Retenez bien cette date :  le 7 juin 2016. C'est la journée où l'État américain le plus populeux - la Californie - tiendra ses primaires. À en juger par les résultats des scrutins républicains tenus hier, c'est aussi la journée qui pourrait faire la différence dans la course à l'investiture de ce parti. Chez les démocrates, cependant, le suspense ne devrait pas être au rendez-vous.

Des victoires et une consolation

Au moins une donnée fondamentale reste inchangée chez les républicains après les scrutins d'hier : Donald Trump demeure le seul candidat républicain à pouvoir amasser d'ici la fin des primaires et caucus le nombre de délégués requis pour remporter l'investiture de son parti.

Mais sa défaite en Ohio signifie que ses chances d'atteindre le chiffre magique de 1237 délégués ont diminué. Elle le prive des 66 délégués mis en jeu dans cet État baromètre, qui sont tous allés dans la besace de John Kasich, le gouverneur local, dont c'était la toute première victoire depuis le début de la saison des primaires et caucus.

Et elle s'ajoute à des résultats serrés en Caroline-du-Nord et au Missouri qui ont permis à Ted Cruz de réduire la récolte de délégués de Trump, vainqueur dans le premier de ces États ainsi qu'en Illinois et en Floride, qui lui a remis tous ses délégués (99). Au moment d'écrire ces lignes, Trump menait par une poignée de votes au Missouri.

Autre fait incontournable après ce super mardi III : en finissant très loin derrière Trump en Floride, l'État qu'il représente au Sénat des États-Unis, Marco Rubio a confirmé l'échec spectaculaire de sa campagne présidentielle. 

Il croyait pouvoir séduire les républicains en mettant en valeur sa jeunesse, son optimisme et son histoire personnelle, celle d'un fils d'humbles émigrants cubains. Il n'aura triomphé qu'au Minnesota et à Porto Rico avant de se retirer de la course.

Trump, de son côté, peut se consoler d'avoir subi la défaite en Ohio. En remportant la victoire dans son État, Kasich se trouvera justifié à rester dans la course à l'investiture républicaine. Le hic, c'est qu'il continuera à contribuer à diviser l'opposition au meneur sans véritablement menacer celui-ci.

Mais Trump pourrait très bien se trouver à court de la majorité des délégués le 7 juin. Ce jour-là, l'un des derniers du marathon des primaires, la Californie, le Montana, le New Jersey et le Dakota-du-Sud voteront. Avec ses 303 délégués, la Californie pourrait permettre au promoteur immobilier de revendiquer la majorité.

Sinon, le scénario le plus improbable risque de devenir réalité : les républicains pourraient choisir leur candidat présidentiel à l'occasion d'une convention contestée, en juillet, à Cleveland.

Le retour en force de Clinton

Le « miracle » du Michigan a relancé la campagne de Bernie Sanders la semaine dernière. En faisant mentir les sondages qui le donnaient perdant par 20 points, le sénateur du Vermont a ébranlé Hillary Clinton et mis en doute sa capacité de gagner dans le Midwest, une région cruciale sur le plan électoral.

Une semaine plus tard, Sanders a heurté un mur. Il a d'abord perdu par plus de dix points de pourcentage en Ohio, un État du Midwest encore plus important que le Michigan. Un État où il a investi beaucoup de temps et d'argent pour propager son message contre les traités de libre-échange et l'influence corruptrice de Wall Street.

Et il a subi deux autres dégelées, en Floride et en Caroline-du-Nord, où Hillary Clinton était largement favorite en raison de sa popularité auprès des électeurs afro-américains et latinos.

Au moment d'écrire ces lignes, l'ancienne secrétaire d'État menait dans l'Illinois, son État natal.

Bernie Sanders, qui talonnait Clinton au Missouri, n'est peut-être pas sur le point de mettre un terme à sa campagne présidentielle. Il pourra, à juste titre, affirmer que la course à l'investiture démocrate se déplacera au cours des prochaines semaines dans des États qui lui sont plus favorables. Mais la réalité mathématique n'a rien d'encourageant pour ses partisans.

Après les résultats d'hier, Hillary Clinton possède une avance de plus de 300 délégués sur son rival (sans compter les super-délégués) et revendique plus de 3 millions de voix de plus que ce dernier. 

Compte tenu de la façon proportionnelle dont les démocrates distribuent leurs délégués, Sanders devra remporter des victoires retentissantes dans la plupart des États qui n'ont pas encore voté pour combler son retard.

Or, sa performance en Ohio, un État fait sur mesure pour lui, laisse croire qu'il ne pourra faire mieux que d'arracher de courtes victoires dans des États importants comme la Pennsylvanie, New York et la Californie.

À la même époque en 2008, Barack Obama avait une avance de seulement 100 délégués sur Hillary Clinton, qui n'a jamais pu le rattraper. Reste à voir si Sanders voudra poursuivre la lutte jusqu'à la fin comme sa rivale d'aujourd'hui l'avait fait il y a huit ans.