Les deux candidats à l'investiture démocrate pour la Maison-Blanche, Hillary Clinton et Bernie Sanders, se sont affrontés durement mercredi lors d'un débat à Miami en Floride, rivalisant de promesses sur l'immigration clandestine.

Chacun s'est d'emblée engagé à ne pas expulser d'enfants en situation irrégulière, ni d'adulte clandestin sans casier judiciaire - une promesse nouvelle et qui marque une inflexion vers la gauche de leurs propositions en faveur des quelque 11 millions de clandestins présents aux États-Unis.

Interrogée par le modérateur de la chaîne hispanophone Univision, coorganisatrice du débat avec CNN, Hillary Clinton a d'abord insisté que sa politique à l'égard des sans-papiers serait plus progressive que celle du président Barack Obama, notamment afin d'arrêter les opérations d'expulsions contre « les gens qui vivent leur vie et travaillent ».

« Je n'expulserai pas les enfants. Je n'expulserai pas les enfants. Je ne veux pas expulser les membres de leurs familles non plus », a-t-elle ensuite fini par répondre, pressée à plusieurs reprises par le journaliste, Jorge Ramos. « La priorité sera d'expulser les délinquants violents, les gens qui fomentent des attentats terroristes, tous ceux qui nous menacent ».

Bernie Sanders a ensuite adopté la même position.

Mais les deux candidats se sont chacun reproché des positions passées moins favorables aux immigrés, alors que l'électorat hispanique est l'un des plus courtisés dans cette élection. La Floride, où se tenait le débat, est l'un des cinq grands États à voter mardi prochain aux primaires.

Hillary Clinton a reproché au sénateur socialiste démocrate d'avoir voté contre une loi de réforme du système migratoire en 2007, et Bernie Sanders a rappelé qu'en tant que sénatrice de New York dans les années 2000, elle avait pris position contre la délivrance de permis de conduire aux clandestins.

Le débat a ensuite vu de vifs échanges, comme lors des précédentes émissions, sur les liens d'Hillary Clinton avec Wall Street.

Bernie Sanders, qui a bâti sa campagne sur la dénonciation du système financier et l'appel à une révolution politique contre la collusion entre élus et lobbys, a souligné que l'ex-secrétaire d'État avait été rémunérée plusieurs centaines de milliers de dollars pour des discours à Goldman Sachs et d'autres institutions.

« La secrétaire d'État dit que cela ne l'influence pas. Eh bien, c'est ce que tous les politiciens disent quand ils reçoivent de l'argent des lobbys », a-t-il accusé.

Hillary Clinton a répondu en rappelant son engagement pour une réforme des lois sur le système financier.

Messagerie privée

Les modérateurs ne l'ont pas ménagée en l'interrogeant sur l'affaire de sa messagerie privée, utilisée quand elle était secrétaire d'État (2009-2013), ou les attaques de 2012 contre la mission diplomatique de Benghazi, en Libye, dans laquelle les républicains l'accusent d'avoir menti.

Le camp Sanders était euphorique après la première place du sénateur du Vermont dans le Michigan mardi, où il a obtenu 50 % des voix contre 48 % pour Hillary Clinton malgré des sondages très défavorables.

Son discours protectionniste a fait mouche dans cette région des Grands Lacs frappée par la désindustrialisation, et où l'industrie automobile ne doit sa survie qu'à un gigantesque plan de sauvetage en 2008 et 2009.

Son équipe estime que si Bernie Sanders peut gagner dans le Michigan, il peut répéter la performance dans des États similaires ou voisins comme l'Ohio, l'Illinois ou le Missouri, trois États riches en délégués qui voteront mardi prochain, lors d'un « super mardi » bis.

Mais le camp Clinton, calculette en main, douche cet enthousiasme en rappelant que l'investiture se gagne en amassant des délégués, pas des succès symboliques. Or l'ex-secrétaire d'État, forte de 13 victoires sur 22 consultations, a accru son avance en nombre de délégués. Le directeur de campagne d'Hillary Clinton, Robby Mook, a affirmé que cette avance serait bientôt « insurmontable ».

Mais « c'est un marathon », a déclaré la candidate lors du débat.

Hillary Clinton a accumulé 1238 délégués (dont 472 super délégués non tenus par les résultats des primaires) contre 572 pour Bernie Sanders, selon le décompte de CNN. Il en faudra 2383 pour décrocher l'investiture à la convention de Philadelphie en juillet.

Chez les républicains, Donald Trump était conforté mercredi dans son statut de favori des primaires républicaines après une triple victoire mardi (Mississippi, Michigan, Hawaï), qui a fait l'effet d'une claque pour le camp anti-Trump.

Il a désormais les yeux rivés sur la Floride et l'Ohio qui pourraient mardi prochain sonner le glas des ambitions de ses rivaux déboussolés, notamment le sénateur de Floride Marco Rubio et le gouverneur de l'Ohio, John Kasich, qui jouent leur survie.