Barack Obama a été réélu mardi soir pour son deuxième mandat à la présidence américaine en remportant la bataille du collège électoral, clé de son retour à la Maison-Blanche. Le président avait déjà 303 grands électeurs, 33 de plus que le seuil de la majorité, et venait de prendre l'avance sur son rival Mitt Romney dans le vote populaire, tard hier soir.

Barack Obama a été réélu hier pour un deuxième mandat à l'issue d'un scrutin qui confirme cependant les divisions politiques des États-Unis.

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Le président sortant a remporté la victoire dans la plupart des États-clés de l'élection, de l'Ohio au Nevada en passant par le Wisconsin, amassant au moins 290 des 538 grands électeurs qui composent le collège électoral. Il avait besoin de 270 grands électeurs pour être réélu.

Mais, au moment d'écrire ces lignes, le démocrate de 51 ans était en retard sur Mitt Romney dans le vote populaire, un reflet du jugement mitigé de l'électorat à l'égard de son bilan économique. Un président sortant n'aura d'ailleurs jamais été réélu avec un taux de chômage aussi élevé - 7,9% - depuis Franklin Roosevelt.

Barack Obama avait recueilli 48 516 560 millions de suffrages, ou 49%, contre 48 624 290 millions de voix pour Mitt Romney, ou 49%. Le président sortant avait de bonnes chances de combler l'écart avec le dépouillement du scrutin en Californie et dans les autres États de l'Ouest américain.

La défaite de Mitt Romney risque de provoquer une guerre fratricide au sein du Parti républicain, qui est aujourd'hui dominé par une aile radicale ne reflétant pas les changements démographiques qui ont permis au premier président américain de couleur de l'emporter.

Le candidat républicain n'a réussi à rapatrier que deux États traditionnellement républicains - l'Indiana et la Caroline-du-Nord - dans le giron républicain.

Romney était en retard en Floride et en Virginie, qui mettaient en jeu respectivement 29 et 13 grands électeurs, tard hier soir. Il n'avait cependant pas encore reconnu la défaite, estimant notamment que les médias américains avaient déclaré de façon prématurée la victoire de Barack Obama en Ohio.

En 2004, dans une situation semblable, John Kerry avait attendu au lendemain de l'élection avant d'admettre la victoire de George W. Bush.

S'il faut se fier aux sondages réalisés à la sortie des bureaux de vote, Barack Obama aura réussi à maximiser le vote de la coalition électorale qui lui avait permis de triompher en 2008: les femmes, les Afro-Américains, les hispanophones et les jeunes. Le président a remporté 55% du vote des femmes, qui ont composé 54% de l'électorat. Et il a récolté 78% des suffrages des hispanophones, qui ont représenté 10% de l'électorat - un sommet pour ce groupe appelé à jouer un rôle de plus en plus important en politique aux États-Unis.

Les Blancs ont représenté 72% de l'électorat. Mitt Romney a remporté 58% de leurs suffrages contre 40% pour Barack Obama.

Sur Fox News, l'ancien gouverneur d'Arkansas Mike Huckabee a entamé la remise en question qui devrait se poursuivre au cours des prochains jours et des prochaines semaines au sein de son parti. Il a notamment reproché aux républicains de ne pas avoir su trouver le message susceptible «d'attirer les gens de couleur».

Les démocrates, de leur côté, ont atteint un autre de leurs objectifs électoraux hier: garder le contrôle du Sénat des États-Unis. Même s'ils mettaient deux fois plus de sièges en jeu que les républicains, ils avaient maintenu leur majorité en profitant notamment de la faiblesse de deux candidats républicains dans des États conservateurs, en l'occurrence Todd Akin au Missouri et Richard Mourdock en Indiana.

Les deux hommes ont soulevé la controverse au cours de la campagne en formulant des commentaires jugés rétrogrades ou bizarres sur le viol. Le sénateur républicain Scott Brown a également perdu son siège au Massachusetts aux mains de la démocrate Elizabeth Warren, critique notoire de Wall Street. Les démocrates ont également réussi à faire élire une première candidate ouvertement lesbienne au Sénat, en l'occurrence Tammy Baldwin, qui a triomphé au Wisconsin devant Tommy Thompson, ex-gouverneur de cet État.

Comme prévu, les républicains ont conservé leur majorité à la Chambre des représentants. Depuis leur triomphe lors des élections de mi-mandat de 2010, ils disposaient de 241 sièges contre 194 pour les démocrates. Ils pourraient augmenter leur total de sièges lorsque tous les suffrages seront dépouillés.

Au terme d'une campagne souvent acrimonieuse, les deux candidats présidentiels ont tenu à se lancer des fleurs. «Je veux adresser au gouverneur Romney mes félicitations pour une campagne dynamique», a déclaré Barack Obama aux journalistes après une partie de basketball avec des collaborateurs et amis à Chicago.

«Le président a mené une campagne vigoureuse. Je crois qu'il est un homme bon», a déclaré de son côté Mitt Romney.