Le favori des primaires républicaines aux États-Unis Donald Trump a levé le voile lundi sur ses conseillers diplomatiques et sur la politique étrangère isolationniste qu'il conduirait s'il était élu président, après des semaines d'atermoiements et d'outrances sur le sujet.

Jusqu'à cet entretien accordé au Washington Post, le tonitruant milliardaire n'avait de son propre aveu pas de sherpas en matière de diplomatie, sans que cela ne le dissuade de multiplier les déclarations provocatrices sur sa vision du monde et sur ce qu'il ferait s'il entrait à la Maison-Blanche le 20 janvier 2017.

D'après le Washington Post, qui qualifie M. Trump de «non interventionniste», le magnat de l'immobilier s'est entouré de cinq experts pilotés par le sénateur républicain de l'Alabama Jeff Sessions.

C'était l'un des rares noms que Donald Trump citait ces dernières semaines à chaque fois qu'il était sollicité pour en dire plus sur les cerveaux de politique étrangère censés le conseiller.

Il a ajouté lundi le nom de «Walid Phares, que vous connaissez probablement, titulaire d'une thèse, conseiller auprès de la Chambre des représentants et expert en antiterrorisme». M. Trump s'appuie également sur «Carter Page et George Papadopoulos, un type excellent, consultant en énergie et pétrole», sur «l'honorable Joe Schmitz (ex) inspecteur général au ministère de la Défense» et sur «le général Keith Kellogg», un officier à la retraite qui s'était fait vaguement connaître au début de l'occupation américaine de l'Irak en 2003.

Outre le fait que ces responsables sont d'illustres inconnus dans les allées du pouvoir à Washington, et encore plus du grand public, le Washington Post les classe tous dans la mouvance conservatrice.

M. Phares est un chercheur d'origine libanaise que des médias spécialisés ont lié à la faction chrétienne durant la guerre civile au Liban.

M. Schmitz a travaillé sous l'administration du président républicain George W. Bush (2001-2009), avant de servir la société de sécurité privée Blackwater, à la réputation sulfureuse durant la guerre en Irak.

MM. Page et Papadopoulos affichent des pédigrées dans les secteurs de l'énergie et du pétrole et conseillaient l'ex-candidat républicain Ben Carson.

Jérusalem, capitale d'Israël

Il y a deux semaines, Donald Trump avait reconnu qu'il n'avait «pas encore d'équipe» de politique étrangère.

Mais le favori pour l'investiture républicaine à la présidentielle du 8 novembre enchaîne depuis des mois les déclarations à l'emporte-pièce: promesse de faire construire un mur à la frontière mexicaine, financé par le Mexique, pour bloquer l'immigration clandestine. Menace aussi de faire expulser les 11 millions de clandestins.

M. Trump s'est dit ce mois-ci convaincu que «l'islam haïssait» l'Amérique et il a affirmé qu'il interdirait aux musulmans étrangers de mettre un pied sur le sol des États-Unis. Il a promis de faire la guerre commerciale à la Chine, au Japon et au Mexique et de se rapprocher du président russe Vladimir Poutine, qu'il admire.

Alors que les liens Washington-Moscou sont tendus depuis 2012 en raison de la Syrie et de l'Ukraine, M. Trump a réaffirmé lundi lors d'une conférence de presse vouloir «une meilleure relation avec la Russie».

Auprès du Washington Post, il a ajouté qu'il réduirait très fortement l'implication des États-Unis au sein de l'Otan «qui nous coûte une fortune». Il se détournerait de l'Asie, alors que le «pivot» de l'Amérique vers cette région est la pièce-maîtresse de la diplomatie du président Barack Obama.

Et avant de s'exprimer lundi soir devant le groupe de pression juif américain pro-israélien AIPAC réuni à Washington, M. Trump a brisé un tabou sur le conflit israélo-palestinien: interrogé par CNN, il s'est engagé, s'il est élu, à reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël et à transférer l'ambassade américaine de Tel-Aviv à la Ville sainte.

Le favori républicain a enfin taclé sa possible rivale démocrate Hillary Clinton en l'accusant d'être «faible avec l'armée (américaine) et faible franchement avec les autres pays».