables du parti) qui lui sont favorables, selon CNN. La majorité requise est de 2383.

«Si nous voulons gagner l'investiture pour Hillary une bonne fois pour toutes, nous avons besoin d'une grosse victoire demain», a écrit lundi Robby Mook, son directeur de campagne, dans un message de levée de fonds.

Son défi consiste désormais à rassembler le camp démocrate, comme Barack Obama avait dû le faire à l'issue des éprouvantes primaires de 2008, mais Bernie Sanders ne s'avoue pas vaincu: «Je compte faire tout ce que je peux, si je ne suis pas le candidat démocrate retenu, pour être sûr qu'un républicain ne siègera pas à la Maison-Blanche, mais pour le moment on va se battre jusqu'à la convention de Philadelphie et on va remporter autant de délégués que possible», a-t-il encore dit mardi matin sur ABC.

PHOTO MATT ROURKE, AP

Hillary Clinton est accueillie par ses partisans lors d'un rassemblement à l'hôtel de ville de Philadelphie, le 25 avril.