Pour Donald Trump et Hillary Clinton, le super mardi a bien porté son nom. Le milliardaire républicain et l'ancienne secrétaire d'État démocrate ont coiffé au poteau leurs rivaux dans une majorité des 12 États qui se prononçaient hier.

Hillary Clinton, qui a le vent dans les voiles depuis sa victoire en Caroline-du-Sud, a réussi à séduire les électeurs démocrates de six des sept États du Sud-Est du pays appelés aux urnes hier. Du coup, elle est arrivée bonne première dans les deux plus grands États de la Bible Belt, la Géorgie et le Texas, ainsi qu'en Virginie, au Tennessee, en Alabama et en Arkansas, l'État dont elle a été la première dame pendant huit ans. Mme Clinton a cependant dû concéder l'Oklahoma à son rival Bernie Sanders.

La politicienne s'en est aussi moins bien tirée dans le nord du pays et dans le Midwest. Si elle a enlevé le Massachusetts de justesse hier soir, Mme Clinton a vu le Colorado et le Minnesota lui échapper au profit de Bernie Sanders. Sans grande surprise, le sénateur du Vermont a aussi remporté son État, y récoltant quelque 86 % des voix.

QUASI-BALAYAGE POUR TRUMP

Le discours anti-immigration et anti-establishment de Donald Trump a pour sa part trouvé preneur dans au moins 7 des 11 courses républicaines d'hier soir. La star de téléréalité a remporté des victoires décisives en Alabama, en Arkansas, au Tennessee, en Virginie, en Géorgie et au Massachusetts, où elle a presque récolté 50 % des voix. M. Trump a aussi eu une victoire à l'arraché au Vermont, où John Kasich l'a talonné de près.

Cependant, le Texas a échappé à l'homme d'affaires de New York et a été remporté par le sénateur du Lone Star State, Ted Cruz. Même scénario en Oklahoma où M. Cruz a aussi été déclaré vainqueur. Le sénateur de Floride, Marco Rubio, a pu savourer sa première victoire des primaires au Minnesota.

ASSAUT CONTRE TRUMP

Lors de son discours prononcé en Floride hier, Hillary Clinton a dirigé ses attaques vers le favori de la course républicaine, plutôt que de s'en prendre à son rival démocrate. Promettant de continuer à se battre, elle a tourné en dérision les promesses de Donald Trump d'expulser 11 millions d'immigrants sans papiers et de construire un mur entre les États-Unis et le Mexique.

« Le discours que l'on entend de l'autre côté n'a jamais été plus bas. Diviser l'Amérique entre "eux" et "nous" est une erreur », a-t-elle ajouté.

« JE SUIS UN RASSEMBLEUR »

La réponse de Donald Trump ne s'est pas fait attendre. S'adressant à des journalistes et à quelques admirateurs rassemblés à Palm Beach, en Floride, il a tenté d'écorcher Mme Clinton. « Elle dit qu'elle va améliorer les salaires. Hillary est depuis si longtemps dans le gouvernement. Pourquoi n'a-t-elle rien accompli ? », a-t-il lancé. « Nous allons créer des emplois, plus que vous n'en avez jamais vu », a ajouté le politicien néophyte.

Hier, en réponse aux questions des journalistes, Donald Trump s'est présenté comme un « rassembleur » du Parti républicain et s'est aussi targué d'avoir le « plus grand coeur du monde ». Il a refusé de répondre à une journaliste qui lui a demandé des précisions sur son plan de fermer la porte des États-Unis aux musulmans, la rabrouant au passage.

APPEL AU RALLIEMENT

Arrivé premier dans deux États et deuxième dans cinq autres, Ted Cruz a profité de sa tribune, hier, pour demander au reste des candidats républicains « qui n'ont pas encore gagné un État » de se rallier derrière lui. Le politicien ultraconservateur a ajouté qu'il était le seul à pouvoir battre le favori.

« Nous avons vu que notre campagne est la seule qui gagne, qui a gagné et qui gagnera contre Donald Trump », a-t-il ajouté devant ses partisans, rassemblés à Stafford, au Texas.

Marco Rubio, qui est arrivé premier au Minnesota hier, en plus d'arriver deuxième dans quatre autres États, a rejeté du revers de la main l'invitation de Ted Cruz à quitter la course. « Certains croient que nous sommes les "underdogs", que nous traînons de la patte, et je suis prêt à le reconnaître. Nous sommes tous passés par là. Ce pays est fait de gens comme ça. Mais nous allons gagner », a-t-il dit à ses partisans à Miami, la ville qui l'a vu grandir.

Tout comme Hillary Clinton et Donald Trump, Marco Rubio avait choisi d'attendre les résultats du super mardi en Floride hier. Des primaires, particulièrement déterminantes pour le jeune sénateur de Floride, se tiendront dans cet État-clé le 15 mars.



UNE HALTE À LA MAISON

Pour sa part, Bernie Sanders était parmi les siens pour célébrer sa victoire au Vermont. « Ça représente beaucoup pour moi que les gens qui me connaissent le mieux, qui m'ont connu comme représentant et comme sénateur, aient voté pour que je me rende à la Maison-Blanche », a-t-il dit lors d'un discours prononcé à Essex Junction.

UNE GROSSE SOIRÉE

Pour ce super mardi, des votes ont eu lieu dans 12 États, dont 7 États du Sud. Même s'il était déjà prévisible qu'aucun candidat - ni chez les démocrates, ni chez les républicains - n'allait être couronné hier, la soirée était de loin la plus cruciale à ce jour pour les aspirants à la Maison-Blanche.

Chez les républicains, près de 595 délégués ont été accordés aux divers candidats, soit près de la moitié des délégués nécessaires pour remporter l'investiture du Grand Old Party (1237). À minuit hier, selon le décompte du New York Times, Donald Trump a, à ce jour, accumulé 221 délégués alors que son plus proche rival, Ted Cruz, en a 69.

Chez les démocrates, 865 délégués ont été partagés entre les deux candidats lors du super mardi. Au moment de rendre cet article, Hillary Clinton comptait 464 délégués dans son camp, alors que Bernie Sanders en avait 254. Le premier des deux à obtenir 2383 délégués sera le candidat du Parti démocrate dans la course à la Maison-Blanche.

Hier, dans les deux partis, les délégués étaient accordés proportionnellement. Cependant, les règles sont beaucoup plus complexes et accordent un plus grand nombre de délégués aux vainqueurs que leur part du vote.

Chez les républicains, les résultats de l'Alaska, qui devaient être annoncés en pleine nuit, n'ont pas pu être comptabilisés.

- Avec la collaboration de Nicolas Bérubé