Le groupe État Islamique (EI) a subi vendredi un double revers en Syrie avec la perte de la moitié de la ville de Palmyre et de son aéroport ainsi que la mort d'un de ses plus importants dirigeants.

L'organisation djihadiste est également sous pression en Irak, où a été lancée une offensive militaire pour la reprise de la province de Ninive (nord) et sa capitale Mossoul, fief de l'EI. Les forces irakiennes ont ainsi pu sécuriser vendredi quatre villages au sud de Mossoul qu'elles avaient repris la veille aux djihadistes.

En Syrie, les forces prorégime ont pris vendredi de la moitié de la ville de Palmyre (centre), prise il y a dix mois par l'EI, une organisation qui, selon les États-Unis, va être « freinée » par la mort dans une opération américaine d'Abdel Rahmane al-Qadouli, présenté par Washington comme son no2.

Selon une source militaire, « les forces progouvernementales, qui bénéficient du soutien de l'aviation russe, se sont emparées de la moitié de Palmyre ainsi que de l'aéroport », qui se trouve à l'est de la cité, et ont également coupé la route reliant Palmyre à Deir Ezzor, un fief de l'EI dans l'est syrien.

Une autre source militaire, citée par la télévision syrienne, a par ailleurs indiqué que l'armée « en coordination avec les (miliciens) des Forces de défense nationale » avait pris le contrôle de l'ancienne citadelle de Palmyre.

L'EI avait chassé l'armée syrienne de Palmyre en mai 2015 et contrôlait depuis cette ville et ses ruines antiques, classées au patrimoine mondial de l'Unesco.

Les forces prorégime « se trouvent à 600 mètres (...) du coeur des ruines mais avancent lentement à cause des mines », a affirmé à l'AFP le directeur des Musées et Antiquités de Syrie.

« Palmyre sera bientôt entièrement libéré », a ajouté Maamoun Abdelkarim, qui a assuré que l'armée avait « libéré le quartier des hôtels et restaurants ainsi que la Vallée des tombeaux », célèbre pour ses tours funéraires, dans le sud-ouest de la ville.

« Nettoyage culturel »

Selon une source militaire, des combats de rues ont également lieu dans deux quartiers du nord-ouest de Palmyre.

D'après l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, 24 djihadistes ont perdu la vie vendredi dans des frappes aériennes et les affrontements alors que 18 membres des forces prorégime ont été tués par des mines et dans les combats.

M. Abdelkarim dit avoir demandé aux autorités syriennes « de préserver la cité (antique) des destructions », où l'EI a déjà réduit en poussière plusieurs trésors archéologiques comme l'Arc de triomphe et les temples de Bêl et de Baalshamin, des symboles de l'essor de cette cité de plus de 2000 ans.

« À mesure que nous approchons du site antique, nous utilisons moins d'armes lourdes et d'artillerie pour ne pas porter atteinte à ce qui reste des ruines », a affirmé une source militaire.

La directrice générale de l'Unesco, Irina Bokova, a salué vendredi l'offensive de l'armée syrienne. « Depuis un an, le saccage de Palmyre est le symbole du nettoyage culturel qui sévit au Moyen-Orient », a-t-elle dit, qualifiant la cité antique de « ville martyre ».

Le ministère russe de la Défense Russie a par ailleurs indiqué vendredi avoir procédé à 146 frappes aériennes dans la région de Palmyre entre mardi et jeudi.

« Mécréants »

À Washington, le secrétaire américain à la Défense a déclaré que « l'élimination » en Syrie par les États-Unis d'Al-Qadouli allait donner « un coup de frein aux capacités de l'EI à conduire des opérations en Irak, en Syrie et à l'étranger ».

Ce dernier « était l'un des principaux responsables de l'EI, agissant comme son ministre des Finances et responsable de plusieurs complots extérieurs », a ajouté Ashton Carter, confirmation l'information de sa mort donnée par la chaîne de télévision NBC.

Les États-Unis avaient offert jusqu'à 7 millions de dollars pour des informations conduisant à cet homme, la plus haute récompense après celle offerte pour la tête du chef de l'EI Abou Bakr al-Baghdadi (10 millions).

À Raqa, le bastion de l'EI dans le nord de la Syrie, l'imam de l'EI cheikh Abou Ali al-Charii a fait l'éloge des récents attentats de Bruxelles, qui ont fait au moins 31 morts et 300 blessés et ont été revendiqués par le groupe djihadiste.

Lors de son prêche de vendredi, le cheikh Al-Charii a prévenu « qu'il y aurait d'autres (attentats) contre les mécréants en Occident ».

Ailleurs en Syrie, des centaines de personnes ont manifesté contre le régime dans plusieurs localités rebelles, à la faveur d'une trêve globalement respectée initiée par les Russes et les Américains et en vigueur depuis le 27 février, selon l'OSDH.

Cette trêve a notamment permis la tenue d'un premier round de pourparlers indirects à Genève entre le régime et l'opposition sous l'égide de l'ONU, qui a pris fin jeudi.

L'ONU espère maintenant les reprendre les discussions autour du 9-10 avril.