Le président des États-Unis Barack Obama, même nettement réélu, retrouve à Washington une difficile cohabitation avec les républicains du Congrès dans un contexte de reprise économique encore hésitante et de dette abyssale.

M. Obama, qui a décroché mardi un second mandat historique à la tête de son pays, est revenu en début de soirée mercredi à la Maison-Blanche, après avoir passé deux jours dans son fief de Chicago.

Dans la capitale fédérale l'attendent plusieurs dossiers urgents, en particulier le «mur budgétaire» qui pourrait faire flancher une économie encore convalescente.

A la fin de l'année expirent une série de mesures, dont des cadeaux fiscaux hérités des mandats du républicain George W. Bush. M. Obama veut en priver les plus aisés et les proroger pour les plus pauvres. Le relèvement du plafond de la dette, qui avait déjà provoqué une grave crise avec le Congrès à l'été 2011, sera encore bientôt d'actualité.

M. Obama, en prononçant mardi soir son discours de victoire à Chicago, a assuré que les États-Unis n'étaient «pas aussi divisés que notre système politique veut le laisser croire. Nous ne sommes pas aussi cyniques que ce que pensent les observateurs. Nous sommes plus importants que la somme de nos ambitions individuelles».

Il a poursuivi dans cette veine d'oecuménisme mercredi matin en contactant les chefs des partis au Congrès, alors que l'élection de mardi a reconduit dans les grandes lignes les équilibres politiques des deux années passées à Washington: la Chambre des représentants aux républicains, le Sénat aux alliés démocrates de M. Obama.

Cette configuration, qui restera en place jusqu'en janvier 2015, est précisément celle qui a mis les États-Unis plusieurs fois au bord de la crise budgétaire voire institutionnelle depuis 2011, avec une série d'escarmouches entre l'exécutif et le Congrès.

Budget et fiscalité au programme

Mercredi, M. Obama a «réaffirmé son engagement à trouver des solutions soutenues par les deux partis pour réduire notre déficit de façon équilibrée, réduire les impôts de la classe moyenne et des PME, ainsi que créer des emplois».

Pour le président, les Américains ont exprimé mardi «le souhait de voir les dirigeants des deux partis mettre de côté leurs intérêts partisans et travailler ensemble pour donner la priorité aux intérêts des Américains et à l'économie» du pays, a indiqué la Maison Blanche.

Le président américain a obtenu mardi soir 303 grands électeurs --il lui en fallait 270 pour gagner-- contre 206 à son adversaire républicain Mitt Romney, la Floride restant toujours indécise mercredi. Au niveau national, il a emporté environ 50,2% des voix contre 48,3% à son rival.

Depuis deux ans, quand il avait subi un revers aux élections à la moitié de son premier mandat, M. Obama déplorait que le chef de la minorité du Sénat, Mitch McConnell, ait affirmé que son premier objectif était de le faire battre à la présidentielle. M. Obama affirmait que sa victoire à la présidentielle --alors seulement espérée-- sonnerait la fin de cet état d'esprit.

Mais mercredi, le président républicain de la Chambre John Boehner a une nouvelle fois exprimé une position de fermeté sur la fiscalité.

«Une approche équilibrée n'est pas équilibrée si cela veut dire davantage d'impôts sur les PME qui sont la clé des futurs progrès de notre économie», a affirmé M. Boehner, tout en se disant ouvert à une réforme du code des impôts pour en améliorer l'efficacité. Il a aussi assuré que ses troupes étaient prêtes à travailler avec le président réélu.

M. Obama, qui a passé la nuit de mardi à mercredi à Chicago dans sa maison familiale, s'est rendu mercredi en début d'après-midi au quartier général de sa campagne pour remercier son équipe, avant de monter dans son avion Air Force One pour Washington.

Signe du pessimisme des places financières sur un accord budgétaire après l'élection de mardi, Wall Street a terminé en très forte baisse mercredi: le Dow Jones a perdu 2,36% et le Nasdaq 2,48%, après une baisse de 1,99% de la Bourse de Paris. Les prix du pétrole se sont aussi effondrés à New York.