Donald Trump attend un triomphe, Hillary Clinton une victoire, même in extremis : les électeurs républicains de Caroline-du-Sud et démocrates du Nevada se prononcent samedi pour les primaires présidentielles, troisième étape du cycle.

La journée sera riche d'enseignements pour la suite des primaires, qui se prolongeront jusqu'en juin, avant les investitures démocrate et républicaine pour la présidentielle de novembre.

La consolidation parmi les candidats républicains s'accélèrera-t-elle? De 17 au départ, ils ne sont plus que six en course, survivants des consultations de l'Iowa et du New Hampshire au début du mois. C'est encore trop pour déloger l'homme d'affaires du haut du podium, où il s'est installé en juillet.

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Son poursuivant le plus menaçant est le sénateur du Texas Ted Cruz, un ultra-conservateur chéri de la droite chrétienne évangélique, vainqueur de l'Iowa.

La dernière semaine a été virulente. Un débat samedi dernier a vu les invectives fuser, Donald Trump a traité Ted Cruz de menteur et l'a menacé d'un procès pour avoir rappelé dans une publicité qu'il fut autrefois favorable au droit à l'avortement, et il a même remis le pape François à sa place pour avoir douté de sa foi.

Si Ted Cruz semble assuré de continuer la course, les autres escomptent un résultat honorable samedi pour justifier la poursuite de leurs coûteuses entreprises : le sénateur de Floride Marco Rubio, l'ex-gouverneur de Floride Jeb Bush, le gouverneur de l'Ohio John Kasich, et le médecin à la retraite Ben Carson.

Rubio, Bush et Kasich voudraient unifier le camp anti-Trump. Jeb Bush a perçu une lueur d'espoir ces derniers jours en rameutant les foules, épaulé par son frère et ex-président, George W., et leur mère âgée de 90 ans, Barbara. John Kasich, un modéré, bénéficie d'une excellente presse pour son style posé et détendu.

Mais les sondages donnent un avantage à Marco Rubio, pour qui une deuxième place serait une victoire. La populaire gouverneure de Caroline-du-Sud, Nikki Haley, et plusieurs élus locaux se sont ralliés à lui, signe que l'élite du parti penche pour le benjamin des candidats.

« S'il n'arrive pas à gagner avec le ralliement de ces personnalités très influentes, c'est qu'il a de gros problèmes », a dit à l'AFP Alice Stewart, conseillère de Ted Cruz, tentative transparente de faire monter les enchères.

Au Nevada, pronostic impossible

Hillary Clinton doit quant à elle gagner les « caucus » du Nevada pour redonner le moral à son camp, après sa déroute dans le New Hampshire contre le sénateur du Vermont Bernie Sanders.

C'est bien une question de dynamique et non d'arithmétique, car l'ex-secrétaire d'État mène largement la course des délégués requis pour l'investiture (481 contre 55, selon le New York Times), grâce aux « superdélégués », ces responsables du parti qui ne sont tenus par aucune primaire et auront le droit de vote à la convention de Philadelphie en juillet.

Son objectif est de contenir la vague Sanders avant qu'il ne soit trop tard.

Elle a battu Barack Obama en 2008 dans le Nevada et compte sur le soutien des communautés noire, hispanique et asiatique, qui représentent la moitié des habitants.

C'est pour cette diversité que le Nevada, dont la ville la plus célèbre est Las Vegas, a été placé en troisième place du calendrier par le parti démocrate en 2008.

« Le Nevada est plus représentatif de la population américaine que l'Iowa et le New Hampshire », explique à l'AFP Michael Green, professeur d'histoire à l'Université de Las Vegas. « Les candidats qui passent ces premières étapes peuvent donc se confronter au type d'électorat qui votera à l'élection présidentielle. »

Mais la bizarrerie des « caucus » et la rareté des sondages rendent tout pronostic sur la participation et les résultats impossible. Les caucus sont des réunions lors desquelles les électeurs se regroupent par candidat au lieu de voter.

Ces derniers jours, les candidats se sont méchamment attaqués et ont ressorti de vieux dossiers.

Le camp Clinton reproche à Bernie Sanders d'avoir voté contre la régularisation de clandestins en 2007, et l'équipe Sanders réclame la publication par Hillary Clinton du texte de ses discours rémunérés devant la banque d'affaires Goldman Sachs.

Les républicains organiseront leurs caucus du Nevada mardi, et la primaire démocrate de Caroline du Sud aura lieu samedi prochain.

Le « super mardi », le 1er mars, sera la grande échéance suivante. Onze États voteront, pour 18 % et 23 % des délégués aux investitures démocrate et républicaine, respectivement.