Plusieurs millions d'Américains votaient dans cinq grands États pour un deuxième «super mardi» de primaires présidentielles, nouvelle épreuve pour le favori Donald Trump qui divise plus que jamais son camp républicain.

Après le vote dans ces États - Ohio, Floride, Illinois, Caroline du Nord, Missouri-, plus de la moitié des délégués auront été désignés en vue des conventions d'investiture cet été, après six semaines de consultations.

À Canton, dans l'Ohio (centre), les électeurs ont voté dès la matinée sous la bruine. Michael Oles, infirmier de 46 ans, a choisi le sénateur ultra-conservateur texan Ted Cruz. «J'aime son idéologie», a-t-il expliqué, bien qu'il apprécie que Donald Trump ait réussi à secouer le système.

Dans un autre bureau de vote, Katharine Berry a voté démocrate mais «si Trump gagne, je vais voter pour lui» en novembre. Comme chez cette arrière-grand-mère de 69 ans, qui apprécie son discours anti-immigration et ses propos contre les clandestins qui sont «si nombreux» et «prennent notre travail», Donald Trump était sur toutes les lèvres dans l'Ohio.

Cette journée ne permettra à aucun des deux candidats démocrates et des quatre républicains encore en lice de décrocher immédiatement l'investiture de leur parti, mais elle devrait donner aux favoris une idée de la vitesse à laquelle ils pourront atteindre la ligne d'arrivée.

Elle est plus marquante côté républicain, car les règles changent: dans certains États, le vainqueur des primaires remportera 100% des délégués, au lieu d'une proportionnelle obligatoire comme chez les démocrates.

En Floride, le vainqueur empochera ainsi 99 délégués d'un coup, sur les 1237 requis pour emporter l'investiture républicaine. Donald Trump mène avec 471 délégués, après en avoir remporté neuf mardi dans les îles Mariannes du Nord, suivi de Ted Cruz (371), Marco Rubio (165) et John Kasich (63).

Les sondages annoncent une déroute en Floride pour Marco Rubio, sénateur local, qui pourrait se retirer en cas de défaite.

«Nous allons gagner en Floride et nous sommes très optimistes», a-t-il cependant insisté sur Fox News, critiquant de nouveau Donald Trump qu'il a qualifié de «destructeur» pour le parti républicain et les conservateurs, après une escalade des heurts dans les réunions publiques du favori.

«Sa nomination assure l'élection d'Hillary Clinton comme 45e président des États-Unis», a estimé Marco Rubio.

Bassesses vers la Maison-Blanche

Le président Barack Obama a également dénoncé, sans le nommer, Donald Trump et la tonalité de sa campagne, lors d'une rencontre avec des élus du Congrès.

«Nous avons entendu des discours vulgaires et sources de division qui visent les femmes, les minorités», a déclaré M. Obama qui, comme la Première dame a voté par procuration dans l'Illinois mardi.

Donald Trump mène plus ou moins largement dans les intentions de vote, sauf dans l'Ohio où le gouverneur John Kasich se bat pour engranger sa première victoire aux primaires.

«Nous allons gagner en Ohio. Nous avons un bel élan», a affirmé ce dernier sur ABC. «Je ne vais pas prendre la route des bassesses vers la Maison-Blanche comme on a vu certains le faire», a ajouté celui qui joue son va-tout dans son État.

Signe de l'anxiété de Donald Trump dans cet État industriel, il dirige la plupart de ses attaques contre John Kasich, qu'il accuse d'avoir fait perdre des centaines de milliers d'emplois.

Fait extraordinaire dans cette campagne où les républicains anti-Trump ont tardé à s'organiser, Marco Rubio a implicitement appelé ses partisans à voter Kasich dans l'Ohio afin de faire barrage au milliardaire.

Une organisation de républicains anti-Trump, Our Principles PAC, a lancé un nouveau spot dans lequel des femmes lisent devant la caméra des phrases misogynes prononcées par Donald Trump.

Longue route démocrate

Chez les démocrates, les scrutins s'annoncent plus mitigés mardi. Hillary Clinton est favorite en Floride et en Caroline du Nord, mais dans les États plus industriels du Midwest, Bernie Sanders est très compétitif.

C'est dans cette région, où le poids électoral des minorités se fait moins sentir, qu'il a battu l'ex-secrétaire d'État plusieurs fois. Les deux courtisent les cols bleus, Bernie Sanders critiquant sans relâche le libéralisme d'Hillary Clinton.

En cas de résultats serrés, chacun obtiendrait un nombre proche de délégués, ce qui ne bouleverserait pas la course.

Avant mardi, Hillary Clinton avait engrangé une avance confortable avec environ 770 délégués contre 550 pour Bernie Sanders. La barre à atteindre est de 2383.

Mais l'ex-Première dame dispose aussi de l'appui déclaré de près de 500 élus et responsables démocrates qui auront le droit de vote à la convention de Philadelphie, en juillet.

«Ce jour est incroyablement important pour notre mouvement», a affirmé Bernie Sanders, estimant que «le gouvernement appartient à nous tous, pas simplement à quelques riches».